Vivre et étudier sans galère: des bourses pour le faire !

Dans le froid hivernal, 300 personnes, pour la plupart jeunes et étudiant·e·s ont battu le pavé lausannois le 18 décembre 2013 pour dénoncer la baisse ou la suppression de certaines prestations dans les bourses d’études et d’apprentissage.

Tout d’abord non-autorisée par la Municipalité à majorité rose-verte, la manifestation a finalement pu être organisée en déplaçant le rassemblement de départ de la place Saint-François au Parc de la grenouille, afin de ne surtout pas gêner les badauds pris dans le tourbillon hystérique des achats de Noël. La manifestation a pu compter sur un élan solidaire intercantonal avec des délégations valaisannes, neuchâteloises, fribourgeoises et genevoises qui avaient fait le déplacement et qui n’ont pas manqué de dénoncer les coupes budgétaires faites aux bourses de leur propre canton. En Valais en particulier, le Conseiller UDC Oskar Freysinger, en charge de la formation, a prévu 3 millions de coupes dans les bourses au budget 2014 de son Département : une décision qui affectera notamment les quelques 1000 étu­diant·e·s valaisans présents à l’Université de Lausanne.

Eclairée par une cinquantaine de flambeaux et rythmée par les mélodies de la carmagnole, cette joyeuse manifestation a ponctué son itinéraire par diverses allocutions en privilégiant les prises de parole de différents cantons, et en mettant l’accent sur la nécessité d’un renforcement du système de bourses à l’échelle fédérale, comme le propose une initiative de l’Union des étudiants de Suisse (UNES), qui sera bientôt soumise en votation populaire. Si la manifestation était soutenue et appelée par une trentaine d’organisations syndicales, politiques et associatives, relevons la discrétion des Jeunesses socialistes qui n’avaient visiblement pas le courage de dénoncer la politique de leur Conseillère d’Etat Anne-­Catherine Lyon.

Les manifestant·e·s, eux·elles, n’ont pas hésité à « récompenser » de manière ironique les tenants de ce projet de loi. Le radical Pascal Broulis a dans ce sens été « salué » pour ses coupes budgétaires par l’entremise d’un grand ciseau d’or, déposé devant les portes de son Département des finances. Tandis que la « socialiste » Anne-Catherine Lyon a pour sa part été « lauréate » d’une bourse géante, accrochée à la Place du Château. Il s’agissait de « récompenser » sa participation, en tant que Cheffe du département de la formation, à la détériorations des conditions des boursiers·ères indé­pen­dant·e·s et dé­ten­teurs·trices de permis N et F, et à la baisse des forfaits de repas. La manifestation s’est ensuite conclue par une bouffe populaire au cinéma Oblò et la diffusion d’un film sur les luttes estudiantines au Québec.

Un enjeu intercantonal

Concernant les perspectives futures, il faut espérer que cette manifestation serve de tremplin pour d’autres mobilisations non-institutionnelles à moyen terme. Si elle a permis de médiatiser une nouvelle attaque contre les plus précaires, elle ne sera pas, à elle seule, capable d’empêcher le Grand Conseil d’approuver les dégradations prévues par la nouvelle loi sur les bourses d’études et d’apprentissage. La présence de ma­ni­festant·e·s d’autres cantons démontre bien la nécessité d’orienter ce combat vers une convergence nationale des luttes contre la précarité des jeunes en formation. L’ouverture du débat autour d’un salaire pour les jeunes en formation pourrait notamment servir de fer de lance pour des luttes plus offensives et la construction d’une alternative sociale face aux politiques néolibérales.

Jorge Lemos, tiré du nº 241 du bimensuel solidaritéS

13 janvier 2014, 11:28 | Economie / Education / Grand Conseil / National / Vaud

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