Coopération et mobilité académique 

Le National s’oppose à des avancées en faveur de l’égalité et de la paix

La majorité de droite a balayé plusieurs amendements déposés par Ensemble à Gauche en faveur de la promotion de l’égalité femmes–hommes en matière de bourses d’études ainsi que de la mobilité des personnes d’origine modeste.

Viola Amherd et Isabelle Moret, selfie, 14 juin 2020, Kathy Rifkin
L’unité de façade affichée lors de la grève féministe disparaît bien vite lorsqu’il s’agit de toucher aux intérêts économiques.

 L ors de ce débat sur la révision totale de la Loi sur la coopération et la mobilité internationale en matière de formation, un amendement déposé par Ensemble à Gauche, et soutenu par une partie de la gauche, réclamait que la mobilité des femmes et des personnes d’origine modeste soit encouragée. Un autre amendement réclamait qu’au moins 50 % des bourses d’excellence distribuées avec un soutien fédéral bénéficient à des femmes.

Afin de garantir l’égalité des chances inscrite dans la Constitution fédérale, il est essentiel de prévoir des mesures clairement incitatives visant à privilégier des mécanismes de discrimination positive. La mobilité est l’un des multiples facteurs qui, à la suite d’une formation, permet de trouver plus facilement des débouchés dans le monde du travail.

Ces arguments ne sont pas parvenus à convaincre un Parlement sourd à l’égalité. Le premier a été rejeté par 126 voix contre 64 et 1 abstention. Quant au second, seul·e·s 67 élu·e·s l’ont soutenu tandis que 125 s’y sont opposé·e·s.

Exclure la défense, l’armement et les domaines nuisibles aux droits humains de la coopération
Ensemble à Gauche a également déposé un amendement réclamant l’exclusion de la coopération internationale et de la mobilité des domaines de la défense et de l’armement ainsi que de l’ensemble des domaines pouvant porter atteinte aux droits humains. La neutralité suisse ne peut pas se résumer à un concept à géométrie variable ! Collaborer avec les universités militaires de certains pays engagés dans des conflits et qui se voient reprocher de violer des droits humains ou des traités internationaux, dont la Suisse est en plus potentiellement dépositaire, est hautement problématique.

Nous avons cité au Parlement l’exemple d’universités romandes ayant signé des conventions avec l’Université hébraïque de Jérusalem, qui forme l’élite de Tsahal. L’armée israélienne, qui occupe la Palestine, et est responsable de nombreuses violations des droits humains, fréquemment dénoncées par l’ONU et de nombreuses ONG. Elle est notamment coupable de perpétuer le régime d’apartheid qui règne de part et d’autre de la frontière.

Fidèle à la tradition helvétique de soutien indéfectible aux pays impérialistes, le Conseil national a sèchement rejeté cette proposition par 143 voix contre 44, et 1 abstention. Seul·e·s les Vert·e·s et une partie du groupe socialiste l’ont soutenue. EàG poursuit sa lutte en faveur de l’égalité et d’un monde plus juste !

Stefanie Prezioso

Pas d’embellie en vue
pour l’égalité salariale

Lors de cette session parlementaire, Stéfanie Prezioso est également intervenue pour défendre une motion, initialement déposée par la socialiste Min Li Martin dans le cadre de la modification de la loi sur l’égalité. Le texte prévoit des sanctions renforcées en cas d’inégalité salariale entre femmes et hommes lors d’une deuxième infraction.

L’idée serait d’ajouter un article visant à inscrire dans la loi le fait quel « L’employeur auprès duquel […] une discrimination salariale à raison du sexe est constatée un an après la constatation d’une première discrimination de ce type, est puni d’une amende de 40 000 francs au plus ».

Rappelons que la révision de la loi sur l’égalité entrée en force en juillet dernier, ne concerne qu’une toute petite partie des entreprises (celles de plus de 100 employé·e·s – 0,9 % des entreprises) et touche moins de la moitié des employé·e·s (46 %).

Le vote n’a pas encore eu lieu à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais il est prévisible que, malgré toutes ses limites, cette motion ne passe pas la rampe.

Lorsqu’il s’agit de toucher aux intérêts économiques, les références des principaux partis à la grève des femmes/féministes de juin 2019 disparaissent sous toute une série de considérations autre prétendument prépondérantes.

Lors de cette même session, le Conseil national refusait également une initiative parlementaire visant à prolonger la durée de protection contre le licenciement des femmes au retour de leur congé maternité. Le chemin vers l’égalité réelle est encore bien long…