Élections nationales

Le programme sommairement tracé ici est notre boussole. C’est ce que nous défendrons au parlement si nous avons des élu·e·s, mais aussi dans la rue et dans toute la société pour que le monde change vraiment. A nous de nous organiser, pour résister avec tous les indigné·e·s à l’injustice et montrer qu’il existe une volonté pour construire une alternative sociale, féministe et écologiste au système capitaliste en crise. C’est le sens de notre participation aux élections fédérales.

 

Le travail est un droit

Nous voulons en finir avec la précarité. Nous appelons au rejet de toute augmentation du temps de travail que les employeurs tentent d’imposer sous prétexte de franc fort. S’il y a nécessité d’aide à une entreprise, elle doit être financée non par les salarié-e-s, mais par un impôt sur le capital, les bénéfices et les transactions financières ; elle doit aussi être remboursable et soumise à condition (contrôle de la comptabilité, signature et respect des conventions collectives, etc…). Nous nous engageons pour :

•un salaire minimum légal de 4000.-, avec possibilités de majorations cantonales ;

•l’extension du champ d’application des conventions collectives à des branches ou à des régions à la seule demande des syndicats ;

•lutter contre le dumping salarial par le renforcement massif des contrôles publics et syndicaux sur les lieux de travail ;

•la réduction du temps de travail : travaillons moins pour travailler toutes et tous !

•l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices ;

•la liberté syndicale et d’expression au sein des entreprises ;

•l’égalité femmes-hommes, notamment salariale.

La sécurité sociale pour vivre dignement

La crise met à mal les caisses de pension. C’est une opportunité de remettre en cause le choix désastreux, effectué il y a bientôt 40 ans, de développer un système de fonds de pension à l’anglo-saxonne,  soutenu alors par le Parti socialiste et les syndicats:

•fusion de l’AVS et des caisses de pension dans un système unique de pensions populaires, en garantissant les acquis de celles et ceux qui ont cotisé au 2e pilier ;

•assurance-chômage couvrant 520 jours à 80, % du dernier salaire ; suppression des mesures scandaleuses de la dernière révision ;

•arrêt des remises en cause des prestations AI ;

•assurance sociale regroupant l’assurance maladie, l’assurance perte de gains et l’AI, pour garantir à chacun-e une protection adéquate contre les atteintes à sa santé (garantie du revenu et prise en charge complète des frais médicaux) ;

•rentes adaptées au coût de la vie et à l’évolution des revenus.

La santé, garante d’une vie meilleure

La médecine a fait des progrès extraordinaires, qui permettent de vivre mieux et plus longtemps. Mais pour que ces progrès profitent au plus grand nombre, il ne faut pas réduire, mais développer le service public, et donc refuser sa privatisation rampante.

La santé est trop importante pour l’abandonner au marché :

•pour un réseau d’hôpitaux publics offrant des soins de base de qualité, à proximité des lieux de résidence, au service des patients ;

•pour le développement de la formation, la création d’emplois et la garantie de bonnes conditions de travail dans le secteur de la santé ;

•pour une caisse maladie unique, avec des primes en fonction du revenu.

La justice sociale a un coût : la fiscalité doit permettre une redistribution des revenus en faveur des plus démuni·e·s

Au niveau de la Confédération, et canton après canton, les impôts des entreprises (donc des gros actionnaires) et des citoyens les plus riches ont été réduits comme peau de chagrin. Cela doit cesser :

•imposition à un taux minimum de 30 % des revenus de plus de 200 000.- ;

•introduction d’un impôt fédéral sur les grandes fortunes supérieures à 2 millions ;

•imposition à un taux minimum de 25 % des bénéfices des entreprises ;

•impôt de 20 % sur les héritages en ligne directe de plus de 2 millions ;

•abolition de la pratique des forfaits fiscaux ;

•impôt sur les transactions financières et les opérations de change pour bloquer la spéculation.

Pour une égalité citoyenne respectueuse des différences

Il ne peut exister de communauté démocratique sans le respect des acquis universels des luttes sociales : égalité entre individus, refus du racisme – de l’antisémitisme comme de l’islamophobie –, refus des discriminations fondées sur le sexe, les croyances, les nationalités, l’orientation sexuelle…

Les droits doivent être les mêmes pour toutes et tous :

•régularisation de tous les sans-papiers ;

•nationalité accordée à tous les enfants nés sur le territoire ;

•droit à la naturalisation pour toute personne vivant en Suisse depuis 5 ans ;

•droit de vote et d’éligibilité aux niveaux communal et cantonal pour toutes celles et ceux qui vivent en Suisse ;

•libre circulation des personnes dans le cadre d’une législation qui protège l’ensemble des salarié·e·s contre le dumping salarial.

Les droits de l’homme concernent aussi  la politique d’asile

Dans un monde victime de la misère, de la guerre, des catastrophes climatiques, etc., il est illusoire de croire que la Suisse pourra se barricader et se contenter de rejeter celles et ceux qui ne lui conviennent pas. Pour une politique d’asile fondée sur le respect des droits des personnes :

•les requérant·e·s doivent avoir le droit de travailler ;

•fermetures des centres de rétention fédéraux et locaux ;

•non aux renvois forcés.

Pour une alternative écosocialiste

Nous refusons la politique dite de croissance qui n’est que la croissance des profits et de l’exploitation. L’économie, la production et la distribution des richesses doivent être mis au service de la satisfaction des besoins humains :

•arrêt définitif de la production d’énergie nucléaire ; fermeture immédiate des vieilles centrales les plus dangereuses (Mühleberg et Beznau) ;

•programme national d’économies d’énergie, d’isolation des bâtiments et de promotion du logement écologique ;

•programme d’investissements publics dans les énergies renouvelables ;

•développement des transports publics : baisse des tarifs CFF et gratuité des transports publics urbains ;

•souveraineté alimentaire et agriculture de proximité permettant aux agriculteurs et aux agricultrices de vivre et aux consommateurs et consommatrices de disposer d’une nourriture de qualité ;

•pour un contrôle social et démocratique des activités productives, visant la satisfaction des besoins fondamentaux de tous dans le respect des équilibres environnementaux.

L’armée coûte cher et ne sert (au mieux) à rien

La Suisse n’a aucun ennemi à ses frontières et les dépenses de défense nationale sont un gaspillage inutile. En vue d’abolir l’armée et de reconvertir l’industrie d’armements, nous nous engageons :

•à refuser les crédits militaires ;

•à interdire les exportations d’armes ;

•à refuser toute collaboration militaire avec les forces d’autres pays.

L’émancipation humaine passe par l’égalité et le respect entre femmes et hommes

Les luttes des femmes ont changé profondément notre manière d’appréhender le monde. Mais des inégalités subsistent et le libre choix de nos modes de vie n’est de loin pas garanti. Nous voulons que chacun-e puisse organiser sa vie personnelle librement, sans violence et dans le respect de l’égalité :

•mêmes droits pour toutes et tous à la formation, au travail, à la résidence, au logement, à la représentation politique ;

•égalité des salaires ;

•partage des tâches éducatives et domestiques ;

•participation financière des entreprises privées et publiques à des crèches et structures d’accueil de qualité, en nombre suffisant, à prix abordables ;

•liberté de vivre sa sexualité et de choisir son mode de vie, quelle que soit son orientation sexuelle ;

•avortement et contraception libres et gratuits ;

•allongement des congés maternité/parentaux et d’adoption ;

•protection et politique de prévention contre les violences au sein des couples.

La jeunesse est le monde de demain

Bien que scolarisés plus longtemps qu’auparavant, les jeunes sont aussi massivement précarisé·e·s. Beaucoup trop d’entre eux sont marginalisés, réduits à l’assistance sociale ou à la dépendance de leur famille. N’abandonner aucun·e jeune, tel est notre fil conducteur. Nous nous engageons donc à défendre :

•un droit à la formation garanti, quelle que soit la filière choisie ;

•un droit à une formation, un stage ou un emploi rémunérés aux conditions salariales usuelles du secteur ;

•un revenu de formation garantissant l’autonomie financière dès l’âge de 18 ans ;

•un droit à deux mois de vacances pour les apprenti·e·s ;

•l’initiative de l’UNES pour l’amélioration et l’uniformisation des bourses d’étude ;

•le droit des jeunes sans-papiers à suivre un apprentissage.

Une éducation riche et continue pour toutes et tous

L’éducation doit rester gratuite, de l’école enfantine à la formation professionnelle et à l’université. Elle ne doit pas se fixer un but utilitaire immédiat, mais explorer toutes les facettes de la connaissance pour développer une culture citoyenne commune :

•pas de classes au-dessus de 20 élèves jusqu’à la formation supérieure ;

•filière unique jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire ;

•pédagogie centrée sur l’apprentissage de l’élève et son accès à l’autonomie ;

•infrastructures d’accueil de qualité en vue d’une socialisation harmonieuse des enfants.

Se loger, un droit élémentaire

Le logement est un droit fondamental, il ne doit pas être source de profit. De larges secteurs de la population, en particulier les jeunes, ne trouvent pas un logement compatible avec leurs revenus et la localisation de leur lieu de travail ou d’étude :

•création de logements correspondant aux normes écologiques de pointe, de qualité et à des prix abordables par les communes et les cantons ;

•développement d’un fonds fédéral pour le logement et les coopératives, sous le contrôle des associations de locataires ;

•réquisition des immeubles vides en vue d’une rénovation douce.

Contre l’exploitation des plus pauvres :  coopération internationale

Face au grand désordre mondial, le protectionnisme des riches n’est pas la solution. Contre la concurrence généralisée entre les peuples, il faut aller vers une planification de l’économie mondiale fondée sur des accords de coopération et sur la mise en cause de l’échange inégal au détriment du Sud. Un tel bouleversement sera l’œuvre de l’intervention démocratique, révolutionnaire des milliards de femmes et d’hommes qui subissent aujourd’hui la loi d’un ordre économique injuste :

•soutien à la lutte pour la défense de la souveraineté économique et politique des pays dominés ;

•abolition du secret bancaire et restitution aux peuples spoliés de l’argent placé dans les banques suisses par des potentats corrompus ;

•augmentation du budget d’aide aux pays en développement ;

•abolition des dettes publiques des pays du Nord comme du Sud qui donnent au capital financier un pouvoir exorbitant sur nos vies ;

•transfert facilité de technologies écologiques vers les pays du Sud pour favoriser un développement respectueux de l’environnement.

La culture est un bien nécessaire

A l’heure de la crise globale, la culture permet de nourrir des liens sociaux fondés sur le dialogue. Elle est un atout fondamental pour résister à la déshumanisation et concevoir ensemble de nouveaux horizons de transformation sociale. La production et la consommation de biens matériels ne suffisent pas à donner sens à la vie, même dans une société fondée sur la coopération humaine et le respect de l’environnement. L’immatériel et le symbolique sont au coeur de toute civilisation digne de ce nom !

La crise va durer. Nos propositions sont l’ossature d’un programme de résistance sociale. Nos objectifs ne sont pas tous traités ici, mais ce sont là les grandes lignes de notre engagement : agir dans le but de défendre les intérêts du monde du travail et pour une politique sociale solidaire ; combattre ce système d’oppression et d’exploitation insupportable.


Contribution de solidaritéS Neuchâtel, publiée dans le journal solidaritéS n°194