La droite a une dent contre la santé des Vaudois·e·s

La question du remboursement des soins dentaires fait rage au Grand Conseil. Le parlement débat actuellement du contreprojet à l’initiative «Pour le remboursement des soins dentaires» lancée par solidaritéS et le POP en 2014. Présenté par le Conseil d’Etat au mois de mars 2017, le contreprojet a été transformé en coquille vide par la droite lors des débats préalables en Commission. Ne contenant plus aucune mesure conséquente, il pourrait perdre le soutien du Conseil d’Etat. C’est en tout cas la revendication du comité d’initiative.

Verity Cridland

Un bruit court dans la salle des pas perdus du Grand Conseil vaudois: la période de la sacro-sainte politique des «compromis dynamiques» serait révolue. En tout cas, elle ne résistera pas à la campagne de votation sur l’initiative populaire cantonale «Pour le remboursement des soins dentaires.» Alors que la votation aurait déjà dû avoir lieu – le Conseil d’Etat ayant dépassé le délai constitutionnel de 2 ans – le parlement discute encore du contreprojet constitutionnel à l’initiative, présenté par le Conseil d’Etat au mois de mars de cette année (cf. solidaritéS nº 304).

Sans être à la hauteur des besoins urgents de la population en matière de santé bucco-dentaire, le contreprojet avait le mérite de présenter une série de mesures pour les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les personnes dites vulnérables.

Mais c’était sans compter sur le travail de ratissage du PLR et de l’UDC: ligne après ligne, ces partis ont littéralement vidé de sa substance le contreprojet, n’y laissant que des mesurettes comme l’encouragement de la prévention et du dépistage chez les jeunes ou l’aide financière aux personnes les plus vulnérables. Des dispositions déjà dans le cadre actuel et dont on peine à voir comment elles pourraient être renforcées par le contreprojet en l’état.

Vers un soutien du Conseil d’Etat à l’initiative

Face à ce constat, le comité d’Initiative demande au Conseil d’Etat de favoriser l’initiative au contreprojet alibi de la droite. Faux-semblant du projet initial, il ne fera qu’obscurcir le débat autour de l’initiative et n’apporterait aucune amélioration. Un compromis de dernière minute entre le gouvernement à majorité socialiste et verts et la majorité de droite du Grand Conseil sur un contreprojet amoindri serait un mauvais coup porté à la couverture des frais de santé bucco-dentaires de la population vaudoise.

Une campagne de votation focalisée sur l’initiative aurait l’avantage d’opposer deux visions claires en matière de santé publique. L’initiative propose de mettre sur pied une assurance publique qui prend en charge l’intégralité des frais de santé bucco-dentaire. Mesure de solidarité élémentaire, elle serait financée sur le modèle éprouvé des cotisations paritaires de l’AVS. Une contribution inférieure à 0,5 % du salaire des employé·e·s permettrait de subvenir à l’entier des besoins. La droite affirme pour sa part qu’il est urgent de ne pas agir, invoquant la fameuse «responsabilité individuelle». Quitte à ce que des personnes ne puissent plus se soigner pour des raisons financières, ou qu’elles sombrent dans la précarité pour être allées chez le ou la dentiste. Vous avez dit libéralisme? PC