Loi sur le CO₂

Non à un dispositif injuste et inefficace

Action 4m2, 15 mai 2020, Lausanne
Action 4m2, 15 mai 2020, Lausanne

solidaritéS prend position contre l’actuelle révision de la loi sur le CO2 telle que sortie des débats parlementaires du mois de juin 2020. Profondément antisociale et insuffisante sur le plan écologique, cette loi vise à faire payer aux salarié·e·s et aux retraité·e·s le financement de mesures qui ne répondent pas – loin de là! – aux exigences fixées par le GIEC pour éviter un réchauffement global de plus de 1,5 °C et ainsi ne pas basculer dans le cataclysme écologique global qui nous guette. solidaritéS s’engage donc à combattre cette loi et s’unira à la jeunesse en lutte pour le faire, afin d’imposer une véritable transition écologique et solidaire.

Mettant de côté les votes anti-écologiques et réactionnaires d’une partie de la droite, seule notre élue Stefanie Prezioso a exprimé, à l’occasion du débat parlementaire, une opposition progressiste et écologiste à la dernière révision de la loi sur le CO₂. Se fondant sur ses insuffisances objectives, elle a motivé son désaccord par le dépôts d’une série d’amendements, malheureusement tous rejetés.

En effet, il faut premièrement souligner la très nette insuffisance des mesures prises pour faire face à l’urgence : l’objectif annoncé est une réduction de 37,5% des émissions en Suisse et 12,5% des émissions à l’étranger d’ici 2050 et par rapport à 1990. Un tel objectif ne se fonde ni sur les meilleures possibilités dressées par le GIEC – référence au bilan carbone – afin de contenir un réchauffement climatique global en deçà de la barre des 1,5 °C, ni sur les Accords de Paris visant un réchauffement maximal de 2 °C, tout en poursuivant des efforts pour le limiter à 1,5 °C. En substance, les objectif de la Loi en l’état entraîneraient un réchauffement de 3 °C au niveau global, ce qui n’est absolument pas soutenable pour la survie de nos écosystèmes.

Réduire et non compenser

La révision de la loi sur le CO₂ mise trop sur des mesures de compensation. Mais pour répondre à l’urgence, il ne faut pas compenser, il faut réduire. Or, force est de constater que ce n’est pas la voie préconisée, puisque la loi prévoit la mise en œuvre d’une bourse carbone hautement spéculative et inefficace. Celle-ci délivrera des permis de polluer ici, en soutenant des mesures très incertaines ailleurs. Réduire artificiellement nos émissions par des actions réalisées à l’étranger ne fait que déplacer le problème et retarder une résolution globale de la crise, tout en confiant sa gestion au secteur financier.

Les classes dominantes des pays riches, dont la Suisse fait partie, ont pourtant une lourde responsabilité historique et actuelle dans au dérèglement climatique. De leur côté, les populations des pays du Sud global se retrouvent au premier rang des victimes. Dans une perspective internationaliste, réparer cette injustice passe donc, en plus de compenser l’ensemble des émissions suisses en Suisse, par des aides importantes aux pays dépendants, afin de faire face aux désastres écologiques.

Faire payer la finance, pas la population

Le dispositif de taxe sur le CO₂ visant à financer de très timides mesures écologiques est en soit un problème. Car ces taxes s’appliqueront uniformément à toute la population quel que soit le revenu, alors même les plus riches polluent globalement plus et que la pollution liée à l’importation des biens de consommation et l’impact climatique des secteurs les plus polluants restent complètement ignorés. Profondément antisociale, cette loi vise donc à faire payer la transition écologique aux plus précaires pour préserver les profits d’une petite minorité.

Les activités polluantes ont besoin de financements très importants au niveau mondial et une part conséquente d’entre eux passent par la place financière helvétique. Pourtant, cette dernière reste à l’abri de toute mesure contraignante, alors même que les émissions de gaz à effet de serre du secteur financier sont vingt-deux fois plus importantes que celles de toute la population suisse. Agir sur les émissions en Suisse sans prendre en compte les conséquences climatiques dramatiques de certains investissements, c’est refuser de traiter la partie la plus importante du problème. Les institutions financières et leurs investissements doivent donc être soumises aux mêmes objectifs de réduction des émissions. Il en va de même pour les sociétés multinationales dont le siège réside en Suisse et dont les émissions réalisées par leurs activités à l’étranger ne seraient pas prises en compte.

Refuser le «moindre mal» qui promet le pire

A l’opposé de ces fausses solutions, solidaritéS propose notamment le désinvestissement immédiat et obligatoire des institutions financières suisses contribuant au réchauffement climatique ou à la dégradation d’écosystèmes. Cet argent devrait être réinvesti de toute urgence dans un Fonds Climat afin de financer une transition écologique. Ce fonds devrait être alimenté non par des taxes, mais par une fiscalité différenciée et fortement progressive sur les énergies fossiles, sur le CO₂ contenu dans les produits importés, sur le trafic aérien et sur les entreprises helvétiques en fonction de leurs impacts climatique, environnemental et social.

Il est illusoire de penser résoudre la crise climatique sans s’attaquer au système profondément injuste qui la sous-tend. La crise écologique est une conséquence inévitable du capitalisme, qui ne peut survivre sans produire et gaspiller toujours plus. En renforçant les inégalités sociales sans identifier les causes profondes de la crise, la révision de la loi sur le CO₂ poussera la population à s’opposer à toute politique écologique, comme l’a rappelé le mouvement des Gilets jaunes en France.

En l’absence de telles mesures, solidaritéS se prépare donc à combattre cette loi avec toutes celles et tous ceux qui en partagent le constat. Pour le faire, solidaritéS agira aux côtés des jeunes mobilisé·e·s pour le climat depuis bientôt deux ans et se tient prêt, si cette option devait être retenue, à garantir le renvoi de ce texte législatif à son expéditeur par la voie du référendum.