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Communiqué de presse · 7 décembre 2018

L’association SOS Méditerranée et leur partenaire Médecins sans frontières (MSF) ont annoncé jeudi 6 décembre la fin de l’affrètement du bateau citoyen l’Aquarius. Ce dernier naviguait depuis 2016 afin de secourir les migrant·e·s qui traversent la mer pour trouver refuge en Europe. En 230 opérations, ce sont près de 30'000 vies qui ont été sauvées, dont 6 bébés nés à bord.

Cette décision résulte des trop nombreux bâtons mis dans les roues de l’association depuis quelques mois. Rappelons que l’Aquarius était à quai à Marseille suite aux manœuvres politiques le privant par deux fois de son pavillon (Gibraltar puis Panama), indispensable pour naviguer. Malgré la pression de nombreux·euses citoyen·ne·s, aucun pays n’a eu le courage d’offrir un pavillon à ses couleurs pour permettre au navire de repartir en mer.

Par ailleurs, lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre du navire. Sous prétexte de vérifier l’existence de déchets potentiellement toxiques, l’Italie de Salvini a montré une fois de plus sa capacité à entraver la capacité des organisations humanitaires de mener des opérations vitales de secours en mer.

 

La Suisse aussi se débine

Le Conseil fédéral, auquel une pétition demandant l’octroi du pavillon helvétique à l'Aquarius avait été récemment remise, a annoncé cette semaine qu’il ne délivrerait pas cette bannière. Au prétexte de ne pas entraver la «bonne coopération entre les Etats», la Suisse préfère regarder des gens se noyer. Alors que l’on «fête» les 10 ans des Accords de Dublin, cet argument sonne comme une bien mauvaise excuse. En effet, ceux-ci permettent à la Suisse de procéder à des renvois systématiques vers les pays du Sud de l'Europe, qui doivent de fait assumer l'essentiel de l'accueil des migrant·e·s, dans des conditions souvent déplorables.

Si l’on ne peut guère s’étonner que l’extrême-droite de Matteo Salvini ait encore durci la politique anti-migrant·e·s en Italie, il est inacceptable qu’une Conseillère fédérale issue du Parti Socialiste suisse, en charge du Secrétariat d’Etat aux migrations, participe collégialement à une décision qui entrave une action humanitaire de sauvetage en mer, et ce d’autant plus que cette même Conseillère fédérale mène une politique qui réduit l’accueil sur le territoire et qui procéde à un maximum de renvois!

 

Pendant ce temps-là, les bateaux coulent toujours

L’Aquarius était une lueur d’espoir pour les personnes en exil ; il était aussi l’une des preuves de l’existence d’une opposition face à l’Europe forteresse, à la criminalisation des exilé·e·s et au laisser-faire face aux milliers de décès en mer. Nous espérons vivement qu’un jour ou l’autre, les dirigeant·e·s européens, y compris suisses, auront à répondre du massacre qui se déroule depuis plusieurs années en Méditerranée. Ce jour-là, ils·elles devront aussi assumer le fait d’avoir empêché une association humanitaire de simplement porter assistance aux personnes en détresse.

En attendant, face aux milliers de vies humaines en danger – depuis le début de l’année 2018, pas moins de 2100 personnes se sont noyées! –, SOS Méditerranée et MSF promettent de repartir en mer dès qu’un autre bateau sera à leur disposition. Nous les soutenons dans leur lutte. Renoncer n’est pas une option!

 

Contact: Aude Martenot