Contre la guerre US, l’Angleterre dans la rue

Le soutien apporté de plus en plus crûment par Blair à une «attaque préventive» des Etats-Unis contre l’Irak (appuyée si possible par le Conseil de Sécurité de l’ONU) menace de déclencher une crise politique en Angleterre. Une large coalition appelle à manifester dans les rues de Londres, le 28 septembre.

Tout d’abord, le Labour paraît profondément divisé, face à une «opinion publique» majoritairement opposée (à 2 contre 1). Ainsi, les anciens travaillistes donnent de la voix et trouvent même des alliés de circonstance au sein du «New Labour»: une majorité des parlementaires du Labour font de la résistance et des membres du gouvernement ne cachent pas leurs réticences…

Les syndicats contre la guerre

La Conférence annuelle des syndicats (Trade Union Congress) a connu une journée d’ouverture agitée, le lundi 9 septembre. La discussion portait sur un refus conditionnel (si l’Irak rejette toute mission de contrôle et que l’appui de l’ONU fait défaut) ou inconditionnel (dans tous les cas) d’une «guerre préventive». Bien que la résolution la plus radicale ait été battue par une courte majorité (les délégué-e-s votent au prorata du nombre de membres de leur syndicat), la plupart des interventions ont dénoncé vigoureusement les préparatifs guerriers.

Aucune confiance dans l’ONU

Rappelons que le Conseil de Sécurité de l’ONU a autorisé la guerre du Golfe de 1991, au cours de laquelle 100000 Irakien-ne-s ont été tués. L’ONU a aussi donné son accord à des sanctions contre ce pays, qui ont entraîné la mort de quelque 600000 enfants depuis 1992. Qui peut aujourd’hui conférer la moindre autorité politique et morale à son Conseil de Sécurité, où les Etats-Unis règnent en maîtres?

Quel crédit apporter aussi à la Russie de Poutine, qui écrase la Tchétchénie, ou à la Chine de Jiang Zemin, qui occupe le Thibet, réprime ses opposant-e-s et opprime ses minorités nationales et religieuses? Les Etats-Unis viennent d’ailleurs de rajouter le Mouvement islamiste du Turkestan oriental sur la liste des organisations terroristes, ce qui permet à Pékin de justifier une politique de terreur d’Etat contre les 5 milllions d’Uiguhrs chinois. Que penser enfin de l’«indépendance» de l’Angleterre de Blair ou de la France de Chirac, qui entendent seulement défendre leur part du gâteau pétrolier?

Dans la rue le 28 septembre

Ainsi, le Secrétaire général du syndicat du rail RMT, Bob Crow, a lancé: «Si Blair suit Bush dans cette course au pétrole et que cela débouche sur plus de civils tués, ils seront considérés par des millions de personnes comme des criminels de guerre. Tout le monde devrait participer à la manifestation du 28 septembre. Si la guerre éclate, il devra y avoir des manifs de masse autour des bases militaires». De même, le Secrétaire général du syndicat des journalistes NUJ a-t-il déclaré: «Si la justice était en cause, nous discuterions d’envoyer des troupes pour mettre fin à l’occupation israélienne du territoire palestinien (…) Toutes et tous dans la rue le 28 septembre!» (cités par le Socialist Worker du 14 septembre).

La manifestation du 28 septembre promet de rassembler un grand nombre d’opposant-e-s à la politique belliciste de Bush-Blair. Elle aura des répercussions nationales et internationales importantes. Elle devrait aussi peser lourd sur l’avenir des mobilisations anti-guerres an Angleterre.