Loi CO2

Non à une révision qui épargne les véritables responsables de la crise climatique

Ensemble à Gauche s’oppose à la loi sur le CO₂, retouchée à la marge par les Chambres ces dernières sessions, et la combattra aux côtés des militant·e·s de la Grève Climat. Le dérèglement climatique appelle des mesures rapides et à fort impact sur les émissions de gaz à effet de serre.

Rise up for change, évacuation de la place fédérale le 23 septembre 2020
Le Parlement vote la loi sur le CO₂, les manifestant·e·s sont chassé·e·s de la place fédérale… Berne, 22 septembre 2020.

Les objectifs fixés restent bien en-deçà de ce qu’exige l’urgence climatique. La loi CO2 ne fait pas porter le poids de la transition écologique sur les responsables de la crise. Multipliant les taxes à la consommation, elle cible plutôt la population que les entreprises et les multinationales. La place financière pollue bien plus que la population, mais on épargne les banques. Or, de 2016 à 2019, Crédit Suisse a prêté 75 milliards à la filière des fossiles. UBS a multiplié par neuf ses investissements dans le charbon l’an dernier. Trois quarts des grandes caisses de pension suisses sont sans politique climatique et investissent encore dans les fossiles. Et la BNS est responsable de 43,3 millions de tonnes d’émissions de CO₂ par an, soit quasi autant que la Suisse entière.

Une loi socialement injuste

Bien que prévoyant une rétrocession de deux tiers de taxes (avions, mazout, essence…) à la population et aux entreprises, la loi est socialement injuste. Elle péjorera le budget des moins riches, sans effets sur les dysfonctionnements systémiques. Le prix de l’essence augmentera, comme celui des billets d’avions, sans pour autant dissuader les privilégié·e·s de polluer massivement. Et les propriétaires pourront répercuter la hausse du prix du mazout ou les travaux pour isoler les bâtiments sur les loyers.

La bourse du carbone : un déni de responsabilité

La loi pérennise la « bourse » du carbone, qui permet aux entreprises des pays riches d’acheter des « droits de polluer » et les mécanismes de « compensation » qui permettent d’externaliser les émissions vers des pays pauvres. Ce mécanisme déplace le problème et retarde une la solution à la crise. Pour nous, les réductions des émissions doivent être faites exclusivement en Suisse. Si la Suisse doit participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les pays souffrant du réchauffement sans en être responsables, elle ne peut le faire en évitant sur son territoire la neutralité carbone en 2030.

Une loi qui offre une bonne conscience écologique à l’économie

Si la droite du Parlement s’est opposée à une loi qui va, dit-elle, trop loin, nous l’avons refusée, seuls à gauche, pour les raisons inverses. Vert·e·s et PS ont défendu une loi « qui va dans le bon sens ». Mais ces quelques demi-mesures positives offrent une bonne conscience écolo à bon compte à la majorité politique et aux milieux économiques… tout en refermant le débat sur la crise climatique pour longtemps. Or EàG veut ce débat dès à présent pour identifier les responsables et déboucher sur des mesures fortes et obligatoires !

Julien Repond