tiré du journal solidaritéS n°196



On apprend par un communiqué du Conseil d’Etat que l’entreprise MIG Bank SA quitte Neuchâtel pour s’installer à Lausanne. MIG Bank, c’est 130 employé·e·s dont l’activité est centrée sur le négoce de devises en ligne, mais également sur le négoce des matières premières.

 

Sur son site internet, MIG Bank SA se présente ainsi : « une exécution des ordres en millisecondes, les conditions de trading les plus compétitives, des spreads les plus bas, des analyses techniques et encore bien d’autres avantages. Notre modèle révolutionnaire de transparence dans le trading vous garantit 100 % de transparence et d’absence de conflit d’intérêt dans l’exécution de vos ordres. Vous pouvez maintenant trader sur le marché des changes avec la sécurité d’une banque suisse, sans intervention de dealer, sans requote et aucune restriction sur vos choix de stratégie de trading. »

Traduit en français, cela signifie société très performante pour spéculer contre les Etats et affaiblir leurs économies.

Le Conseil d’Etat dit regretter le départ « d’une entreprise à haute valeur ajoutée », « malgré tous les efforts déployés ». Comme cette société ne produit rien, on en déduit que la haute valeur ajoutée est constituée par des hauts bénéfices.

Selon l’Express/Impartial du 1.10.2011 « Thierry Grosjean n’entend pas dévoiler s’il y a perte de substance fiscale pour le canton, ni, le cas échéant, quel est son montant. Cependant, des sources proches des milieux économiques estiment qu’elle est très peu importante. » Voilà qui tend à confirmer qu’ils ne payaient pas d’impôts.


Sommes-nous face à une société qui spécule contre le franc suisse avec le soutien des autorités ?


MIG Bank annonce un volume quotidien de négoce de 4 milliards de francs. Dans l’AGEFI du 20 avril dernier, il soutient même que son objectif est de « conserver au moins le même rythme de progression ».

Tous les spéculateurs ont joué contre le franc suisse. MIG Bank, comme les autres, assurément et de manière fort efficace. Face aux difficultés que cela a pu causer à certaines entreprises, les patrons se sont retournés contre les tra­vail­leurs·euses pour leur serrer la ceinture (augmentation des heures de travail non payées, salaires payés en euros, etc.). Dans le même temps, les spéculateurs, qui ont pignon sur rue, encaissent les bénéfices en se frottant les mains avec la bénédiction et le soutien de l’Etat.

Une taxe sur les transactions financières de 0.01 % rapporterait, rien que pour cette société, 100 millions de francs par année. Pour réduire la spéculation qui détruit les économies, il faudrait probablement un taux plus élevé. Hélas, tous les partis du consensus helvétique (du PS à l’UDC) revendiquent au contraire des mesures pour rendre encore plus attractive la place financière suisse.

Au niveau cantonal, la nouvelle loi sur la fiscalité des entreprises, voulue par les partis du consensus neuchâtelois (PS, PLR, UDC) est un cadeau invraisemblable à ces prédateurs. Reste la question que nous posons au Conseil d’Etat : cette société, dont il regrette le départ, bénéficiait-elle des généreuses mesures d’exonérations fiscales promues par le canton ? Payait-elle des impôts sur le bénéfice, ou le Conseil d’Etat se contentait-il de lever l’impôt des 130 salarié·e·s qui maintenant devront aller travailler à Lausanne s’ils veulent garder leur emploi ? Est-ce que le canton soutenait une entreprise qui spécule sur le franc suisse avec toutes ses conséquences sur le monde du travail ?


Henri Vuilliomenet