Fête électorale dA Gauche toute! Lintervention de Nicolas Wuillemin
Fête électorale dA Gauche toute! Lintervention de Nicolas Wuillemin
commission des employésde La Boillat et principal porte-parole
des travailleurs et travailleuses de lentreprise de Swissmetal
durant leur grève, aujourdhui licencié, Nicolas
Wuillemin était un des intervenants de la fête
électorale organisée par «A Gauche toute!»
à Lausanne, le 10 février. Dans son intervention, il a
tiré un bilan de cette lutte inaboutie.
Ce que je vais vous résumer pourrait sintituler
«Une histoire de fous». Cest en tout cas ce que
pensent certaines personnes.
Notre dossier était excellent, nos revendications parfaitement
justifiées, notre détermination à la hauteur de la
situation. 30 jours dune grève exemplaire
décidée à la quasi-unanimité du personnel.
Exemplaire, par la très forte solidarité qui nous a unis.
Exemplaire encore, par le calme et la sérénité
dans laquelle elle sest déroulée. Exemplaire
toujours, par lintelligence, le courage et
labnégation dont ont fait preuve les grévistes.
Exemplaire enfin, par le formidable soutien en notre faveur
quelle a suscité.
Le démantèlement se poursuit
Aujourdhui, force est de constater que tout ce qui a
été entrepris, na en rien influencé la
politique de la direction et du conseil dadministration de
Swissmetal. Le démantèlement programmé de La
Boillat est en train de se réaliser et va sans aucun doute
encore être accéléré. Dautres
licenciements seront inévitables et sont déjà en
préparation. Je vous épargne les qualificatifs
nécessaires à la description de la situation très
difficile que vivent les ouvrières et ouvriers actuellement dans
lentreprise.
Nous avons fait le maximum, sommes allés le plus loin possible
avec le soutien de beaucoup de personnes pour ne pas en arriver
là, mais cela na pas suffit. Beaucoup a été
fait pour que nous puissions gagner, mais plus encore pour que nous ne
puissions pas gagner.
Je suis convaincu que nous ne devions pas gagner. Les milieux
patronaux, pourtant pas tous daccord avec la politique de
Swissmetal, ne pouvaient accepter que lon puisse obtenir gain de
cause par les moyens que nous avons utilisés, pour des raisons
évidentes que vous connaissez tous. Les milieux politiques,
à lexception de quelques personnes, leur ont
emboîté le pas pour les mêmes raisons et se sont
frileusement réfugiés derrière les lois pour
justifier leur «ponce-pilatisme».
Les syndicats quant à eux, sommés de toute part de faire
respecter la mythique paix du travail et empêtrés dans un
partenariat de plus en plus défavorable à la classe
ouvrière, nont pas eu laudace, alors que certaines
conditions existaient bel et bien, de sessayer à des
politiques de rupture dont notre mouvement aurait eu bien besoin. Dans
notre pays, un grand vide juridique est la cause principale de notre
impuissance à lutter au sein de nos
entreprises contre les terribles dégâts dus à la
financiarisation de ces dernières. Il est urgent de modifier et
de créer de nouvelles lois qui devront nous apporter les armes
nécessaires pour y remédier.
La défense de lemploi, un combat prioritaire
A ce jour, seuls quelques parlementaires de gauche se sont
manifestés par des interventions au niveau
fédéral. Parmi eux, Géraldine Savary, qui en juin
2006, dans un postulat déposé aux Chambres, propose de
compléter les lois existantes par, je la cite: «une
disposition visant à prévenir la faillite de
lentreprise et son insolvabilité par lobligation
pour lemployeur daccepter des offres de reprise avant
procédures en exécutions forcées»ce qui veut
dire en termes moins techniques, que lon pourrait dans certaines
circonstances bien précises obliger un entrepreneur à
accepter des propositions dachat de son entreprise. Dans une
motion déposée au mois de mai de la même
année, Joseph Zisyadis a proposé que la
Confédération exerce «un droit de préemption
sur les actions de Swissmetal»
Une pétition sur ces mêmes droits de préemption a
été déposée à votre chancellerie
cantonale le 12 septembre 2006. Une deuxième partie de cette
pétition prie vos autorités exécutives
dintervenir auprès de la Confédération,
pour modifier le droit des sociétés par
limpulsion dune initiative parlementaire. Dautres
solutions, comme, par exemple, des droits dexpropriation quand
il sagit dutilité publique, doivent être
étudiées. Tout cela peut paraître utopique, mais
nest pas impossible. Un meilleur avenir pour toutes les
travailleuses et travailleurs de ce pays en dépend. Les luttes
contre les fermetures dentreprises, les délocalisations
et les suppressions demplois et dune façon plus
générale celles pour une meilleure qualité de vie
et une meilleure protection sociale, doivent sinscrire dans les
combats prioritaires des partis et forces de gauche dans ce pays.
Ces batailles ne pourront être gagnées que dans
lunion de toutes ces forces et obligatoirement par la
conquête du plus grand nombre de majorités de gauche dans
les exécutifs cantonaux et communaux de ce pays,
majorités soutenues et portées par une classe
ouvrière révoltée, combative et solidaire.