[article publié à l'origine dans le journal solidaritéS (n°165 (26/03/2010), p.15)]

Neuchâtel

Transports publics et mobilité douce


La modification de nos modes de déplacement est une nécessité de plus en plus acceptée. L’embouteillage des centres urbains, les pollutions multiples engendrées par la bagnole ne sont plus sérieusement contestés. C’est quand on aborde les mesures nécessaires pour résoudre ces difficultés et réduire les émissions nocives que les divergences apparaissent.

SolidaritéS articule son combat, pour des transports respectueux de l’humain et de l’environnement, autour de quatre objectifs : l’aménagement du territoire, essentiel pour se rendre sur les lieux de travail, de commerces et de service (santé, école…) sans avoir recours à la voiture ; le développement de transports publics gratuits; le déploiement d’un réseau de pistes cyclables urbain et interurbain, qui encourage à prendre le vélo pour se déplacer, malgré les obstacles topographiques propres à la région jurassienne ; le droit à la ville pour restituer aux piéton·nes les cités, en favorisant leur priorité, leur goût pour l’espace public, leur lieu de rencontres et de sociabilité. Nous défendons ce programme partout: il nécessite ténacité et détermination.

Petits pas en ville de Neuchâtel

Dernièrement, nous avons obtenu une petite avancée en ville de Neuchâtel.

Une majorité du Conseil Général s’est prononcée en février 2010 en faveur d’une proposition de POPVertsSol et du PS qui demandait que tous les habitant·e·s de la ville de Neuchâtel puissent acquérir un abonnement onde verte au tarif Junior/Senior. La subvention s’applique également à l’abonnement général CFF pour un même montant. Les abonnements mensuels bénéficient de subventionnement (c’est une nouveauté) qui correspond à un montant annuel de 135.-. Nous encourageons tous nos lecteur·trices utilateur·trices des TN avec abonnement et habitant la ville de Neuchâtel de s’adresser à l’administration pour bénéficier de cette subvention.

Nous avançons, et nous nous en réjouissons ; mais nous sommes encore loin de la gratuité telle que nous la souhaitons et loin aussi du postulat déposé en 2001 où nous demandions que  « La ville de Neuchâtel encourage l’achat d’abonnements annuels et mensuels de la communauté tarifaire « onde Verte » par le biais de subventions représentant : pour les adultes 50% de la valeur desdists abonnements ; pour les enfants jusqu’à 16 ans révolus, l’intégralité de la valeur des desdits abonnements. »

Ce postulat avait suscité un premier subventionnement limité de l’abonnement annuel des transports publics (dit abonnement « onde verte ») de 118.- pour les habitants de la ville de Neuchâtel.  Entre-temps, la commune a émis des obstacles administratifs à l’obtention de la subvention, ce qui a évidemment réduit le nombre de demandes. Aujourd’hui la question de la subvention est revenue sur le tapis, certains souhaitant la supprimer complètement ; finalement, la gauche l’a emporté. Petite victoire encourageante.

Le canton mise sur le tout bagnole

Au niveau cantonal, le Conseil d’Etat demande un crédit extraordinaire de 24 millions étalés sur une période de 4 ans, essentiellement pour l’entretien du réseau routier, des ponts et des tunnels routiers. Pour « justifier » cette requête, le Conseil d’Etat avance l’argument de l’usure. Mais bien sûr pas un mot pour s’interroger sur l’augmentation continue du trafic ou pour réfléchir à des alternatives. Rien sur les pistes cyclables, rien pour la mobilité douce.

La logique des bétonneurs est implacable : le trafic augmente, il faut augmenter le gabarit des voies, creuser, percer, construire de nouvelles routes, les réparer, les entretenir, les élargir pour le tout à la bagnole ! Alors qu’une étude est sur la table, avec des propositions intéressantes pour développer les pistes cyclables et qu’une pétition pro-vélo est étudiée dans une commission, le Conseil d’Etat n’en souffle mot et ne demande des millions supplémentaires que pour les routes, sous prétexte qu’elles sont en mauvais états. Il y a, décidément, des dégâts qui alertent plus que d’autres : un nid de poule sur une route se voit peut-être mieux qu’un jeune laissé pour compte dans une classe à effectif trop nombreux ou un malade renvoyé trop vite à domicile. solidaritéS ne votera pas ce crédit routier : en signe de protestation d’une politique conservatrice, au moment où il serait tellement plus important de réfléchir, au sens large du terme, à ce que signifie le développement durable.

Henri Vuilliomenet



Neuchâtel : un air de déjà vu…

Lors de la dernière session du Grand Conseil (23-24 février 2010), le gouvernement PLR/PSN a trouvé une majorité pour approuver un « programme de redressement durable des finances de l’Etat ». Ce programme prévoit notamment l’engagement d’un·e consultant·e, chef·fe de projet chargé de « dynamiser » la course aux économies. Coût de l’infrastructure : 16 millions. Bonjour, les économies !
Le quintette gouvernemental n’a rien inventé, quoiqu’il en pense : le/la chef/fe de projet (« coach » en franglais cantonal) ressemble trait pour trait aux expert·e·s (grassement payés) du Fonds monétaire international, chargés de « conseiller » les pays du Sud. Leur recette-miracle consiste en des coupes sombres dans les services publics : enseignement, santé, prévoyance sociale – trois secteurs, dont les coûts (selon « notre » ministre des finances) doivent baisser, afin de financer le pharaonique Transrun.
A vouloir faire de Neuchâtel une république bananière, le Conseil d’Etat oublie que le climat ne se prête pas à la culture de ce fruit tropical. Par contre, celle des salades s’annonce florissante ! 7
(hpr)