Lors des votations du 24 novembre, l'un des enjeux concerne la politique hospitalière neuchâteloise. Subsistera-t-il encore quelque équilibre régional dans la répartition des tâches entre les sites existants - un équilibre déjà compromis par les décisions de l'entreprise autonomisée Hôpital neuchâtelois (HNe), notamment en supprimant la maternité de La Chaux-de-Fonds (celle du Locle avait passé à la trappe avant la création de HNe) ? Ou ira-t-on vers une liquidation des structures existantes - comme le préconisent des députés du Parti libéral-radical (PLR), élus dans les districts du Bas - au profit d'un mammouth nommé «Hôpital neuchâtelois unique» ?

Mais cette question ne se pose pas pour les seules structures hospitalières. Ainsi, à la fin de la législature 2005-2009 - après une négociation calamiteuse avec les cantons de Berne et du Jura -, l'Ecole d'ingénieurs du Locle fut déplacée à Neuchâtel. Quitte ensuite, pour remplir les locaux inoccupés, à organiser une autre délocalisation, celle d'une partie des élèves du Centre professionnel du littoral neuchâtelois (CPLN)... La garde montante, la garde descendante, comme dans l'opéra de Bizet, «Carmen», mais en moins poétique !

Toutefois, dans un registre très peu poétique, voici des extraits d'un article commis par le banquier-député Andreas Jurt (ex-candidat au Conseil d'Etat) dans le journal du PLR: «Nous ne pouvons plus offrir les services partout et d'une manière identique au travers des quatre coins de notre belle région. (...). Essayons de positionner notre savoir-faire académique, industriel, artisanal entre le Haut et le Bas, unifions la direction. (....) Pour des raisons de mobilité liées au réseau routier cantonal, force est de constater que le centre de gravité de notre canton est Neuchâtel et pas La Chaux-de-Fonds» (Libertés neuchâteloises, no 29, 27.9.2013). Et, sur cette lancée, il préconise de nouvelles baisses fiscales, notamment «pour les grands contributeurs».

Une telle politique débouchera(it) sur une baisse supplémentaires des ressources encaissées par les collectivités publiques - la «politique des caisses vides», déjà pratiquée par les précédents gouvernements (baisse de l'imposition des entreprises en 2012) -, ce qui permettra(it) ensuite de «justifier» la liquidation d'institutions sociales, culturelles ou hospitalières. Ce plan de «mammouthisation» bafoue donc la clause d'«équilibre régional», inscrite dans la Constitution cantonale.
Or, le banquier Andreas Jurt et ses coreligionnaires - oublieux de l'enseignement reçu à l'école - devraient savoir qu'à l'époque préhistorique, en raison d'un changement brutal de climat ou d'un cataclysme, les mammouths ont disparu définitivement de cette terre... Un exercice qu'il vaudrait mieux ne pas rééditer en ce 3e millénaire.

Hans-Peter Renk


Pour mémoire...
Dans la biographie d'André Sandoz (président de la ville de La Chaux-de-Fonds, 1961-1970) - Ed. Alphil, Neuchâtel, 2007 -, figure un chapitre sur la rénovation de l'hôpital de cette ville. On y apprend qu'un des motifs de la rénovation fut l'existence d'une «maternité trop petite». Bien qu'agrandie, elle a été liquidée lors de la restructuration concoctée par HNe...
Pour information, ce texte a été inséré sur le site de solidaritéS-NE, subdivision Neuchâtel (hpr).