Salaire minimum : une campagne essentielle

solidaritéS regrette fortement qu'une si large partie des électeurs en Suisse ait refusé l’initiative pour le droit à un salaire minimum : une mesure qui pourtant mettrait fin au dumping salarial, au scandale des working-poor et d’une répartition toujours plus injuste des richesses. Malheureusement, il semble que le vote d'aujourd'hui confirme la tendance ouverte par le scrutin du 9 février qui prétend réguler le dumping salarial par la fermeture des frontières !

 

Une fois encore, la campagne des opposants, emmenée par les associations représentatives des milieux patronaux et financiers, a été d'une telle ampleur, tant financièrement que médiatiquement, que les chances des initiants étaient faibles. Cette campagne basée sur la peur et le catastrophisme a malheureusement trouvé un écho parmi la population qui a voté en faveur des intérêts patronaux.

Les bas salaires : une vérité qu’on ne peut plus ignorer

Cependant, il convient aussi de faire un juste bilan du lancement de cette initiative et de la campagne qui a suivi et qui ne peut et ne doit pas s'arrêter aux seuls résultats. En effet, ce moment politique a été une opportunité d'éclairer un certain nombre de thématiques trop rarement présentes dans le débat public. Cette campagne a permis de mettre en lumière la réalité des bas salaires pour l'ensemble de la population. Nous avons pu thématiser cette question et celle du dumping salarial, à travers nombre de dénonciations (Sonnig, C&A, Starbucks, etc.) et éclairer les conditions d'exploitation des travailleur·euses en Suisse, en particulier des femmes, qui représentent la grande majorité des bas salaires.

La répartition des richesses en question

Cette initiative a également permis de débattre d’une problématique centrale dans nos sociétés : la répartition des richesses. En démontrant que les employeurs qui sous-paient les travailleur·euses sont souvent les mêmes qui dégagent des profits toujours plus importants, mais aussi que les hauts salaires prennent l’ascenseur là où les bas salaires stagnent, voire sont en baisse, cette campagne a éclairé d’une lumière crue l’accroissement inacceptable des inégalités.

La campagne et la médiatisation de ces thématiques a également permis des avancées syndicales dans certaines branches notamment en poussant les salaires vers le haut.

Le score réalisé à Genève, un peu meilleur que la moyenne nationale, démontre que la campagne offensive menée localement, centrée sur la thématique du duping salarial, a rencontré un meilleur écho. En désignant clairement les responsabilités des millieux patronaux et la nécessité de mettre fin à la division des travailleurs, notre campagne a montré la pertinence de mettre en avant des solutions différentes que celles du 9 février. Malheureusement, l’illusion que ce vote contre la libre circulation aurait réglé les problèmes de dumping salarial (il n’en est rien, évidemment) a certainement joué dans le résultat d’aujourd’hui.

Nous rappelons aussi que cette campagne s'inscrit dans un tournant de la politique syndicale suisse qui reprend l'offensive au niveau national après l'avoir longtemps délaissé. Nous nous félicitons de ce changement de cap et nous appelons les forces syndicales et politiques à poursuivre ces combats particulièrement nécessaires pour occuper un espace politique actuellement largement dominé par les idées populistes et réactionnaires. Regagner du terrain sur ces questions nécessite un travail de longue haleine dont nous ne sommes qu’au début.

 

 

Gripen : une victoire contre le militarisme

En l’état des résultats à 16h, solidaritéS se réjouit fortement du rejet de l'achat des nouveaux avions de combat. Qu'une majorité des votants se soit clairement opposé à cette dépense de 10 milliards de francs représente une grande victoire pour la politique de paix et la démilitarisation.

En effet, le refus de cet achat absurde, n'est pas à mettre sur le compte d'une mauvaise campagne des partisans, qui ont d'ailleurs fortement investi pour défendre leur position, ni même sur le compte des « défauts » du Gripen, mais bel et bien sur la critique des réponses militaristes à la politique de sécurité et les dépenses militaires excessives.

La campagne menée conjointement avec le GSSA et d'autres formations, a mis en avant une affectation plus judicieuse de cet argent du contribuable, notamment en renforçant les politiques sociales et des projets civils d'utilité publique. En soutenant notre position, les votants ont exprimé leur volonté d'élargir la compréhension de la question de la sécurité et de prioriser les dépenses.

solidaritéS se réjouit de ce résultat et entend rappeler que les dépenses militaires doivent être diminuées afin de réallouer cet argent à des secteurs agissant réellement pour le sécurité de toutes et tous, notamment la santé publique, l'éducation et les politiques sociales et environnementales.