carte mondiale de la peurLors de la première séance du cycle de formation national de solidaritéS, tenue le 25 octobre dernier, notre camarade Jean Batou a proposé une lecture historique et sociologique de l'émergence de l'impérialisme . Voici le texte de cet exposé. Prochaine séance: samedi 21 février 2015 dès 13h à La Maison de quartier sous-gare à Lausanne.

 

Intro Impérialisme

L'analyse de l'impérialisme pose aujourd'hui un certain nombre de problèmes pour diverses sections de la gauche comme on a pu le voir avec le cas de l'Ukraine et la Syrie ou bien en refusant de considérer la Russie comme puissance impérialisme.

Le principal problème aujourd'hui est que l'impérialisme n'est pas compris comme un système mais comme un acteur (très souvent réduit aux Etats Unis).

Le terme d'impérialisme n'apparaît pas chez Marx, mais avec le livre d'Hobson : Imperialism: A Study, 1902.

La concurrence géopolitique des grandes puissances constitue la première caractéristique à ce moment là de l'impérialisme

Il sera ensuite repris par les marxistes du début du 20e siècle. Mais ce concept ne désigne pas directement une théorie de l'exploitation des pays du Tiers Monde: il renvoie plutôt à une analyse des contradictions des pays capitalistes et à une théorie de l'économie mondiale dont les éléments constitutifs se trouvent déjà chez Marx. (...)

L'impérialisme s'inscrit tout d'abord dans une longue phase transhistorique qui remonte à la période des empires (Rome, Perse, Ottoman, etcc...). Cette impérialisme se caractérisait par la domination d'Etats forts sur des Etats plus faibles, il y a avait alors surtout une logique militaire.

L'impérialisme existe toujours aujourd'hui, et les Etats Unis le démontrent tous les jours en s'arrogeant le droit de tuer n'importe qui et n'importe ou partout dans le monde. De plus les révélations par Wiki Leaks et Snowden ont démontré l'hégémonie américaine sur le monde par ces agences d'informations et aussi par le fait que les compagnies américaines n'hésitent pas à utiliser cette hégémonie et les moyens mis à dispositions par l'impérialisme Etats Union pour étendre ses marchés et gains.

Le deuxièmes sens de l'impérialisme, beaucoup plus spécifique, qui s'inscrit dans une définition marxiste caractérise l'impérialisme comme le dernier stage (la dernière étape) du capitalisme (traduction exacte du russe du pamphlet de Lenine écrit après la Révolution Russe).

Le livre de Lenine n'essayait pas de donner une définition définitive de l'impérialisme, mais de comprendre les caractéristiques dominantes de l'impérialisme de l'époque.

Accumulation primitive ou source de l'impérialisme

« L'impérialisme dernier stade du capitalism » :

« Le capitalisme s'est développé et s'est étendu en un système mondial d'oppression coloniale et de « strangulation » financière de la très grande majorité de la population mondiale par une petite partie des pays « avancés » et ce gain est divisé en deux ou 3 pirates qui dominent le monde (Etats unis, GB, et le Japon), armés jusqu'au dents, qui impliquent le monde entier dans leur guerres sur la division de leur butin. »

Par cette définition, Lenine essaie de démontrer que l'impérialisme est un développement du capitalisme.

Il faut comprendre l'impérialisme dans la transformation et le développement du capitalisme (lire David Harvey).

Les puissances capitalistes se sont partagées le monde sur la base des forces de chacun, leur force économique, financière, militaire et autres (Lénine). Seule erreur de Lénine de considérer les capitaux financiers ou les banques comme les acteurs principaux dans l'exportation de capitaux financiers. Vrai dans le cas de la GB., mais fut challengé au début du 20 ème siècle par l'Allemagne et les USA qui le sont devenus des puissances impérialistes à la suite de concentration et monopolisation de l'industrie. En Allemagne c'était les capitalistes industriels qui voulaient étendre et développer conquêtes coloniales.

Mais la force relative de chaque acteur ne change pas de manière uniforme, parce que sous le capitalisme, il ne peut y avoir de développement égal de différents éléments, trusts, branches d'industries ou pays.

Les relations de pouvoir changent en effet à travers le temps selon le développement de chaque pays et dès lors de même que les alliances et autres.

Karl Marx avait mis en avant le fait que le capital a la tendance de créer un système globalisé, d'intégrer en une seule entité économique le monde entier. Karl Marx signalait d'ailleurs dans Le Manifeste que, « poussée par le besoin de débouchés toujours plus larges pour ses produits, la bourgeoisie envahit toute la surface du globe ». Cette conception, qui implique que la réalisation de la plus-value nécessite en permanence l'ouverture de marchés extérieurs, rend bien compte de la période d'expansion impérialiste, où les pays dépendants jouent un rôle croissant pour les débouchés. Mais elle ne saurait être systématisée comme le fait Rosa Luxemburg en affirmant que « la plus-value ne peut être [totalement] réalisée ni par les salariés, ni par les capitalistes, mais seulement par des couches sociales ou des sociétés à mode de production précapitaliste ».

Deux caractéristiques fondamentales selon Marx du Capitalisme :

- L'exploitation du travailleur, du salariat par le capital, antagonisme de classe fondamentale qui définit le capitalisme

- la classe capitaliste n'est pas un bloc unifié, il existe des rivalités entre les capitalistes, « ils sont une bande de frères qui si disputent sur les restes et profits de l'exploitations.

Les formes que prennent cette compétition économique sont les parts de marché, matières premières, accès de transports, etc...

Il y a bien sûr des intersections entres ces deux antagonismes, mais c'est deux éléments sont le moteur du capitalisme

La définition d'Alex Callinicos très bien formulé selon moi : «

L'impérialisme aujourd'hui dans le monde capitaliste moderne est l'intersection de concurrences et compétitions économiques et géopolitiques.

1) La concurrence économique est une caractéristique fondamentale du capitalisme.

2) la concurrence géopolitique, concurrence entre Etats qui tentent de d'affirmer, de maintenir ou augmenter leur pouvoir pour différentes raisons tel que pour plus de territoires, plus de richesse, etc...

Pour ces raisons ils vont en guerres, course à l'armement, construit une force armée importante,

L'impérialisme moderne est donc la fusion des conflits et ou concurrence économique et géopolitiques. Les conflits ou compétitions géopolitiques ne peuvent plus être poursuivi sans les ressources économiques qui peuvent seulement être généré dans la cadre des relations de productions capitalistes, mais les capitaux investis dans les réseaux de commerces et d'investissement de plus en plus global et mondialisé dépendent sur divers formes de soutiens ou moyens, allant des taxes et subventions à l'affirmation d'une puissance militaire de l'Etat nation. Une autre manière de décrire ce processus, c'est de dire que la lutte compétitive sur ce que Marx appelait dans le Grundrisse « nombreux capitaux » prends maintenant deux formes, économique et géopolitiques.

David Harvey a exprimé une opinion similaire lorsqu'il décrit « l'impérialisme capitaliste » comme la « fusion contradictoire » de deux formes de pouvoirs, ce qu'il appelle le capitale et le territoire :

« la relation entre ces deux logiques devraient être vu donc comme problématique et souvent en contradiction ( en d'autres termes, dialectique) plutôt que fonctionnel ou à sens unique. Cette relation dialectique permet le cadre dans lequel l'analyse du capitalisme impérialiste en terme d'intersection de ces deux distincts mais interconnecté logique de pouvoirs.

Le problème d'une analyse concrète de situations actuelles est de maintenir les deux côtés de cette dialectique simultanément en motion et ne pas se limiter à une seule explication soit politique soit uniquement économique.

Accumulation primitive

Adam Smith a postulé que la division du travail a été indispensable pour l'enrichissement des nations, mais que cela était inconcevable sans «accumulation précédente de stock ou réserve», basé sur des économies accumulées. Près d'un siècle plus tard, Marx transformé ce concept dans Das Kapital et l'a appelé à partir de là « la dite accumulation primitive». En même temps, Marx l'a soumis à une profonde transformation sémantique: c'est maintenant la combinaison de deux processus historiques marquées par la violence: 1) la « fuite » et la concentration accélérée du capital par le commerce, prêts à intérêt, et le pillage; 2) La séparation brutale des producteurs et de leurs moyens de production. Pour le fondateur du socialisme scientifique, l'accumulation primitive avait donc joué 'en économie politique la même partie que le péché originel dans la théologie. »

Marx a longuement traité de la question de la dite "accumulation primitive originale" (die sogennante ursprüngliche Akkumulation), pour caractériser les possibilités de l'accumulation capitaliste. Ses explications avaient pour objectif de répondre à la théorie d'Adam Smith, pour qui la division du travail étais la force motrice de l'augmentation de la productivité et donc de l'accumulation du capital (même avant la révolution industrielle), mais qui exigeait nécessairement une «accumulation précédente de stock." Marx traduit "précédent" en allemand comme "ursprünglich," qui a été rendu par ses traducteurs français comme «primitif».

Pour Adam Smith, l'accumulation a précédé la division du travail dans l'industrie a été le fruit de l'épargne des producteurs assidus et économiques. Par opposition à cela, la colonisation "de l'argent facile", la traite négrière et les monopoles commerciaux protégé par l'Etat, etc. ont été un obstacle à investir le capital ainsi accumulé afin d'augmenter la productivité du travail (accumulation fondé sur la division du travail productif). Smith était loin de nier les méfaits de la colonisation, le commerce des esclaves, etc., et en fait dénonçait d'autant plus volontiers ces formes d'argents faciles car il les voyait comme un obstacle au développement de la «richesse des nations».

Aujourd'hui David Harvey préfère parler « accumulation par dépossession » en leur donnant une définition plus large.

Le pouvoir politique se mobilise en effet toujours plus pour faciliter la concentration, entre les mains du capital, des richesses disponibles sur un territoire donné. Il ne s'agit plus seulement d'accumuler la plus-value produite par l'exploitation du travail salarié, mais d'exproprier les détenteurs de ressources existantes, qu'elles soient naturelles ou produites, immobilières ou mobilières, collectives ou individuelles, au profit du capital impérialiste. Ainsi, parallèlement à l'accumulation élargie, et en relation étroite avec elle, se développent des formes contemporaines d'accumulation primitive, que Harvey préfère appeler « accumulation par dépossession » en leur donnant une définition plus large.

Depuis les années 1980-1990, la dévalorisation relative des matières premières, la privatisation des biens communs (terres, forêts, eau, savoirs traditionnels, etc.) et des services publics (énergie, logements sociaux, transports, télécoms, santé, éducation, etc.), de même que l'expropriation des habitations et des fonds de pension de millions de travailleurs occidentaux au profit du capital financier, ont été dénoncées par certains auteurs comme de nouvelles enclosures (privatisation des terres communales britanniques, du XVe au XVIIIe siècles). L'agent principal en est le capital financier, générateur d'un « capitalisme de vautours », dont l'action se développe à l'échelle globale, aux dépens des sociétés du Sud bien sûr, mais aussi du Nord. Il se manifeste de la même manière au travers des politiques de privatisation et de libéralisation conduites dans les pays de l'ex-bloc soviétique et en Chine, qui ont privé les ouvriers et les paysans d'importants droits acquis, provoquant ainsi une polarisation sans précédent de la richesse.

Harvey distingue certes l'accumulation primitive, qui a ouvert la voie à la reproduction élargie, de l'accumulation par dépossession de l'ère impérialiste, qui perturbe et détruit un chemin déjà ouvert. Il reproche cependant à Marx et à la plupart des marxistes de n'avoir pas compris la valeur des « formes sociales détruites par l'accumulation primitive » et d'avoir défendu unilatéralement le caractère « progressiste » du développement capitaliste, y compris « de l'impérialisme britannique en Inde ». Bien que cette critique ne soit pas infondée, on sait que l'auteur du Capital a commencé à changer de position par rapport à l'Irlande dès 1867, et plus nettement encore par rapport à la Russie, en 1881-1882. Dans ce dernier cas, Marx défendra même que le caractère communautaire de ses structures agraires ancestrales, prenant appui sur le développement industriel d'une Europe socialiste, pourraient éviter à ce pays de passer sous les fourches caudines du capitalisme .

Expansion européenne et traite négrière 

Tout au long de l'histoire du capitalisme, la classe dirigeante a toujours cherché une source supplémentaire de richesses - la prise des richesses produites par les autres pays. La croissance des premières formes de capitalisme, à la fin du Moyen Age, fut accompagnée par la création par les États occidentaux, d'un vaste empire colonial - les empires de l'Espagne et du Portugal, de la Hollande et de la France, et, bien sûr, de l'Angleterre. La richesse se retrouva dans les mains des classes dirigeantes de l'Europe occidentale, pendant que des sociétés entières de ce qui est devenu connu sous le nom de Tiers-Monde (Afrique, Asie et Amérique du sud) furent détruites.

Ainsi, la « découverte » de l'Amérique par les Européens au XVIème siècle, produisit une injection massive d'or en Europe. L'autre revers de la médaille fut la destruction complète de sociétés et la mise en esclavage d'autres. Par exemple, en Haïti, où Christophe Colomb établit pour la première fois un campement, les Indiens Arawak présents (à peu près un demi-million en tout) furent exterminés, en l'espace de deux générations. Au Mexique, la population indienne passa de 20 millions en 1520 à 2 millions en 1607.

La population indienne des Antilles et d'une partie du continent, fut remplacée par des esclaves capturés en Afrique et transportés à travers l'Atlantique, dans des conditions abominables. On estime à 15 millions le nombre d'individus ayant survécu à la traversée et à 9 millions celui des individus morts en transit. La moitié, à peu près, des esclaves furent transportés sur des bateaux anglais - ce qui est l'une des raisons pour lesquelles le capitalisme anglais fut le premier à se développer.

L'esclavage était un élément clé des capitalistes qui permettrait de développer les fonds pour investir dans les industries émergentes, ce processus fut nommé par Karl Marx « l'accumulation primitive du capitale ».

Robin Blackburn un historien a écrit notamment que l'industrialisation de l'Angleterre fut avancée de manière décisive par le succès de la création d'un régime extensif d'accumulation primitive et basé sur la super exploitation des esclaves en Amérique.

Blackburn a dit, « Pour une temps considérable, la conjonction de l'esclavage, du colonialisme et du pouvoir maritime a permis aux Etats européens les plus avancés à fausser le marché mondial à leur propre avantage. Ce qu'on a appelé le «miracle européen" en fait dépendait non seulement sur le contrôle des échanges intercontinentaux, mais aussi des bénéfices de l'esclavage. Ce dernier a également contribué à fournir certaines des conditions d'un monopole industriel mondial. Les énormes gains obtenus ont été basés sur les possibilités offertes par le transfert forcé de travailleurs dans des régions du monde sous contrôle européen, et favorablement situés pour alimenter les marchés européens avec des produits exotiques. Mais les monopoles organisées par les capitales européennes étaient d'une efficacité limitée sauf ceux qui étaient soutenus par une foule de commerçants et planteurs indépendants, présentant des qualités entrepreneuriales ».

Les plantations d'esclaves étaient en effet des sources importantes de matière première bon marché pour les industries émergentes, comme marché pour les biens britanniques et comme source de profit importants. Une part importante des profits accumulés dans le marché de l'esclavage fut investie dans la production industrielle (canaux, chemins de fers, bateaux, et nouvelles techniques de productions).

En 1770, les profités tirés du commerce triangulaire ont contribués de 21 à 55% à la formation de capital fixe brute de la Grande-Bretagne.

Marx décrivait cette situation de la manière suivante :

« l'esclavage est autant un élément clé de l'industrie bourgeoise que sont les machines, les crédits, etc... Sans esclavage, pas de coton, sans coton pas d'industrie modernes. C'est l'esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les colonies qui ont créé le marché mondial et c'est le marché mondial qui est la pré-condition à l'industrie à une production de masse et d'échelle large. Ainsi l'esclavage est une catégorie économique d'une importance certaine. »

La richesse du trafic d'esclave finança l'industrie. Il y a un vieux proverbe qui dit « les murs de Bristol sont cimentés avec le sang des nègres » - et cela s'applique aussi aux autres ports. Comme le disait Karl Marx, « il fallait pour piédestal à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans phrase dans le nouveau monde ».

La possession d'un empire permit à l'Angleterre de se développer comme première puissance industrielle du monde. Elle était en position d'empêcher les autres États capitalistes d'obtenir des matières premières, des marchés et de lucratives zones d'investissement dans son tiers monde.

Lorsque de nouvelles puissances industrielles, telles que l'Allemagne, le Japon et les États-Unis, se développèrent, elles voulurent aussi ces avantages. Elles construisirent des empires rivaux ou des « sphères d'influences ». Face à des crises économiques, chaque puissance capitaliste importante essaya de résoudre ses problèmes en s'accrochant aux sphères d'influence de ses rivales. L'impérialisme conduisit à la guerre mondiale.

En retour, cela produisit d'énormes changements dans l'organisation interne du capitalisme. L'outil pour faire la guerre, l'État, prit de plus en plus d'importance. Il travailla en étroite coopération avec les firmes géantes pour réorganiser l'industrie pour la compétition internationale et pour la guerre. Le capitalisme devint le capitalisme monopoliste d'État. Le développement de l'impérialisme signifia que les capitalistes n'exploitaient pas seulement la classe ouvrière de leur propre pays ; ils prirent physiquement le contrôle d'autres pays et exploitèrent leurs populations. Pour les classes les plus exploitées, cela signifia qu'elles étaient exploitées par les capitalistes étrangers aussi bien que par leur propre classe dirigeante. Elles étaient doublement exploitées.

la fin du 19ème et du début du 20 ème siècle sera caractérisé par une développement important de l'impérialisme moderne qui est la conséquence du développement de la concentration et centralisation du capitalisme avec le développement du système capitaliste au niveau mondial.

Le développement de monopoles dans un pays à son corrolaire dans l'utilisation du pouvoir étatique pour établir ou étendre son influence à l'extérieur. La lutte concurrentielle entre monopoles devient une lutte entre Etats pour contrôler différentes parties du monde.

C'est sur cette base que les puissances européenes se sont divisés le monde, notamment en asie et en afrique à la fin 19ème siècle. En 1876, seulement 10% du continent africain était sous la domination européenne. En 1900, plus de 90% était colonisé. A la même période, la GB, la France, la Russie et l'Allemagne ont établi des larges sphères d'influences dans des enclaves coloniales en Chine. Le Japon a occupé la Corée et Taiwan. La France a conquis toute l'Indochine, les Etats Unis ont occupé Puerto Rico, l'Espagne les Phillipines, tandis que la Russie et la GB se sont partagé l'Iran dans un accord informel.

Mais Lénine insistait que la division du monde ne s'inscrivait pas seulement dans les pays dit du tiers monde, surtout agricole à l'époque, comme l'affirmait Kautsky, mais concernait également les régions industrialisés. Les exemples de la 1ère GM et 2ème GM le démontrent.

Les capitaux sont dominés par un plus petit nombre de personnes, il y a une augmentation des luttes pour les places et marchés de commerce et d'investissement et cela prends place sur base globale.

Cette période de la fin du 19ème siècle est caractérisé par l'exportation de capitaux européens ce qui va globalisé le système économique capitaliste. Il y une unification du système économique et un développement du système capitaliste, mais cela va donner naissance à des conflits et rivalités économiques et territoriales pour mener à la 1ère GM. Ces éléments seront en effet les raisons du déclenchement de la 1ère GM.

La concentration et la centralisation du capitalisme mène à une concurrence entre capitalistes au niveau global, mondial et de plus en plus les capitalistes ont besoin de l'aide de leurs Etats. Cela va donc également entrainer les Etats en compétition les uns avec les autres. Les Etats ont également besoin d'un développement capitaliste de leur économies, et donc d'accumulation de capitaux, pour construire et développer leur propre capacités militaires.

C'est la fusion entre concurrence économique et géopolitique qui mènera aux 2 guerres mondiales.

La Grande Bretagne, qui était une puissance financière majeure, était la principale force d'investissement capitaliste dans le monde, la principale force coloniale. Les investissements totaux de la GB dans des fonds étrangers ont augmenté de 95£ millions en 1883 à 393£ millions en 1889.

Mais cela est challengé au début du 20 ème siècle par l'Allemagne et les Etats Unis qui produisent plus de biens industriels que la GB à ce moment là et développent une flotte de niveau mondial, les deux éléments qui avaient permis à la GB de maintenir ou préserver son pouvoir.

L'Allemagne fut le dernier à rejoindre la course au colonies.

L'impérialisme est un système, et n'est pas réductible à une seul acteur, à la domination d'un seul acteur. Il y a de la concurrence et rivalités entre les différentes puissantes capitalistes de premier ordre,

Impérialisme, colonisation et guerre

Après la 2ème GM un certain nombre d'institutions et d'accord internationaux sont mis en places par les Etats Unis et ses alliés européens pour garantir le système capitaliste, notamment dans le domaine économique (CEE), financiers (FMI, Banque Mondiale, etc...), militaires (OTAN, OTASE, Alliance atlantique, etc...), politiques ( parlement européen, ONU, etc...). Les Etats Unis mettent place des accords sécuritaires et politique avec le Japon qui obligent ce dernier à suivre la politique et les intérêts Etats Uniens.

Les Etats Unis avaient de l'ambition pour ses industries, les plus productives et avancées dans le monde, après la 2ème GM, de s'étendre à l'économie mondiale à travers le libre marché. Les puissances occidentales européennes, épuisées par la guerre, n'avaient aucun moyen de s'y opposer.

L'URSS qui était sorti victorieux et avait étendu sa domination et influence sur de larges pans de territoires, mais les industries de l'URSS étaient beaucoup moins productives que celles des USA et n'avaient pas les moyens de faire concurrence aux Etats Unis.

Combat URSS et USA d'abord Europe, Europe de l'Est sous la domination URSS, dont les économies étaient souvent subordonnées aux objectifs militaro industrielles de l'URSS.

Les Etats Unis ont augmenté leur influence en Europe de l'ouest à travers le soutien financier aux partis pro américains chrétiens démocrates et socio démocrates, plan Marshall pour revigorer l'industrie européenne dans un cadre favorable aux intérêts américains, la création de l'OTAN et l'installation de bases américaines en Europe.

Après la Seconde Guerre mondiale, cet impérialisme sans colonisation s'est pratiquement imposé à l'ensemble du monde capitaliste, sous la tutelle des États-Unis. Harvey montre que l'hégémonie US reposait alors sur le consentement universel des classes dominantes plus que sur la contrainte, même si le recours à la force brutale n'a jamais cessée pour la gestion des conflits avec les mouvements nationalistes ou socialistes du tiers-monde. Cependant, depuis le début des années la fin des années 1980 et début des années 1990, compte tenu de l'essor économique de l'Union Européenne, de l'implosion du bloc soviétique et de la croissance impétueuse de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, cet équilibre relatif a cédé progressivement le pas à une conflictualité accrue entre les principaux pôles dynamiques de l'accumulation du capital. Dès lors, le déclin de la puissance US fait de plus en plus reposer son hégémonie sur la contrainte, et donc sur le facteur militaire, contribuant à durcir les rivalités inter-impérialistes, avec la réapparition possible de guerres commerciales et monétaires, voire de guerres tout court entre pays dominants.

Après la fin de la guerre froide d'ailleurs, il y a une volonté d'expansion des différentes administrations USA par l'exportation du néolibéralisme et l'expansion de l'OTAN pour créer un ordre global économique et politique dominé par les Etats Unis. Cela va prendre une forme très agressive avec l'arrivée au pouvoir de George W Bush et particulièrement après les évènements du 11 septembre avec l'invasion de l'Afghanistan et de l'Iraq en 2003 pour imposer la domination des Etats Unis sur le Moyen Orient. Il y a également la menace très affichée contre l'Iran et la Syrie qui refusent de rentrer dans son axe et projet de grand moyen orient qui avance son projet néo libéral et impérialiste.

On verra après comment la défaite en Iraq et surtout les processus révolutionnaires de la région vont remettre en cause la puissance impériale des Etats Unis.

Néocolonialisme, déclin de l'hégémonie US et nouvelles rivalités inter-impérialistes

L'échec de l'invasion des Etats Unis de l'Irak en 2003, de même que celle d'Afghanistan en 2001, dont les conséquences peuvent se constater tous les jours (Iraq : Etats Islamique, gouvernement central contrôlé par des partis confessionnels et réactionnaires chiites, proche de l'Iran, insécurité, ec...), et la crise financière et économique mondiale en 2007-2008 qui a mis à mal l'économie américaine et surtout le modèle économique capitaliste tel que dominé et encouragé par les Etats Unis.

Les Etats Unis adoptent une stratégie plus « multilatérale », de pousser et faire pression sur d'autres pays pour collaborer sur le plan mondial, et moins solitaire ou unitaire comme à l'époque de Bush. Cela peut se constater sur les approches par rapport aux révolutions du Moyen Orient et Afrique du Nord (approche yéménites, Lybie, mis en place d'une coalition internationale contre l'Etat Islamique), dans le cas ukrainien également, etc...

De même à certains égards, si l'on prend les négociations en cours sur le traité transatlantique (Tafta), l'enjeu pour les USA est clairement de s'appuyer sur le « partenaire » européen pour réaffirmer leur hégémonie face à la Chine.

Cela ne signifie pas que l'impérialisme des Etats Unis n'existe plus, mais simplement qu'il s'exprime différemment.

Le plus grand défi aux Etats Unis au niveau de sa domination capitaliste mondiale est la Chine. Selon Alex Callinicos, Las Chine est même un plus grand défi pour les Etats Unis que l'URSS l'était, car ce dernier était surtout une menace militaire et non économique.

La Chine s'est tout d'abord relevé très rapidement de la crise économique mondiale notamment par son contrôle du système bancaire chinois qui a prêté de larges montants aux entreprises pour se sauver et repartir plus rapidement.

La chine est l'acteur industriel et commercial le plus important au monde. Pour sa production industrielle, la Chine a besoin de matières premières, venant notamment des pays du sud. Ces derniers qui exportent beaucoup vers la Chine ont d'ailleurs redirigé leurs politiques et contacts vers la Chine avec la montée en puissance de ce dernier et la perte de prestige politique et économique des Etats Unis ces dernières années. Certains pays du Sud qui étaient mis sous pression de suivre une politique néolibérale sauvage par les Etats Unis et les institutions qui lui sont liées, comme modèle économique à suivre ne sont plus convaincus particulièrement après la crise économique de 2007 et 2008 et réorientent donc leurs politiques et liens économiques vers d'autres acteurs émergents, notamment la Chine.

La Chine exporte son capital économique et humain de plus en plus vers d'autres régions du monde, particulièrement l'Afrique. L'économie continue de croitre de manière importante, mais si une légère baisse à 7% cette dernière année, l'Etat utilise cette croissance pour construire et renforcer ces capacités militaires, notamment sa flotte. Le Pacifique est en effet dominé depuis la fin de la 2ème GM par les Etats Unis, mais la classe dirigeante chinoise veut changer cette situation et avoir un contrôle sur certains points de passages importants pour l'importation des matières premières par voie maritime et garantir la sécurité des ses frontières maritimes.

Entre 2007 et 2012, les économies occidentales ont généralement eu des taux de croissance d'environ 3%, par contre les pays émergents et en développement de 31% et la Chine 56%, C'est justement à cette période que la Chine est devenue la 2ème économie mondiale et la principale puissance industrielle, d'exportation et de consommation d'énergie.

Le budget de l'armée a aussi considérablement augmenté en Chine de 43.5 % entre 2008 et 2013, de même que dans les pays émergents : Russie 31,2%, Brésil 10%, Japon 6,6%, 0,3% en France et 0,1% aux Etats Unis.

Avec des taux similaires de croissance de dépenses dans l'armée en Chine, cette dernière rattrapera les Etats Unis entre 2023 et 2028.

Les Etats Unis restent néanmoins la principale force impérialiste mondiale. Le budget militaire des Etats Unis en 2013 était de 600 milliards dollars, tandis que la Chine était 112 milliards, Russie 68 milliards, Arabie Saoudite 59, 6 milliards et la Grande Bretagne 57 milliards.

Le GDP chinois est peut être plus grand que celui des Etats Unis, mais le GDP par tête est supérieur aux Etats Unis ainsi que la productivité de ce dernier. Le système financier mondial est toujours dominé par des entreprises capitalistes américaines. Les capacités américaines sont bien supérieures aux chinois, malgré le développement de ce dernier. Par exemple au niveau de la flotte, la Chine dispose d'un porte avion, les Etats Unis 11.

Les Etats Unis voient néanmoins le défi posé par la croissance chinoise, c'est pourquoi ils ont déplacé 60% de ses capacités militaires vers le Pacifique pour faire face au défi chinois.

Il n'y a pour l'instant pas de risque de guerre liée, pour plusieurs raisons, économies très liées et cela surtout une catastrophe mondiale.

Sub imperialist states

ces dernières décennies on a vu l'émergence de nombreux centre majeurs d'accumulation de capitaux, de nouveaux pays industrialisés. Les classes dirigeantes de ces pays ne sont pas des simples clients de l'impérialisme occidental, mais ils ont leurs propres intérêts et ont la capacité de les défendre-.

Ce sous impérialisme ou impérialisme régional s'inscrit à travers le monde, et peut se définir par la volonté d'Etats de devenir la puissance dominante dans la région : Brésil en Amérique du Sud, Afrique du Sud en Afrique Subsaharienne, etc...

L'échec américain en Iraq et l'affaiblissement relatif de sa puissance et influence aux Moyen Orient a laissé pas seulement plus d'espaces pour d'autres forces impérialistes, mais surtout a permis à des Etats régionaux de jouer un rôle grandissant dans la région et les processus révolutionnaires.

Au Moyen orient les rivalités sont multiples : Iran, Turquie, Arabie saoudite, Qatar.

Conclusion

Il y une idée importante également, la question du développement inégal et combiné. Le capitalisme développe les forces productives des hommes à un niveau mondial. Mais ce développement n'est pas fait de manière homogène mais de manière inégale.

L'impérialisme est une forme et ou expression de ce développement inégal et les forces impérialistes ont aussi un développement inégal. C'est ce développement inégal qui définit la hiérarchie de pouvoir au niveau mondial. Le développement inégal du capitalisme redistribue le pouvoir entre les différents Etats. La balance de pouvoir est donc mouvante et peut se modifier, créant la possibilité de nouveaux conflits.

Développement inégal fait que les relations de pouvoirs entre Etats changent tout le temps, on peut voir cela avec l'Allemagne qui a rattrapé son retard en 15 ans sur la GB.

Processus de développement inégal et combiné déstabilise le système, par exemple on peut cela aujourd'hui avec la Chine.

Les changements de cette nature, Lénine insistait, rendent l'intégration transnationale des capitaux de manière pacifique impossible, au contraire de ce que disait Kautsky en parlant d'ultra impérialisme selon laquelle la concentration du capital pourrait déboucher sur un fonctionnement harmonieux de l'économie mondiale, ou bien plus récemment la notion d'Empire utilisé par Negri er Michael Hardt. La redistribution du pouvoir entre les Etats affaiblit les accords qui seraient nécessaires pour espérer qu'une telle intégration fonctionne.

Cette approche permet d'éviter deux simplifications abusives : 1.Présenter le capitalisme, malgré la violence de ses méthodes, comme un agent du progrès historique avec un bilan globalement positif; 2.Adopter une optique tiers-mondiste avant la lettre, pour qui le capitalisme serait radicalement incapable de soutenir un certain développement dans les pays dominés.

Ces acquis des classiques du marxisme vont être dilapidés par la contre-révolution stalinienne afin de justifier la politique de la Troisième Internationale. La théorie marxiste va se trouver dès lors réduite à une vision schématique qui postule le rôle progressiste des bourgeoisies nationales à l'égard d'un impérialisme intéressé au seul maintien de structures locales « féodales ».

L'impérialisme est systémique et non réduisible à un seul acteur. Certains n'arrivent pas à voir cela.

2 raisons principales : 1) avant la fin de l'URSS, la rivalité entre ce dernier et les Etats Unis pendant la guerre froide. URSS considéré par certains comme une société post capitaliste, donc prendre partie en faveur de l'URSS contre les Etats Unis. Cela est toujours présent aujourd'hui et certains considèrent la Russie d'aujourd'hui comme le successeur de l'URSS, acteur anti impérialiste. Le campisme qui est un des héritages de la guerre froide voit la Russie et ses alliés (Iran et Syrie) comme des Etats progressistes et impérialistes, ce qui les mène à chanter les louanges de la Russie impérialiste.

Quelques articles :

- Impérialisme et Libération nationale, Chris Harmann, 1979

- Nationalisme du sud, Michael Lowy, 1996

- Internationalisme, nationalisme et anti-impérialisme, Micheal Lowy 2002

- Impérialisme, Chris Harmann

Jean Batou