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Discours de Léana Ebel, Marche Mondiale des Femmes (MMF)

Nous, femmes de la Marche mondiale des femmes, nous rêvons d'un monde dans lequel les hommes et les femmes, de tous horizons seraient libres de se déplacer, de vivre, de grandir où elles le souhaitent...

 

En sécurité.

Libres d'apprendre et de construire. Et de mettre leur énergie à créer un monde plus égalitaire, plus écologique, à créer des solidarités et non des divisions.

Nous rêvons d'un monde sans violences, dans lequel les femmes puissent être autonomes, décider elles-mêmes de leur vie et de leur avenir.

Nous rêvons de ce monde, mais au-delà des rêves nous luttons pour que cela devienne réalité. Aujourd'hui la question de la migration est au cœur des débats.

Mais les discours se basent trop souvent sur la peur, reflètent une volonté de se barricader, de fermer les portes, pensant protéger des acquis en refusant de les partager.

C'est oublier la richesse d'une société plurielle.

Nous femmes, féministes, nous voulons rendre possible un accueil digne, un enracinement multiple. Donner et recevoir. Nous enrichir des différences et offrir à nos enfants une société multiculturelle dont ils pourront être fiers.

Pour changer les regards il faut nous connaître les unes les autres et accepter nos ressemblances et nos différences. Les liens doivent être concrets et peuvent aussi prendre forme ici.

Nous avons invité les requérantes d'asile de notre canton à nous rejoindre pour une action symbolique. Je vous invite à acheter un petit pot de terre, à le décorer, y inscrire un mot, un signe de bienvenue. Y planter des fleurs. Et l'offrir à une personne, migrante ou pas. Echanger du lien et une volonté d'ouverture.

Parce que les graines sont libres de voler à travers le monde, sans soucis de frontières et de papiers en règle. Libres de s'enraciner où elles le veulent. Comme devraient pouvoir le faire tout un chacun ET chacune. Bienvenue aux femmes d'ici et d'ailleurs, et que les graines de l'égalité poussent infiniment !

Au-delà de cette action symbolique à laquelle la Marche mondiale des femmes vous invite à participer activement, j'aimerais ajouter quelques mots plus personnels.

Le 05 juin prochain nous voterons sur une modification de la loi sur l'asile. Des changements durs aux conséquences douloureuses. En voici quelques uns :

réduction drastique des délais de recours et représentation juridique certes gratuite, mais visant à décourager les requérant-e-s à déposer un recours.

mise à l'écart des requérant-e-s parqué-e-s dans des centres fédéraux, sans liens avec la population.

exclusion définitive de la qualité de réfugiés pour les déserteurs «menacés de graves préjudices»

suppression définitive des demandes d'asile dans les ambassades (qui permettent pourtant d'échapper aux passeurs et à un voyage périlleux)...

Je ne veux pas vivre dans un pays qui se referme, qui exclut, qui renvoie à tour de bras et ferme les yeux sur la situation dramatique qui se joue aux portes de l'Europe.

Le 5 juin nous ne votons pas pour ou contre les arguments de l'UDC mais pour ou contre un durcissement inhumain de la loi sur l'asile. Mon choix est fait, je voterai NON.

C'est aussi une manière d'avancer vers un monde plus ouvert, plus libre, plus humain.

Je vous remercie et vous souhaite une belle fête, solidaire et gaie, à l'image du monde que nous voulons et pour lequel nous luttons.

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Discours de Dimitri Paratte, conseiller général, solidaritéS

Chères et chers camarades,

Chères et chers amis,

J'ai la difficile mission aujourd'hui de vous parler de fiscalité et de la 3ième Réforme de l'imposition des entreprises « RIE 3 ». Je serai donc bref...

La R I E trois sur laquelle se penche le parlement est la plus importante « réforme » dans ce domaine depuis 1940 selon l'aveu de Broulis le ministre libéral des finances vaudoises ! Dans notre vocabulaire et en clair, cela veut dire que c'est la plus grave attaque contre le service public et la capacité de l'État à défendre les plus faibles et servir les salarié.e.s depuis la deuxième Guerre mondiale !

La Suisse a en effet pendant tout le 20ième siècle piraté l'économie mondiale en ayant une politique de dumping fiscale ultra-favorables aux multinationales étrangères. Ce système « d'attractivité économique » ou encore « d'optimisation fiscale » (bigup à Schneider-Amann et son Luxembourg adoré) a fait de notre pays un véritable corsaire de la finance internationale. Mieux qu'un simple paradis fiscal puisque certaines entreprises ont vraiment établi des activités sur le territoires helvétique pour la qualité de la main d'œuvre et la flexibilité du droit pour faire des affaires partout dans le monde sans trop posé de question.

Cela provoque des centaines de milliards de manque à gagner pour tous ces pays qui n'encaissent pas les impôts des bénéfices fait pourtant sur leur sol.

Bref l'Union Européenne et l'OCDE, l'organisation pour la coopération et le développement économique – deux organisations philanthropiques bien connue pour leur défense acharnée des salarié.e.s – ont fait pression sur la Suisse pour que cela cesse.

Et c'est là qu'un changement s'opère dans la stratégie du patronat financier helvétique : plutôt que se battre pour continuer à privilégier ces multinationales étrangères pour qu'elles viennent en Suisse, ils veulent fondamentalement baisser les impôts de toutes les sociétés basées en Suisse et généraliser le dumping fiscal inter-cantonal.

C'est l'objectif même de cette dangereuse RIE III !

Mais qu'est-ce que c'est cette RIE 3. Je ne suis pas avocat fiscaliste et je n'ai pas encore rempli ma déclaration d'impôt, mais il faut quand même se donner quelques informations. Le but général est d'encourager les très riches à garder leur argent sous forme d'entreprises plutôt que de fortune personnelle :

La première mesure est la déduction des revenus de licence ou patent box ou encore licence box : un mécanisme anglo-saxon que je simplifierai en disant qu'on pourra délocaliser tous le bénéfice rapporté par un brevet au lieu du siège d'une entreprise.

La deuxième mesure, bien plus grave pour Neuchâtel, sera la possibilité de faire de grosses déductions d'impôts sur les investissements internes en recherches et développements. Ces déductions se compteront en multiple (1,5 à 3 fois) le montant investi. Le canton de Neuchâtel contrairement à ce que nous promet le Conseil d'État pourrait être très touché par cette mesure au vue du nombre important de société qui déposent des brevets et font de la recherches à Neuchâtel.

On fera une autre déduction d'impôt sur les fonds propres des entreprises qui dépassent le minimum légal. C'est le cas des multinationale mais rarement des PME : Inutile de préciser que Nestlé ou LVMH n'ont pas simplement 100'000 - le minimum légal pour une SA sur un compte. On défiscalisera ainsi une immense proportion du capital des grands patrons de ce pays.

Le parlement de droite veut aussi supprimer le droit de timbre qui taxe les refinancement des sociétés. C'est une autre source de revenus très importantes pour les collectivités publiques suisses qui disparaîtra.

Enfin cinquième point, la baisse généralisée pour toute les entreprises du taux d'imposition sur les bénéfices au niveau fédéral sera la mesure la plus coûteuse en terme de finance publique puis de prestations à la population.

En résumé, le Conseil fédéral avoue que ces mesures coûteront entre 1 et 3 milliards de francs. Une part importante de ces manque à gagner seront directement pris sur les revenus des communes et des cantons. L'union des villes suisses parle de 1,5 milliards juste pour les communes, en répartition équitable cela ferait un trou de 6 millions dans les finances de la Ville. Cela sans compter le nombre important d'entreprises qui font de la recherche et développement à Neuchâtel...

Et à terme ce qui doit arriver arrivera : On augmentera les impôts des personnes physiques comme c'est le cas à Schwytz où la concurrence fiscale poussée à l'absurde provoque une grave crise austéritaire et des augmentations d'impôts pour tout le monde alors que plein de millionnaires ne payent presque rien !

C'est pourquoi solidaritéS, le POP, le PS et d'autres lanceront un référendum contre cette RIE III et nous le GAGNERONS !

Dans RIE 3 il y a trois, ce qui veut dire qu'il y a eu la 1 et la 2... La deuxième réforme de l'imposition des entreprises en 2008 avait été l'occasion d'un mensonge et d'une escroquerie historique à l'échelle de la Suisse !

Acceptée par le peuple à 50,5 % des votent.e.s, elle devait coûté entre 56 millions par années et on se rend compte après 4 ans de mis en vigueur qu'elle en coûte pratiquement 1 milliards chaque année ! Un facteur 20 !!! Le tribunal fédéral a très vite reconnu ce mensonge mais n'a pas eu le courage de faire annuler ce vote malgré les fausses informations donnée par le Conseil fédéral à la population.

Fort de ce résultat la droite économique et les populistes xénophobe se sont vu pousser des ailes et, aujourd'hui, attaquent sans vergogne les capacités financières de l'État. À l'époque on parlait de « partage des sacrifices » et de réforme équilibré, ce qui était donc déjà un mensonge, mais aujourd'hui -pour la RIE III- le patronat toujours plus arrogant a même biffé les rééquilibrage en faveur des cantons. Nous espérons que cette arrogance sera le tombeau de cette contre-réforme !

L'arrogance patronale et l'absence de logique sociale et écologique dans les choix du pourquoi et du comment on travaille, du pourquoi et du comment on produit, condamne ce système qui a perdu la tête.

La défense de la légalité et de l'ordre établi devient écœurante ! La profonde perversité d'un avocat PLR comme Lüscher défendant ses clients panaméens escrocs et voleurs en affirmant que tout est légal. Ou la condamnation inique du PLR neuchâtelois des expériences salvatrices comme L'AMAR au nom de la propriété privée et contre les principes élémentaires de solidarité et d'entraide en ces temps de migrations forcées de masse.

Dans l'intervalle, nous sommes convaincu que nous pouvons gagner le référendum contre la RIE III, améliorer la meilleure des assurances sociales du pays avec AVS+ en octobre et accueillir les milliers de migrantes et migrants qui viennent demander notre aide et notre solidarité !

La crise économique, écologique et sociale à laquelle nous faisons face et qui s'aggravera dans les prochaines années ne pourra pas se résoudre avec les vieilles recettes libérales du type : « Encourager la prospérité des entreprises favorisera le bien-être tous ! ». À laquelle on pourrait même ajouter « Pour toutes et tous et sans privilèges ! » tellement cet amalgame entre entreprise et emploi a été repris par une frange de la gauche suisse et européenne !

Aujourd'hui face aux patrons requins qui sont face à nous, pas de pitié ou de bon sentiment ! Un sous sur deux défiscalisé, fini dans un coffre à spéculer, accumulée dans ces fortunes faramineuses des plus riches et isolé à jamais de l'économie réelle ! C'est une douce illusion de croire que le secteur privé tel qu'il est aujourd'hui aura la sagesse de réinvestir et de créer des emplois.

Nous pouvons lutter contre le chômage par la diminution du temps de travail, nous pouvons diminuer notre impact climatique par une production et une consommation réduite, nous pouvons lutter contre la précarité par une protection sociale renforcée, nous pouvons stopper l'épidémie de burn-out et de maladie professionnelles par des vrais plans de santé au travail et de protection des travailleuses et travailleurs ! Les solutions existent et il faut « simplement » se les approprier, « simplement » prendre conscience que nous pouvons choisir notre avenir, « simplement » se souvenir que tout est à nous, rien est à eux, tous ce qu'ils ont ils l'ont volé !

Merci !