[ article publié dans le journal solidaritéS n°167 ]

Neuchâtel

La pauvreté étend ses tentacules

 

Caritas a organisé, le 24 avril, une journée nationale pour rendre visible un fait trop souvent oublié ou nié : les femmes et hommes pauvres ne peuplent pas que le tiers monde : ils et elles vivent chez nous, sont nos voisines, nos voisins. Crise financière et économique, augmentation du chômage, réduction des offres d’emploi, tout concourt aujourd’hui à une augmentation de la pauvreté. C’est dans ce contexte alarmant que Caritas suisse s’est fixé pour objectif de réduire la pauvreté de moitié d’ici 2020.

 

La pauvreté a des causes et des visages multiples, mais elle trouve essentiellement sa source dans l’absence d’un salaire minimum garanti permettant à chaque salarié-e de vivre normalement et dans le fait que la partie la plus fragilisée de la population ne trouve plus d’emploi correspondant à ses possibilités de travail.

 

Comme le rappelait la Conseillère d’Etat Gisèle Ory à l’occasion de la journée organisée par Caritas à Neuchâtel, dans le canton 10 000 personnes doivent recourir à l’aide sociale pour boucler leur fin de mois et parmi elles 1000 travaillent à plein temps (sur une population totale de 170 000 habitants). Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que l’on sait qu’une partie de la pauvreté se vit cachée, dans le refus de recourir à l’aide sociale. Il y a décidément quelque chose qui cloche.

 

Pour lutter contre la pauvreté, Caritas fixe plusieurs objectifs à sa campagne :

 

* identifier la pauvreté et la documenter;

* donner un caractère contraignant aux minimums de l’aide sociale, au niveau national (demande d’une loi-cadre relative à la sécurité d’existence et à l’intégration);

* encourager la création d’entreprises sociales, à l’instar des épiceries et restaurants mis sur pied par Caritas et destinés aux personnes en situation précaire, qui sont aussi des lieux d’intégration professionnelle;

* garantir l’accès à une formation professionnelle pour toutes et tous.

 

 

Pour atteindre de tels objectifs, il y a fort à faire, et nous y sommes aussi attelés. Nous avons déposé un projet de loi en janvier 2009 (voir ci-dessous), qui est actuellement en discussion au sein de la commission législative du Grand Conseil neuchâtelois.

 

L’assistance sociale est une porte de secours pour celles et ceux qui ne trouvent ni emploi, ni bourse d’étude ou de formation, ni stage rémunéré, mais ce n’est pas une perspective de vie réjouissante. Il y a mieux à offrir, notamment à la jeunesse, que des subsides de survie. A l’heure où les richesses s’affichent partout avec orgueil, il doit y avoir place pour une politique solidaire de redistribution d’une partie de ces richesses dans le but d’éradiquer la pauvreté.

 

Henri Vuilliomenet