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Les résultats des élections au Conseil national sont sous toit, y compris pour le canton de Vaud, où ils ont été retardés par une panne informatique. Nous en évoquons ici les tendances principales.


Réalignement dans le camp bourgeois
Globalement, on observe un net recul de l’UDC, qui perd 8 sièges, mais aussi du PLR et du PDC, qui en perdent 5 et 3 respectivement. De leur côté, les Verts en abandonnent 5. En revanche, le PBD (scission de l’UDC) entre au national en gagnant 9 sièges d’un coup, les Verts libéraux en gagnent 9 également pour former un groupe de 12 élu-e-s, le PSS gagne 3 sièges, la Lega/MCG, 2, et enfin, le PST ne récupère pas le siège de Josef Zisyadis.

Les deux grands pôles UDC et PLR/PDC sortent donc très nettement affaiblis de ce scrutin, tout comme les Verts. En revanche, le PSS se renforce un peu, tandis que les «dissidents» bourgeois (PBD et Verts libéraux) font un tabac, et que la droite populiste tessinoise et romande progresse.

Pour faire simple, on peut dire que la percée des «dissidents» bourgeois, abusivement appelée « centriste », fait un peu mieux que compenser le recul de l’UDC, du PLR et du PDC. Certes, les milieux économiques ont fait payer à l’UDC sa nouvelle initiative contre la libre circulation, mais les électeurs-trices populaires se sont sans doute aussi lassés du matraquage publicitaire de l’UDC contre « l’immigration », qui cache de plus en plus mal son programme violemment antisocial.

Genève, dans la foulée du vote national
Sur le plan genevois, le succès du MCG (9,7%) a été acquis sur le terrain de l’assurance maladie: à lui seul, Mauro Poggia a glané plus de 0,5% pour son parti sur les autres listes. En revanche, l’UDC a fait un plongeon de 5%, même si elle garde de justesse ses deux sièges.

Par ailleurs, les autres grandes tendances nationales se confirment: recul marqué du PLR (-3,9%), compensé en grande partie par l’émergence des Verts libéraux (3,2%) ; maintien du PSG (exactement le même score de 19,1%) et recul de 2,4 % des Verts (14%).

Stagnation à la gauche de la gauche
Dans le canton de Vaud, l’unique siège national de la gauche de la gauche, est perdu de justesse, les deux listes sous-apparentées de solidaritéS (1,8%) et du POP (2,1 %), au coude à coude (ce qui est nouveau) n’atteignent pas ensemble le niveau nécessaire pour décrocher un siège. Le siège perdu profite - comme à Genève - au PS, qui rafle également un siège aux Verts.

A Genève, le résultat des deux listes d’Ensemble à Gauche (5,21%) n’est certes pas négligeable, compte tenu de la présence de deux listes concurrentes, celle du PdT (1,28%) et de la Gauche combative (0,79%). Ensemble, elles représentent un potentiel de 7,3% qui aurait pu décrocher un siège. Mais le PdT, comme en 2007 déjà, et la «Gauche combative» en ont décidé autrement en refusant tout sous-apparentement de nos listes.

En 2007, «A Gauche Toute !» n’avait obtenu que 4,9% des suffrages (avec les ténors de solidaritéS et Christian Grobet ensemble), le PdT, 1,86% et Les Communistes, 0,74%, soit un total de 7,5%. Et il y a 4 ans, le Parti pirate (0,9% en 2011) n’était pas en lice.

Quelles leçons pour l’avenir ?
En vue des élections au Grand Conseil 2013, il n’y a pas d’autre option raisonnable que la présentation d’une seule liste à la gauche de la gauche, avec l’ensemble de ses militant-e-s, dans leur diversité, mais en donnant toute leur place aux principales forces vives qui la composent, notamment à solidaritéS. Il n’existe en effet aucune possibilité de sous-apparentement au plan cantonal.

Cependant, cette unité ne sera gagnante que si elle est capable de se renforcer en s’élargissant à des force nouvelles, dès les mois qui viennent, autour des principales batailles qui nous attendent sur le terrain : salaire minimum, renforcement de la lutte contre le dumping salarial, refus de la suppression du RMCAS, défense des services publics, rejet des restrictions du droit de manifester, etc.

Jean Batou