Parallèlement à l'examen du programme politique et de la planification des investissements pour les 4 prochaines années, le législatif de la Ville de Neuchâtel a récemment débattu d'une proposition de baisse d'impôts émanant de sa commission financière. Le groupe PopVertsSol et en particulier les élus de solidaritéS se sont élevés avec force contre cette proposition de l'alliance contre nature entre la droite et la gauche modérée de l'hémicycle.

 

J'aimerais personnellement, et au nom de solidaritéS, marquer au travers de quelques remarques une opposition absolue à toute réduction du coefficient fiscal de la ville.

La population croît. Plus par de nouvelles arrivées que par une explosion des naissances. Il semble donc que les nouveaux venus ne s'effraient pas de notre taux d'imposition.

La ville a d'autre part un programme relativement ambitieux de développement de Microcity. Ce projet développé en partenariat avec l'EPFL doit à terme, amener de niveaux citoyens dans notre ville. Mais quelques étapes doivent encore être franchies pour cela. Ce projet économique est d'autant plus intéressant qu'il a un caractère endogène. Ce qui permet de l'inclure dans une réflexion à long terme, a contrario des implantations exogènes qui ont la fâcheuse tendance à s'évanouir dès que les avantages d'exceptions disparaissent.

Suite au report de charges du canton voté tout récemment au Grand Conseil, le budget 2014 a dû être amputé de façon substantielle. Ce n'est qu'au prix du renoncement à certains investissements et à un décalage dans le temps de certains engagements de personnel que le budget a retrouvé son équilibre. Mais ce n'est que reculer pour mieux sauter. Notamment parce qu'en 2015 ces emplois seront là dès le début de l'année et qui plus est, dans un contexte de budget déjà prévu en déficit dans le plan quadriennal du CC.

Si l'on ajoute à cela la conjoncture que subissent les villes Suisses, bien décrite dans le rapport du professeur Niels Soguel de l'IDHEAP, on devrait s'attendre à bien des difficultés pour les villes ... qui pourraient dans certains cas, en amener certaines à revoir leur taux à la hausse ou à réduire leurs engagements. Neuchâtel y est perçue comme étant, actuellement, en état de grâce, ceci suite à une heureuse circonstance qui fait que notre ville a bénéficié de rentrées fiscales plus importantes. C'est la perception plus juste parce que plus généralisée des impôts sur les entreprises qui en est à l'origine. Mais attention au retour de bâton.

La ville bénéficie d’un répit, profitons-en ! Cela doit nous servir au contraire pour faire avancer nos projets.

Or, cela ne retient pas les formations PLR-PSN de proposer une réduction du coefficient fiscal de la Ville qui passerait de 62 à 60 % du barème cantonal. Ceci est évidement fait pour des raisons électoralistes, tant il est vrai qu'il est plus facile de faire plaisir à la minorité qui vote en omettant de mentionner les réductions de services consécutives à cette amputation de budget.

Cette attitude est cohérente pour les professionnels de la politique qui soignent leur image. Et, argumenter en disant que « l'objectif est de maintenir une charge fiscale stable pour les contribuables » est risible. En effet, pour maintenir une stabilité fiscale, le plus efficace est, et de loin, de ne pas la changer ! Donc de maintenir notre taux. Les partisans de cette baisse ajoutent hypocritement, qu'en cas de nécessité on peut faire marche arrière. Je dis hypocrite car nous savons que les initiants savent que tout retour serait combattu, comme en 2007, par un référendum. Les mêmes réfléchissent à une fusion avec des communes qui ont des taux bien plus élevés. Cherchez la cohérence.

Nous devons viser le développement dans les directions prévues par le plan pluriannuel avec détermination et prudence. Or la prudence veut que l'on puisse assurer le programme même en cas de coup dur.

Au regard des projets économiques et sociaux de la ville et des délais qui ne peuvent être repoussés sous peine d'arriver ... trop tard, il nous faut aller de l'avant, investir et réaliser.

Pour conclure, je pose la question suivante : ne serait-il pas préférable pour les autorités de la ville de laisser l'image d'une conduite efficace vers une ville plus prospère et soucieuse de la protection des plus faibles, plutôt que celle d'une autorité qui réduit les impôts au profit des contribuables aisés.

Hélène Silberstein