Enfin Un mariage pour tou·te·s en Suisse

Deux femmes s'embrassent, Varese Pride 2016

Après de nombreuses années à esquiver le sujet, le Conseil national a enfin voté sur la question du mariage pour tou·te·s, avec une issue on ne peut plus réjouissante. Si l’on s’inquiétait de voir un mariage au rabais sans PMA (procréation médicalement assistée) pour couples de femmes être voté plutôt qu’une vraie égalité, nous pouvons désormais souffler et partir du principe que les prochaines étapes législatives seront favorables.

Par contre, il est fondamental de penser à l’après le plus rapidement possible. Les discours  tel que « L’amour est plus fort que la haine » ou les appels à l’égalité de tous les couples ne peuvent pas nous porter éternellement. En effet, ils effacent les réalités des personnes les plus vulnérables dans nos communautés : les personnes trans, intersexes et non-binaires. Et ils ne remettent pas en cause l’organisation de notre société autour de la famille telle qu’elle est construite aujourd’hui.

Durant le confinement, les personnes les moins précaires et celles qui n’ont pas d’enfants ont pu remarquer au moins une chose. Elles ont eu plus de temps pour prendre soin d’elles et des autres, elles ont pu faire du pain, du yoga, du jardinage et bien plus.

Mais alors même que le mariage pour tous les couples arrive, il ne mène pas à une redéfinition de la répartition du temps de nos vies et du travail reproductif. Questionner ce travail, nécessaire pour s’occuper du foyer et de la famille, non-payé et essentialisé comme féminin par les capitalistes, est pourtant crucial.

Ainsi, acquérir l’égalité dans tous les couples et les familles n’est pas une simple question de mariage, c’est une question de redéfinition de la famille. Est-ce un noyau derrière des portes fermées où tous les moments pour nous et nos proches nous rendent plus précaires ? Est-ce une égalité acquise par la délégation du travail domestique (dans la grande majorité effectué par des femmes précaires issues de la migration) ?

Il est plus que nécessaire de critiquer le modèle économique qui crée ces tensions. Nous l’avons bien vu : toutes les politiques d’austérité, de dévalorisation des personnes « peu qualifiées », d’une santé qui coûte soit-disant cher ne sont que des écrans de fumée. Ce qui est essentiel dans notre société, c’est de prendre soin les un·e·s des autres. N’en déplaise aux actionnaires, assurances privées et autres capitalistes. 

Si nous voulons sortir de l’aliénation que nous subissons chaque jour, nous devons faire tomber les structures qui régissent nos rapports à nous-mêmes et aux autres. Il faut réinventer les modèles de communauté et de familles, réapprendre à vivre ensemble en dehors du modèle de la famille nucléaire. 

Sébastien Zürcher    Loredana Vial