Au coeur de Genève, les Amazones s’installent

Lestime, la communauté lesbienne de Genève, anciennement Centre Femmes Natalie Barney, reléguée pendant quatre ans dans la zone industrielle du Lignon, a inauguré ce samedi 30 novembre ses nouveaux locaux au cœur des Grottes, au lendemain du message du Conseil fédéral sur le partenariat enregistré. Quel symbole!

Ce nouveau nom, ce nouvel emplacement, c’est une affirmation de la place que l’on doit occuper dans la cité et de notre engagement citoyen. Parce que nous avons besoin d’affirmer cette estime de soi mais également de proposer un lieu protégé à toutes celles qui ne peuvent pas encore vivre à part entière et sans risque leur homosexualité.

Un lieu lumineux

On entre de plein pied dans cet endroit accueillant, sis au 5 rue de l’Industrie, juste derrière les cinémas des Grottes. Et le public ne s’y est pas trompé, lui qui s’est pressé en nombre à cette inauguration.

Un petit bureau fief d’Eliane, la permanente, un coin salon, une cuisine ouverte et même une terrasse, qui pourra accueillir quelques tables les longues soirées d’été. Aux murs des photos signée Ariane Arlotti, corps à corps discrets de femmes dénudées où fruits et légumes donnent une touche de couleur originale. L’escalier mène au sous-sol qui abrite le centre de documentation où trônent les morceaux choisis de la littérature lesbienne, des revues, des livres d’histoire du mouvement et des films incontournables, toutes ces œuvres sélectionnées durant des années. Un grand écran de télévision et une table de billard complètent le décors. «On s’y sent comme à la maison», «C’est chaud, lumineux», «Vraiment une réussite». Enfin ! Pour nous qui avions rêvé ce lieu, les sourires et les regards de toutes celles qui le feront vivre, c’est notre récompense.

Place à la fête

Puis Anita Cuénod et Albert Rodrik, véritables soutiens de l’association, prononcent leurs discours. Place ensuite au buffet où se succéderont au fil des heures un chassé-croisé permanent: nos ami-e-s et collègues des autres associations homosexuelles, les représentantes des associations féminines et du Service pour la promotion de l’égalité, des élu-e-s, des ami-e-s, des parent-e-s, des militant-e-s se succèdent… Aucun temps mort dans ce perpétuel ballet, jusqu’au soir où une trentaine de femmes se réunissent autour d’une fondue mongole à l’Aiglon, sympathique café-restaurant du quartier des Pâquis. Fred la DJ termine cette soirée en apothéose en faisant danser une clientèle hétéroclite, où dominent toutefois largement les lesbiennes. Les regards étonnés des clients habitués de l’Aiglon, mais aucune fausse note, les lesbiennes prennent calmement mais sûrement leur place au cœur de la ville, ce qui est de bonne augure pour le future de Lestime.

Catherine GAILLARD

Lestime

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