Relance ou rechute ?

Les plans de réactivation économique ne manquent pas en période de déconfinement progressif. Pour une relance favorable à la majorité populaire, il faudra répartir la richesse.

Grève du climat, réunion et revendications
Élaboration collective des propositions de sortie de crise de la Grève du climat, mars 2020

Les pertes de salaires liées à l’horaire de travail réduit (RHT) ou à la disparition de l’emploi précaire plongent de nombreuses personnes dans la difficulté. Des bons alimentaires, des cornets avec des denrées de base sont distribués dans les quartiers populaires de Fribourg. Mais une aide de l’État n’est « pas prévue pour l’instant », selon le chef de service de l’action sociale.

Programme maximum

Du côté patronal, on est exigeant : « Le montant de 100 millions proposé par le Canton est insuffisant », déclare Chantal Robin, directrice de la Chambre de commerce et d’industrie. Et de réclamer une aide à fonds perdus de 20 millions versée directement aux entreprises. Alors qu’au début 2020 l’impôt sur le bénéfice est divisé par deux et l’impôt sur le capital par trois, le patronat en veut plus encore : des remises d’impôts, des possibilités d’amortissement extraordinaire, la constitution de provisions exceptionnelles, etc. Pour faire bonne mesure, la Chambre demande une aide au paiement du loyer pour les propriétaires de leurs propres locaux commerciaux. 

Deux lignes à l’Uni

Reiner Eichenberger est économiste et prof à l’Uni de Fribourg. Il propose une véritable rechute libérale. En gros, travailler plus longtemps (au-delà de 65 ans) et réduire les impôts pour « donner aux entreprises et aux personnes la marge de manœuvre dont elles ont besoin ». Victime de troubles de la vision, le prof estime que la Suisse a aujourd’hui déjà la plus forte progressivité fiscale d’Europe. Heureusement, Sergio Rossi, professeur de macroéconomie, développe d’autres propositions, qui ont largement inspiré le plan de relance du PS : compenser à 100 % les pertes de salaire dues à la RHT, octroyer un chèque mensuel de 1000 francs (durant un an) aux revenus disponibles inférieurs à 3000 francs. Ces propositions seraient accompagnées d’un impôt sur le bénéfice des entreprises aidées qui versent des dividendes et d’un impôt sur les successions de plus de 5 millions.

Relance populaire

Trois mesures peuvent compléter ce dispositif : améliorer la progressivité de l’impôt sur le revenu en faisant sauter le plafond de 13,5 % ; introduire une taxe corona sur les fortunes de plus de 1 million ; investir dans la transition écologique comme le demande la motion populaire de la Grève du climat. Pour le moment bien sûr, les classes exploiteuses donnent le ton. Mais cela peut changer.

Pierre-André Charrière