Lausanne, refuge de Saint-Laurent. La lutte continue !

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Depuis le 8 mars, cinq mi­grant·e·s d’origine érythréenne et éthiopienne ont trouvé refuge à l’église St Laurent à Lausanne. Soutenus par un vaste mouvement de solidarité, ils·elles refusent d’être renvoyés en Italie, renvoi qui aurait dû intervenir sur la base de l’application des Accords de Dublin. L’Italie n’offre en effet aucune possibilité réelle d’accueil : ni l’hébergement, ni l’accès aux soins ou à l’alimentation n’y sont garantis. Les risques de violence à leur égard sont importants. Le 31 mars, le parlement vaudois a rejeté une résolution de l’UDC (69 voix contre, 60 pour, et 3 abstentions), soutenue par le parti libéral-radical, demandant l’application stricte des Accords de Dublin à ces mi­grant·e·s, et leur renvoi immédiat en Italie.

Le 1er avril, une délégation du Collectif R, à l’origine de cette action, ainsi que les cinq mi­grant·e·s concernés, ont rencontré une délégation du gouvernement vaudois, composée du ministre en charge du dossier d’asile, le libéral-­radical Philippe Leuba, et du président du Conseil d’Etat, le socialiste Pierre-Yves Maillard. Lors de cette réunion, le Conseil d’Etat a annoncé qu’il entendait effectuer des vérifications auprès de l’administration fédérale quant aux conditions faites aux personnes renvoyées en Italie dans le cadre des Accords de Dublin. Il s’agit de s’assurer que la prise en charge proposée soit effective, à la fois au niveau de l’hébergement et des prestations de base.

En revanche, le Conseil d’Etat n’entend pas décréter un moratoire sur l’application des Accords de Dublin et les renvois en Italie, comme le demande le mouvement de soutien qui s’est développé autour du refuge. Le président du gouvernement a indiqué par ailleurs que les témoignages des cinq mi­grant·e·s, qu’il venait d’entendre lors de cette séance, apportent un élément nouveau, à savoir l’existence d’éventuels motifs de santé s’opposant à un renvoi. Sur la base d’un dossier médical motivé, le canton pourrait examiner si Berne peut faire valoir la clause de souveraineté. Il a précisé que la seule compétence du canton était celle de faire usage ou non de la contrainte et que le Conseil d’Etat entend avoir une approche retenue d’un tel usage, surtout dans des cas humanitaires.

Cette prise de position, même si elle ne répond de loin pas, ni aux attentes des mi­grant·e·s concernés, ni à celles du mouvement de soutien, est un petit pas dans la bonne direction. La poursuite de la lutte s’impose, pour obtenir de réelles garanties quant à une entrée en matière, sur le fond, sur les demandes d’asile des cinq mi­grant·e·s de St Laurent et un moratoire sur les renvois en Italie.

 

Jean-Michel Dolivo