Initiative pour le droit à un salaire minimum, on fonce!
ATTAC-Vaud, Comedia, syndicat des médias, région Suisse-romande, le syndicat SUD, POP&Gauche en mouvement/AGT et solidaritéS Vaud/AGT ont lancé ensemble, le 4 avril 2008, sur le plan cantonal, une initiative populaire pour le droit à un salaire minimum (feuille de signatures ici). L’initiative demande l’inscription dans la Constitution vaudoise d’un droit au salaire minimum, «afin que toute personne exerçant une activité salariée puisse disposer d’un salaire lui garantissant des conditions de vie décentes». Pour les initiants, l’objectif est la fixation par la loi d’un salaire minimum de 3500 net par mois, treize fois par an. L’initiative doit recueillir 14’000 signatures, d’ici à fin juillet prochain.
Pour stopper la spirale vers les bas des salaires !
Selon les statistiques officielles (2006), 320000 salarié-e-s, soit 10,2% de la main-d’œuvre, touchent en Suisse un salaire mensuel d’environ 3215 frs net. Plus de deux tiers de ces emplois sont «réservés» aux femmes. Ainsi, près d’un cinquième de toutes les femmes salariées doivent se contenter de bas salaires. Dans le canton de Vaud, les statistiques montrent qu’il existe mensuellement «un décalage de cent à deux cent francs en moins» par rapport aux chiffres nationaux.
Lors de la conférence de presse qui annonçait le lancement de l’initiative, Philippe Sauvin, secrétaire syndical de La Côte, de «l’autre syndicat» a présenté la réalité des bas salaires dans une série de secteurs professionnels:
Françoise Pitteloud, enseignante spécialisée et ancienne conseillère nationale, a souligné que la fixation d’un salaire minimum légal constitue d’abord une nécessité pour toutes celles et tous ceux qui travaillent, mais sont dans l’obligation de demander une complément de revenu à l’aide sociale pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille (les working poor). Dès lors que ce sont les collectivités publiques qui doivent passer à la caisse pour compléter des salaires de misère verser par certains employeurs, tous les salariés sont concernés: ils contribuent à financer par leurs impôts ces compléments de salaire!
Claude-Alain Frund, syndicaliste à Comedia, a relevé la complémentarité de la lutte à mener pour la fixation de salaires dans les conventions collectives (CCT) et dans la loi. Seul·e·s 40% des salarié-e-s travaillent dans des secteurs où il existe une CCT. Il a mentionné l’explosion du nombre de jobs mal payés dans des secteurs en développement, comme l’informatique ou la communication. Les salaires à l’embauche y sont très souvent misérables.
Salaire minimum légal, bras de levier pour contrer la pression à la baisse des salaires
Un salaire minimum légal constitue un salaire plancher. Son inscription dans la loi facilitera, dans les différents secteurs professionnels et dans les entreprises, des batailles à mener pour obtenir des augmentations de salaire. Alors que les employeurs tentent par tous les moyens d’avoir les mains libres pour fixer à leur guise les salaires – la dénonciation de la CCT nationale dans le bâtiment poursuivait également cet objectif – le succès de l’initiative «pour le droit à un salaire minimum» contribuera à améliorer un peu les rapports de force, dans un bras de fer particulièrement inégal aujourd’hui !
Jean-Michel Dolivo