Grand Conseil

Date: 7 décembre 2010

Interpellation augmentée par son auteur, Theo Buss, député solidaritéS au Grand Conseil

 

 

 

À l'origine, les états généraux étaient utilisés par les monarques français, dans l'Ancien Régime, pour obtenir le soutien de leurs sujets de marque dans des moments difficiles. A la Révolution de 1789, les états généraux se réformèrent, et doublèrent la représentation du tiers état. Celui-ci réussit ensuite à s'imposer et les états généraux se constituèrent en Assemblée nationale. Plus récemment, les états généraux sont devenus de vastes formes de consultation de la citoyenneté sur des sujets précis. Donc un instrument de la démocratie.

 

 

Les états généraux de l'Energie, célébrés le 13 novembre sur invitation du Conseil d'Etat, plus qu'un forum de consultation, ont davantage pris la tournure d'une proclamation de la Vulgate du gouvernement et des lobbies de l'énergie. Il suffit de consulter la liste des orateurs – avec l'exception notable du professeur Martin Beniston – et les stands des organismes de l'énergie représentés. Qui a vu la voix des opposants au nucléaire, pour ne relever que cet exemple?

 

 

Le Conseil d'Etat serait-il disposé à renouveler l'expérience, en choisissant cette fois une formule participative (et non un débat limité, le matin, à un nombre très limité de questions, et des ateliers, l'après-midi, « sur invitation »), avec une invitation égale des partisans d'un nouvelle Centrale à Cornaux (pour faire court) et des défenseurs d'une écologie « conséquente », y compris des objecteurs de croissance?

 

 

Nous estimons en effet que la problématique de l'énergie n'est pas l'apanage des savants, des professeurs de l'université, des EPFs et des directeurs de centrales nucléaires, mais qu'il appartient au peuple de participer à ce débat de société, qui constitue un choix crucial pour notre avenir à tous. Une version élitiste des états généraux n'est pas à même de réaliser un dialogue véritable. Il y faudra une invitation en bonne et due forme des courants non convaincus de l'évolution actuelle de la politique de l'énergie en Suisse.

 

 

Quelques propositions sur la voie de

 

 

L A D E C R O I S S A N C E

 

 

 

 

Le déclic

 

 

Pendant longtemps, on nous a caché cette donnée fondamentale: en 2006, le monde a dépassé le sommet de la courbe de production de pétrole – dit pic de Hubbert , ou Pic pétrolier – selon le rapport 2010 de l'Agence internationale de l'environnement (World Energy Outlook, paru en novembre). Et on a très peu informé le public du fait que la prospection de nouveaux gisements non seulement stagne, mais produit moins de résultats. Depuis lors on recourt à des méthodes plus dangereuses, plus coûteuses et encore plus polluantes pour extraire du pétrole (sables bitumineux, forages de plus en plus profonds, qui sont une des raisons principales de la catastrophe sans précédent de la marée noire dans le Golfe du Mexique l'année dernière). Pendant ce temps, la quasi totalité des pays, dont la Suisse, augmentent leur consommation de pétrole... On sait que lorsqu'une courbe de croissance ou de décroissance est exponentielle, comme c'est le cas du pétrole, le changement est d'abord minime, voire imperceptible, mais ensuite la courbe s'accentue de plus en plus vite, et il n'est plus possible de l'arrêter avec des mesure de dernière minute. Voir l'équation du nénuphar, popularisée par Albert Jacquard. En d'autres mots, nous humains avons commencé la descente vertigineuse vers l'abîme, à moins de prendre des mesures immédiates. Nous avons la possibilité de les prendre sur le plan régional, sans attendre que les nations riches se mettent d'accord (cf. Le nouvel échec à Cancún, 29 novembre – 11 décembre 2010).

 

 

Villes en transition

 

 

Préparer aujourd'hui un monde sans pétrole, tel est l'objectif du mouvement des Villes en transition. La première à passer à l'acte fut Totnes (entre Torquay et Plymouth, en Cornouailles), en 2006. En 2010, on comptait déjà plus de 250 initiatives de transition dans une quinzaine de pays (cf. Transition network). Ces expériences sont liées à la « permaculture », une culture permanente à l'échelon local. Le Guide des initiatives de Transition table également sur la résilience, définie comme la capacité d'un système social à encaisser sans s'effondrer un choc, et à repartir sur un nouveau pied. On trouve une description de ce mouvement dans « Le Courrier » , 31.7.10.

 

 

Mesures concrètes

 

 

« Dix propositions politiques radicales: 1 – Promotion des monnaies locales et sans intérêt. 2 – La mise en oeuvre de la semaine de trois jours. 3 – Moratoire sur les méga-infrastructures. 4 – Réduction de la publicité. 5 – Limiter les recours aux ressources naturelles stockées dans le sous-sol. 6 – Réutilisation des maisons vides et cohabitat. 7 – Revenu inconditionnel. 8 – Revenu maximum. 9 – Fabriquer l'innovation frugale. 10 – De nouveaux statuts pour l'action collective à but non lucratif. » (231)

 

(Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider: La décroissance – 10 questions, 2010)

 

 

« Application de l'ordonnance de 1944 du Conseil national de la Résistance sur la presse, relocalisation de l'économie fondée sur de petites entités, démantèlement des multinationales, sortie progressive de l'automobile, renforcement des TER au détriment des TGV, sortie des énergies fossiles, fin des zones pavillonnaires, instauration d'un "revenu maximum autorisé" (RMA) à hauteur de quatre fois le SMIC, interdiction de posséder plus de deux logements, gouvernement démocratique de la recherche scientifique professionnelle. "Gratuité (ou rabais) pour les usages" : piscines municipales, transports collectifs, etc. "Renchérissement des mésusages": piscines particulières, transports privés polluants, le jetable, le low cost, le hors-sol, le désaisonnalisé, etc. »

 

(Programme de Vincent Cheynet lors des élections législatives en 2007 dans le Rhône)

 

 

Transformer les routes très larges et les autoroutes en chemins de fer, pistes cyclables, jardins urbains et villageois. Réorienter la recherche scientifique vers des objets véritablement utiles aux citoyens, et non aux multinationales. Fin du sport professionnel, au profit du sport amateur, interdiction des sports et des loisirs motorisés...

 

(Vincent Cheynet et Paul Ariès, fondateurs en France du Journal de la décroissance et du Parti de la Décroissance)

 

 

Re-localisation de l'agriculture. Voir, commenter et appliquer en groupes, quartiers et villages le film de Coline Serrault "Solutions locales pour un désordre global." (cf. Bibliographie). Là nous avons une série des propositions concrètes.

 

 

Ce film véhicule également un aspect "culturel", celui de la décentralisation et de l'auto-organisation. Ce ne sont pas les multinationales qui vont nourrir le monde. Il faut travailler localement, avec des solutions adaptées localement, réalisées à une échelle humainement gérable.

 

Si de nombreuses solutions locales fonctionnent, une solution globale fonctionnelle est également réalisable. Ce principe est aussi applicable dans d'autres domaines: décentralisation, auto-organisation, travail à une échelle qu'il est possible de mettre en oeuvre simplement; et, plus largement, application à la gouvernance, à l'énergie, à l'agriculture, à l'urbanisme, aux monnaies... toutes choses à mettre au service d'une démocratie plus proche dans les domaines qui concernent tout le monde.

 

 

L'effet rebond

 

 

Exemple. Une famille essaie de faire tous ses déplacements en vélo ou transports publics, et ne sort sa voiture modérément polluante qu'en cas de nécessité. A la fin de l'année, satisfaite de sa discipline, elle s'offre une semaine aux Maldives, effaçant du coude ce qu'elle a écrit de sa main (pour citer un dicton latino-américain). L'effet rebond se dit de tout élément qui va vers l'affaiblissement de mesures écologiques bonnes en elles-mêmes.

 

 

Formules brèves

 

 

« Decrescendo cantabile »

 

(titre de l'ouvrage de Jean-Claude Besson-Girard, 2005)

 

 

« Use de tout, n'abuse de rien. » Propose la voie de la modération: il n'y a aucun interdit. La réflexion est demandée pour chaque acte: où se situe l'abus, l'excès ? C'est la différence entre une croissance linéaire et une croissance exponentielle.

 

 

« Moins de biens, plus de liens. » Proposer le détachement des biens matériels, au profit de liens humains, environnementaux, c'est faire la promotion des valeurs de partage et de coopération.

 

 

« Ce ne sont pas les humains qui sont trop nombreux, mais les automobilistes. » (p. 122)

 

 

« Pour que les pauvres soient plus riches, les riches devront être plus pauvres. » (p. 198)

 

 

« La promotion des "bio"-carburants s'est très rapidement traduite par une croissance de la faim. » (p. 199) (trois citations de Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider: La décroissance – 10 questions, 2010)

 

 

Décroissance sélective, joyeuse, qualitative, équitable, conviviale, soutenable, durable, réfléchie...

 

(sources diverses)

 

Une décroissance sélective, cela peut vouloir dire que les uns – en particulier nous, dans les pays du Nord – seront obligés, suite au renchérissement des matières premières, à la raréfaction généralisée des ressources (exemple: le poisson) et à l'augmentation de la pollution, à décroître jusqu'à revenir au niveau de consommation des années 60, tandis que d'autres pays – particulièrement en Afrique – pourront croître jusqu'à atteindre un niveau de vie permettant enfin à leur population de ne pas mourir de faim et de maladies aisément curables.

 

 

« Sauver le climat est incompatible avec le capitalisme. »

 

(Une banderole des manifestants altermondialistes lors du G-20 de Londres, avril 2009)

 

 

« C'est le mythe de la croissance qu'il nous faut déconstruire », en d'autres termes « démythologiser ».

 

(Olivier Abel: Pour une géo-éthique, in Revue Foi et Vie, décembre 2006, p. 86, 89)

 

 

« Small is beautiful » [Une société à la mesure de l'homme, Seuil, Paris, 1978] est le titre d'un livre de l'économiste britannique (né en Allemagne) Ernst F. Schumacher paru en 1973. Il fut non seulement un bestseller, mais The Times Literary Supplement l'a classé parmi les 100 ouvrages les plus influents depuis la seconde Guerre mondiale . Il reste d'une actualité brûlante, au moment où les objecteurs de croissance (re)découvrent que l'avenir est dans la transformation de la société à partir de petites unités (30'000 citoyens, au plus, préconisent des auteurs comme Cornelius Castoriadis,Takis Fotopoulos, Serge Latouche). Schumacher, un grand gentleman énergique et dégingandé, avait fait il y a 37 ans cette affirmation prophétique: « Notre économie est la moins efficace que l'histoire ait jamais connue. »

 

(Bayon, Flipo, Schneider: op. cit., p. 137)

 

 

Argumentation

 

 

Le développement durable, issu des pays du Nord, est un concept aujourd'hui vidé de sa substance. En 1983 est constituée la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, dirigée par Gro Harlem Brundtland, l'ancienne première ministre norvégienne. La Commission rend en 1987 son rapport « Notre avenir à tous » - plus connu sous le nom de « Rapport Brundtland » - qui consacre l'idée de développement durable, et le définit comme suit: c'est un « développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Si on avait mis en pratique la résolution des « besoins des plus démunis », le rapport eût été utile. Mais tant le Sommet de la Terre en 1992 à Rio – avec son fameux Agenda 21 - que le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, en 2002, ne purent que constater l'incapacité des pays riches à passer à la mise en oeuvre de textes qui sont toujours d'une brûlante actualité. Alors que la « Convention sur la diversité biologique » et « l'Agenda 21 » de Rio avaient été approuvés par les ministres de l'Environnement, ce sont les ministres des Affaires étrangères et de l'Economie qui portent la responsabilité de l'échec de Jo'burg, où les premiers avaient quasi disparu. Aujourd'hui le terme de développement durable est galvaudé et vidé de sa substance, utilisé qu'il est dans la propagande de multinationales en réalité adversaires des objectifs de Rio.

 

Mais il y a pire que ces échecs: l'apparente incapacité des pays riches – au nombre desquels on peut compter, à ce sujet, la Chine et l'Inde – d'apprendre des échecs antérieurs. Aux sommets de Copenhague (décembre 2009) et de Cancún (mentionné plus haut), les plus de 190 pays réunis ont échoué dans leur tentative de fixer des mesures contraignantes pour tous les pays afin d'éviter l'émission de gaz à effet de serre et limiter la hausse de la température à 2°. Un seul pays a voté non à Cancún, la Bolivie, parce qu'elle voulait aller beaucoup plus loin que ne l'admettaient les pays puissants – et, dans l'ombre, les compagnies transnationales - qui ont bloqué cette avancée.1

 

 

« Au moment précis où l'unanimité se manifeste pour sauver la planète, une quasi-unanimité s'exprime aussi en faveur d'une reprise de la croissance... (...) La majorité des populations résiste farouchement à la remise en cause de leur mode de vie, considéré comme un acquis dans le cadre d'un progrès à sens unique, perçu comme un droit... De fait, la mégamachine à délocaliser, déterritorialiser, déculturer et détruire l'éco-système continue inexorablement son travail, aidée par les institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OMC) comme par Bruxelles et les Etats qui démantèlent les service publics, privatisent les biens communs et dérégulent à tour de bras tout ce qui peut encore l'être... »

 

(Serge Latouche: Le pari de la décroissance, 2006, p. 257)

 

Concrètement, dans l'Arc jurassien, nous constatons dans la même ligne une levée de boucliers contre l'installation d'éoliennes. Pour faire bref: on veut bien que des éoliennes soient installées, mais seulement si c'est chez les autres, et surtout pas chez nous. Ces opposants font comme si une énergie sans défauts existait...

 

 

Sous le titre « Organiser une société de "décroissance" sereine et conviviale au Nord et au Sud », Serge Latouche – dans la deuxième partie de son ouvrage - mentionne une série d'autres re/ré-/r- : ralentir, réutiliser, recycler, restructurer, redistribuer, relocaliser, renaissance du local, renoncer, réduire (description détaillée, cf. 213-236), réhabiliter, réinventer, restituer, rendre, racheter, rembourser... (ibidem, p. 151-240)

 

 

« Aucun partisan de la décroissance ne s'est jamais prononcé en faveur d'une décroissance uniforme des consommations de ressources (...) sur l'ensemble des territoires du globe comme certains leur en prêtent l'intention. »

 

(Bayon, Flipo, Schneider: op. cit., p. 191)

 

 

« Le rapport du capitaliste à l'environnement est déterminé par la recherche du profit à court terme et son habileté à en faire payer les frais par d'autres. »

 

(Andrew Feenberg: Le mouvement écologiste et la politique technologique, in Michaël Löwy: Ecologie et socialisme, Syllepse, Paris, 2006)

 

Voir aussi les films d'Erwin Wagenhofer, cf. Bibliographie, documents et films.

 

 

Spiritualité

 

 

Divers auteurs estiment que sans spiritualité, la décroissance est irréalisable. A commencer par Serge Latouche, qui s'affirme – dans le contexte français – comme laïc et athée. En même temps, il cite un journal qui l'a présenté comme « un païen qui a la foi »! « Il est certain que la construction d'une société de décroissance ne se fera pas sans un certain réenchantement nouveau du monde. »

 

 

(...) Quelques jours avant son assassinat, le poète et cinéaste communiste italien Pier Paolo Pasolini conjurait l'Eglise catholique dans le Corriere della Sera d'être "le guide grandiose et non autoritaire de tous ceux qui refusent le nouveau pouvoir consumériste, lequel est irréligieux, totalitaire, violent, faussement tolérant, voire même plus répressif que jamais, corrupteur et dégradant."

 

(in Serge Latouche, op. cit., p. 282)

 

 

« La révolution intérieure est une condition nécessaire pour mettre fin aux désordres qui agitent le monde de manière croissante. L'action non violente et déterminée, à la suite de Gandhi, est la seule voie pour rétablir un progrès qui ne soit pas seulement celui des forces aveugles de la technologie. La « simplicité volontaire », à la suite de François d'Assise, n'est pas une manière de se restreindre

 

ou de se priver mais une façon de "s'alléger" afin de laisser venir à soi un sens plus profond, moins superficiel que celui qui anime l'incessant ballet des choses ordinaires. Pierre Rabhi – mais aussi Majid Rahnema - distingue ainsi la misère spirituelle et sociale de la pauvreté matérielle qui, elle, peut être la source d'une plus grande joie... »

 

(Bayon, Flipo, Schneider: op. cit., p. 56s)

 

 

Pistes

 

 

Ouvrages pour continuer la recherche et l'engagement (voir aussi Bibliographie, sites et films):

 

ᴥ Majid Rahnema et Jean Robert: La puissance des pauvres, Actes Sud, 2008

 

ᴥ De Naomi Klein, journaliste et militante canadienne:

 

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No Logo – La tyrannie des marques, Actes Sud, 2001

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La stratégie du choc – La montée d'un capitalisme du désastre, Actes Sud, 2007.

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Film en DVD: La stratégie du choc, par Michael Winterbottom et Mat Whitecross, Ed. Montparnasse, 2010

 

 

Revues: - Durable: La Revue Durable est une revue de vulgarisation francophone sur l'écologie et le développement durable. Elle intervient sur tous les thèmes d'actualité qui relèvent de ces domaines : maîtrise de l'énergie, économies d'énergie, énergies renouvelables, réchauffement du climat, changements climatiques, agriculture durable, commerce équitable, agriculture paysanne, préservation des sols, de la biodiversité et des forêts, agriculture biologique, protection du littoral, qualité de l'eau, architecture et urbanisme durables, qualité thermique des bâtiments, aménagement de l'espace public en faveur d'une mobilité douce et des transports publics, maîtrise des déchets, empreinte écologique, écologie industrielle, décroissance des flux de matières, etc.

 

Disponible en librairie et dans quelques magasins alternatifs.

 

- L'Ecologiste, édition française de The Ecologist, fondée par Teddy Goldsmith; en vente dans les kiosques et points de vente de plusieurs pays; sinon, à commander sur le site internet L'Ecologiste. - - MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), deux numéros par an. Revue fondée en 1981 par Alain Caillé. Editeur: La Découverte. Voir www.revuedumauss.com

 

- Silence. La revue S!lence se veut un lien entre toutes celles et ceux qui pensent qu'aujourd'hui il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité. S!lence est gérée par une association indépendante de tout autre mouvement. N'est diffusée que par abonnement et dans un certain nombre de lieux en dépôt.

 

 

Réseaux d'échanges: Echange et savoir, Lopin bleu, La belle bleue, Potagers de Fontaine-André, Jardins de cocagne, easyswap, reseau-solidarite.ch, Vision 35, ader... Liste à compléter!

 

 

 

 

1« Selon les propres rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), limiter l'augmentation de la température à 2° C ne nous donne qu'une chance sur deux de préserver la vie sur la planète d'impacts irréversibles. Personne n'enverrait son enfant dans un avion qui n'a que 50% de chances d'atterrir, et pourtant c'est ce risque que nous demande d'accepter l'accord de Cancún. » Citation tirée de l'article « Pourquoi la Bolivie a dit non », Le Courrier, 18.1.11.

 

 

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Hommage à la sagacité des pionniers

 

 

RECOMMANDATIONS DES AUTEURS DES TROIS LIVRES SUR

 

 

« LES LIMITES DE LA CROISSANCE » (1972) *, (1992)** et (2004)***

 

 

 

Les premiers savants à avoir prédit et mis en garde l'humanité au sujet du cataclysme planétaire qu'entraînerait une croissance continue furent Donella et Dennis Meadows, Jörgen Randers et William Behrens, en 1972, dans leur mémorable Rapport au Club de Rome*. Pour construire un modèle d'interaction mondial, ces quatre auteurs avaient choisi de travailler à partir de cinq éléments: population, production agricole, production industrielle, épuisement des ressources naturelles et pollution. Ils avaient prévu de très graves crises mondiales. Leurs divers modèles de simulation du monde se terminaient par l'effondrement de la population, car la croissance de la population et des investissements économiques conduisent au cataclisme de notre terre.

 

 

Dans la préface à l'édition française, intitulée Halte à la croissance? *, Jeanine Delaunay mentionnait déjà l'équation du nénuphar (reprise par Albert Jacquard 26 ans plus tard), qu'elle appellait « le nénuphar qui tue ».

 

 

Alexander King, savant anglais, et Aurelio Peccei, industriel et humaniste italien, sont les fondateurs du Club de Rome (1967). Le second mettait en garde contre « la vache sacrée de la croissance ». En 1981, il préconisait un système de valeurs basé sur des motivations spirituelles, éthiques, philosophiques, sociales, politiques, esthétiques, artistiques. Et il mentionnait l'amour, l'amitié, la compréhension, la solidarité, l'esprit de sacrifice, la convivialité.

 

 

Dans leur deuxième ouvrage**, en1992, les trois auteurs qui continuent leurs investigations nous avertissent: le monde dépasse de 20% les limites de la capacité d'absorption et des ressources de la terre (overshooting, p. XIV). [Aujourd'hui, nous dépassons ces limites de plus de 30%].

 

 

Comme toujours, estiment les auteurs, « la croissance a approfondi le fossé entre les riches et les pauvres » (p. 43s), et « La croissance ne comblera jamais ce fossé ». Ils proposent 7 méthodes simples pour économiser l'eau, dont: récolter à grande échelle et utiliser de l'eau « grise » (de pluie) – collectée par les toits et chenaux – pour le jardinage et les WC, réparer les fuites d'eau (¼ de l'eau perdue en fuites aux Etats-Unis), etc. (p. 73). Ils ont aussi étudié 5 méthodes pour économiser le bois: recycler le papier (comme aux Pays-Bas, 96%), récupération à grande échelle de la sciure, fours à bois à haute efficacité (économiserait le bois et la main-d'oeuvre, diminuerait la pollution), réduire la pub dans les boîtes aux lettres, les expositions commerciales, ainsi que les emballages, etc.

 

(p. 80-82)

 

 

Une méthode simple pour économiser les ressources de la terre: doubler la vie des produits industriels (couperait immédiatement de 50% la production d'énergie, la pollution et la consommation). (p. 102)

 

 

Il est possible de diminuer la pollution. Démonstration pour le césium, le plomb et le DDT (p. 109). Après les mesures prises sur le plan international dans les années 90, la couche d'ozone sera reconstituée comme avant autour de 2050. Il aura fallu 26 ans pour prendre des mesures drastiques! (p. 109, 198) La mise en place de nouvelles technologies prend autour de 20 ans (p. 209).

 

 

Donella Meadows: « Au cours de ma vie, la moitié des forêts du globe a été anéantie. » Cette scientifique a marqué de son empreinte le troisième ouvrage (2004)***, dont elle est l'auteure principale, même si elle est décédée avant la parution en librairie. C'est en partie grâce à elle qu'on trouve des valeurs non matérielles – justice, beauté, communauté, durabilité, humilité - parmi les « cinq outils » proposés par les trois auteurs: Imagination (visioning), travailler en réseaux (networking), dire la vérité (truth-telling), diffusion et apprentissage (learning), amour (loving).

 

 

« L'individualisme et les mesures à court terme sont les plus graves problèmes du système social dominant, et la première cause de la non durabilité. L'amour et la compassion, institutionnalisés dans des solutions communautaires, constituent la meilleure alternative. » Critique au passage de l'ignorance « des dirigeants du monde, qui ont perdu en cours de route l'habitude et la liberté d'apprendre. Ils ne savent pas mieux que quiconque comment élaborer une société juste et durable; la plupart ne savent même pas qu'il est nécessaire de le faire. »

 

 

La destruction des fonds de pêche est un des exemples les plus épouvantables et catastrophiques de l'âpreté au gain: on n'a tenu absolument aucun compte des limites (morue, thon rouge, saumon, homard, etc. sont en perdition). [Récemment, le WWF a calculé que les 40% du produit de la pêche sont gaspillés par les « prises accessoires » de poissons non commercialisés, de reptiles (tortues), d'oiseaux (albatros, etc.), de mammifères (dauphins), etc.]. La vitesse à laquelle les océans se polluent et s'acidifient est une tragédie planétaire.

 

 

Il est urgent d'inclure les conséquences sociales et écologiques (effets extérieurs) pour fixer le prix de tous les produits, et en particulier des carburants: l'exemple le plus scandaleux est le kérosène, carburant de la navigation aérienne, sur lequel les compagnies et les armées ne paient pas de taxes. (p. 272-284 du troisième ouvrage)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Donella Meadows, Dennis Meadows, Jörgen Randers, William Behrens III: The Limits to Growth, A Report to the Club of Rome's Project on the Predicament of Mankind, A Potomac Associates Book, Universe Books, New York, 1972 (205 p.). Traduction française: Halte à la croissance? Fayard, 1972, 314 p. (traduit à l'époque en 30 langues et vendu en 12 millions d'exemplaires)

 

** Beyond the Limits (Au-delà des limites), Confronting Global Collapse, Envisioning a Sustainable Future,1992 (pas de traduction française)

 

*** Donella Meadows (†), Dennis Meadows, Jörgen Randers: Limits to Growth, The 30-year Update (La mise à jour, 30 ans après), Chelsea Green Publishing Company, White River Junction, Vermont, 2004, 338 p. (pas de version française).

 

 

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P E T I T E B I B L I O G R A P H I E D E C R O I S S A N C E

 

 

 

*

 

Olivier Abel: L'amour des ennemis, Albin Michel, Paris, 2002

*

 

Paul Ariès: La décroissance, un nouveau projet politique, Golias, Villeurbanne, 2007

*

 

Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider: La Décroissance – 10 questions pour comprendre et en débattre, Cahiers libres, La Découverte, Paris, 2010

*

 

Jean-Paul Besset: Comment ne plus être progressiste... sans devenir réactionnaire, Fayard, Paris, 2005

*

 

Jean-Claude Besson-Girard: Decrescendo Cantabile, Petit manuel pour une décroissance harmonique, Parangon, Lyon, 2005

*

 

Cornelius Castoriadis: Une société à la dérive, Entretiens et débats 1974, Coll. La couleur des idées, Seuil, Paris, 2005

*

 

Jean-Marie Chevalier: Les grandes batailles de l'énergie, Petit traité d'une économie violente, Folio actuel, 2004

*

 

Vincent Cheynet: Le choc de la décroissance, Seuil, Paris, 2008

*

 

Nicholas Georgescu-Roegen: La décroissance, Sang de la terre, Paris, 19791, 2006

*

 

André Gorz: Capitalisme, socialisme, écologie. Désorientations, orientations, Galilée, Paris, 1991

*

 

Jean-Marie Harribey: Raconte-moi la crise, Le Bord de l'eau, 2009

*

 

François Houtart Lemercinier: L'énergie et la culture, L'Harmattan, 2009

*

 

Ivan Illich: Oeuvres complètes, Fayard, Paris, Tomes 1 & 2, 2004, 2005

*

 

Serge Latouche: Le pari de la décroissance, Fayard, Paris, 2006

 

Petit traité de la décroissance sereine, Mille et une nuits, Paris, 2007

 

*

 

Stéphane Lavignotte: La décroissance est-elle souhaitable? Ed. Textuel, Paris, 2009

*

 

Amin Maalouf: Le dérèglement du monde, essai, Grasset, 2009

 

*

 

Raimon Panikkar: « Alternative à la culture moderne », Interculture (Montréal), N° 77, 1982

 

*

 

Majid Rahnema: Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard/Actes Sud, Paris, 2004

*

 

Gilbert Rist: Le développement, Histoire d'une croyance occidentale, Presses de Sciences po, Paris, 19961, 20012, 20073

*

 

Arundathy Roy: « Défaire le développement, sauver le climat », L'Ecologiste, N° 6, 2001

*

 

Michel Serres: Le temps des crises, Le Pommier, coll. « Manifestes! », Paris, 2009

*

 

Vandana Shiva: Le Terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament le tiers-monde, Fayard, Paris, 2001

*

 

Vers une éthique du pétrole, Foi et vie, Revue de culture protestante, décembre 2006. En particulier les articles de Stéphane Lavignotte: Croître et décroître, et d'Olivier Abel: Pour une géo-éthique.

*

 

Les Indiens Kogis, La mémoire des possibles, sous la direction d'Eric Julien et Muriel Fifils, Préface de Jean-Marie Pelt, Actes Sud, 2009

*

 

Naomi Klein: La Stratégie du choc : La montée d'un capitalisme du désastre, Actes Sud, 2008

 

 

 

Sites

 

 

http://www.ladecroissance.net/ (journal La décroissance)

 

http://decroissance.org/ (Institut d'études économiques et sociales pour la décroissance soutenable)

 

http://decroissance.ch/index.php/Bibliographie

 

http://www.decroissance.info/ (Site coopératif)

 

http://www.immediat.tv

 

http://www.partipourladecroissance.net

 

http://fr.ekopedia.org

 

http://www.les-oc.info/ (site du Mouvement Les objecteurs de croissance)

 

http://www.les-renseignements-genereux.org

 

http://contretemps.eu/

 

http://ecorev.org/

 

 

 

Bibliographie personnelle de Mathieu Despont, cf. http://martouf.ch/document/258-.html

 

Sommaire du cours « La décroissance, ça t'effraie? », cf.

 

http://martouf.ch/document/248-la-decroissance-un-nouveau-projet-de-societe.html

 

 

 

Films

 

 

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Coline Serrault: Solutions locales pour un désordre global, avec Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, Serge Latouche, etc. 2009

 

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Deux documentaires d'Erwin Wagenhofer: We feed the world, ou Comment l'industrie alimentaire mondialisée affame le Tiers-Monde, 2007

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id.: Let's make money, ou Faire des bénéfices à tout prix, 2008

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Richard Brouillette: L'encerclement, La démocratie dans les rets du néolibéralisme, réalisé au Québec avec, entre autres, Ignacio Ramonet, Noam Chomsky, Susan George, Normand Baillargeon, Michel Chossudovsky, 2008

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Michael Moore: Capitalism – A Love Story, 2009

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Jean-Stéphane Bron: Cleveland contre Wall Street, Documentaire, 2010

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Yves Billy et Richard Prost: Vers un crash alimentaire, Andanafilms

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Ananda et Dominique Guillet: Le Titanic apicole, 3 DVD, distr. Kokopelli

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Cyril Peyramond: Gold Men, résistants pour la Terre, Kanari films, 2009

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http://www.kultkino.ch/kultkino/besonderes/le_revenu_de_base_film_francaise