La colère gronde contre l’austérité «de gauche»

La colère gronde contre l’austérité «de gauche»



Plus de 1000 personnes à la
manif aux flambeaux organisée par le Mouvement du 20 mai (date
de la première manifestation contre
l’austérité de gauche),à la veille du vote
relatif au budget 2007! Un succès qui témoigne du
ras-le-bol, mais aussi de la volonté de ne pas céder
devant les politiques néolibérales.



Lors de l’appel à la manifestation, nous avions senti
déjà un large soutien dans la population.
Organisée par une dizaine d’associations, dont
Solidarités, le POP, Attac, les syndicats et associations du
personnel de l’Etat, l’Association de défense des
chômeurs, la Marche mondiale des femmes, et soutenue par
l’Union Syndicale Cantonale et les Verts, cette manifestation
appellera d’autres actions, car réduire le budget de
l’Etat de 10% comme le programme l’actuel gouvernement ne
se fera pas sans dégâts sur le dos des employé-e-s
du secteur public et des usagers.

L’année 2006 a été un choc dans le canton de
Neuchâtel, en particulier pour toutes celles et ceux qui –
avec ou sans salaire – ont besoin d’aide sociale pour
vivre. Qu’un gouvernement majoritairement «de
gauche», appuyé par un Parlement aussi majoritairement
«de gauche», puisse prendre des mesures drastiques de
baisse des prestations sociales (de 5 à 10%) ne passe pas
inaperçu. La réduction des dépenses de
l’Etat (-10% en 4 ans), déjà largement
engagée et conforme au slogan radical «moins
d’Etat», produit des effets désastreux.

Les hôpitaux voient leurs moyens diminuer

A l’heure où de plus en plus de personnes pauvres ne
peuvent plus payer leurs assurances maladie et n’ont
d’autre choix que de se rendre dans les polycliniques des
hôpitaux publics, c’est le débordement dans les
services et les salles d’attente. Dans ce contexte, la fermeture
de la maternité de Couvet a fait l’effet d’un coup
de tonnerre au Val-de-Travers, région excentrée et
défavorisée; la riposte est engagée, et
c’est de la résistance des habitant-e-s que
dépendra l’issue du bras de fer. Tous les hôpitaux
du canton visés par les fermetures d’unités ont
réagi (Le Locle, la Chaux-de-Fonds, Val-de-Travers, la
Béroche), mais ces décisions sont maintenant du ressort
du Conseil d’administration, le Grand Conseil étant
réduit à voter un budget qui sera amputé de 25
millions, et qui fait consensus du centre-gauche à la droite.

1000 jeunes à l’aide sociale

Environ 1000 jeunes de moins de 30 ans dépendent
entièrement de l’aide sociale dans le canton de
Neuchâtel. La majorité de ces jeunes filles ou
garçons en situation de travailler, cherchent
désespérément une situation professionnelle qui ne
soit pas une galère. Pour répondre à ce
défi, Solidarités a été à
l’initiative d’un projet de loi de PopVertsSol demandant le
droit à un emploi, à un stage qualifiant ou à une
formation pour toute personne qui le demande, financé par une
taxe sur les entreprises. Le Conseil d’Etat, conscient du
problème, a émis en octobre un projet de loi instituant
lui aussi une taxe sur les entreprises pour financer la formation et
l’insertion professionnelle des jeunes.

Face aux hauts cris du patronat neuchâtelois, le recul a
été rapide. Plus question de taxe, mais d’une
promesse des entreprises d’engager 150 jeunes à
l’aide sociale. C’est s’en remettre à la
conjoncture; si elle est bonne le nombre de personnes au chômage
ou à l’aide sociale va décliner, si elle plonge, il
va augmenter. Le conseil d’Etat peut certes encore prier pour une
meilleure conjoncture. Mais les jeunes ne méritent-ils pas mieux?

Retraites anticipées ou réductions de postes

Le Conseil d’Etat a négocié avec les syndicats un
plan de retraite anticipée qui devait coûter 25 millions.
Celles et ceux qui sont en âge de pouvoir
bénéficier de la retraite anticipée attendent
cette loi avec impatience, car les conditions de travail se sont
durcies à un point qui décourage même les
meilleures volontés. Mais là encore, devant les
levées de bouclier de la droite, le projet de retraite
anticipée, pour être maintenu, a dû être
accompagné d’un principeinacceptable: deux tiers des
postes des départs en retraite ne seront pas remplacés.
Le coût du projet est ramené à 5 millions. Dans le
langage courant cela s’appelle un plan de licenciements avec
accompagnement social… Pour celles et ceux qui resteront, cela
signifiera le même travail avec encore moins de personnes.

Le budget soumis au Grand Conseil les 5 et 6 décembre devrait
donc donner satisfaction à la droite, car il respecte le dogme
des réductions, même s’il revient partiellement sur
les coupes qui avaient provoqué le plus grand scandale (subsides
aux assurances maladie et prestations complémentaires). Le
groupe PopVertsSol a déposé une série
d’amendements:

  • Le maintien d’un impôt extraordinaire sur les
    fortunes à hauteur de 4,5 millions de rentrées fiscales
    (limite légale du frein à l’endettement)
  • L’utilisation de ces rentrées pour restaurer
    entièrement toutes les prestations sociales coupées en
    2006.
  • Le rétablissement du budget de la culture (+ 800 000 francs).
  • Le maintien des prestations des transports publics.
  • La garantie de l’avenir du jardin botanique de Neuchâtel.

Le Parti Socialiste soutiendra-t-il ces amendements ou fera-t-il le
choix de s’allier avec la droite? Réponse au Grand
Conseil. Une chose est sûre: si ces amendements ne passent pas la
rampe, Solidarités ne votera pas ce budget.

Henri VUILLIOMENET

solidaritéS ne votera pas le budget

Réuni en assemblée
générale mercredi 22 novembre, le mouvement
solidaritéS a décidé de refuser le budget 2007 en
l’état actuel, car il poursuit une politique de
régression sociale malgré la bonne conjoncture
économique. Les excellents résultats des entreprises
neuchâteloises ne se traduisent pas dans ce budget. Au contraire.
Le Conseil d’Etat n’a pris aucune mesure fiscale nouvelle
pour rétablir une plus grande justice face à
l’impôt et il cède systématiquement face
à la droite qui joue habilement sur les règles du frein
à l’endettement pour bloquer toute proposition favorable.
Sur des questions aussi essentielles que la recherche de solutions pour
une véritable insertion des jeunes qui sont à
l’aide sociale ou sur le projet de retraite anticipée dans
la fonction publique, le Conseil d’Etat laisse la droite
défigurer ses propositions initiales et réduit à
vue d’oeil les prestations de l’Etat. solidaritéS
refuse de soutenir cette politique de capitulation et appelle toute la
population à se mobiliser le 1er décembre contre toutes
les mesures injustes inscrites dans le budget 2007  (réd.)