Couchepin va-t-en guerre... son nez sallonge
Couchepin va-t-en guerre… son nez sallonge
Une «Bérézina du système social», cest ainsi que le conseiller fédéral Pascal Couchepin, qualifie, dans un récent entretien à la presse, un éventuel refus par le peuple de la révision de lassurance-chômage le 24 novembre prochain. Pinocchio et son nez peuvent en prendre de la graine
En guise darguments, des contre-vérités, assorties dattaques en règle contre les femmes, les étrangers et les jeunes qui profiteraient aujourdhui abusivement des prestations de lassurance chômage. Démagogie dont les accents sont en tous points identiques à ceux utilisés par les partisans de linitiative UDC ou dun durcissement de la politique dasile, à la sauce du Conseil fédéral, contre les requérant-e-s dasile qui «abuseraient» de la procédure dasile.
Couchepin stigmatise tour à tour les étrangers qui «
vont jusquau bout de leurs droits au chômage, probablement avant de rentrer dans leur pays
», les jeunes de moins de 30 ans pour lesquels «
maintenir un droit à une durée dindemnisation très longue nest pas forcément la meilleure solution
» et les femmes qui , selon les calculs du Secrétariat dEtat à léconomie (Seco), seront pourtant touchées à raison de 20% de plus que les hommes par la réduction de la durée maximale dindemnisation.
Relevons par ailleurs que lentrée en vigueur de cette réduction aura pour effet quune personne sur cinq au chômage, âgée de 40 à 55 ans, perdra plus rapidement son droit à des indemnités, devenant alors tributaire du soutien de lassistance sociale.
Quant aux chômeuses et chômeurs de plus de 55 ans, le conseiller fédéral affirme quelles-ils «
gardent leurs deux ans dindemnités
», comme si leurs droits nétaient pas mis en cause par la révision! Véritable mensonge par omission: certes, ils-elles conservent un droit à 520 indemnités journalières, mais à condition davoir cotisé au moins 18 mois, soit six de plus quactuellement. Or lon sait bien que les personnes de plus de 55 ans qui perdent leur emploi rencontrent de très grandes difficultés à trouver un nouvel emploi de longue durée.
A force de distiller des propos xénophobes, le gouvernement fait le lit de linitiative UDC contre le droit dasile. Cette initiative priverait la très grande majorité des requérant-e-s dasile du simple accès à une procédure permettant un examen des motifs pour lesquels ils-elles ont dû fuir leur pays. Certes, nombre de mesures figurant dans cette initiative sont dores et déjà appliquées. En matière dasile, la Suisse est en effet une très une bonne élève de lUnion européenne, jouant même parfois un rôle précurseur en matière dexécution des renvois.
Le nouveau projet de révision de la loi sur lasile, présenté dans la campagne par le Conseil fédéral comme un «contre-projet» à linitiative UDC, reprend, en les formulant de manière plus praticables, certaines propositions de linitiative, en particulier celles concernant le renvoi préventif vers un Etat tiers. Même si les autorités ont toujours entretenu, dans leurs discours et leur politiques, le racisme et la xénophobie, à moins dune année des élections nationales, elles ne souhaitent pas faciliter une victoire de lUDC qui représenterait un véritable boulevard électoral pour ce parti.
La récession économique qui sannonce, en particulier la multiplication des annonces de licenciements, suscite chez les jeunes, les salarié-e-s, les retraité-e-s, de nombreuses craintes et interrogations: le système capitaliste sous son vernis néo-libéral, prend leau de tout part!
Notre refus, le 24 novembre prochain, de la dégradation des prestations de lassurance chômage et de linitiative UDC contre le droit dasile, sinscrit dans la perspective de renforcer les luttes collectives pour la reconnaissance des droits sociaux, pour le respect des droits humains et la dignité de chaucune et chacun.
Jean-Michel Dolivo