CCT de l'installation électrique

CCT de l'installation électrique : Face à l'intransigeance du patronat, renforcer la mobilisation

La campagne de renouvellement de la CCT nationale de l’installation électrique bat son plein. Le Comité d’action des électriciens d’Unia Vaud (CAEV) appelle les salarié·e·s de la branche à manifester massivement le mardi 12 juin prochain, pour défendre et promouvoir leurs conditions de travail.


Manifestation des «électros», Zurich, 19 mai 2018

L’objectif du rassemblement du 12 juin est de donner un écho local à la campagne nationale et de montrer au patronat vaudois (et national) que les électriciens en ont assez d’être les parias du bâtiment. Les électros ne valent pas moins que les peintres, les menuisiers ou les maçons. Ils veulent des augmentations de salaire, une CCT renforcée, protectrice face à la concurrence brutale et à la guerre des prix que se livrent les entreprises.

400 manifestants à Zurich: les électros sortent de l’ombre

Le 19 mai, 400 électriciens, dont 30 vaudois, ont manifesté à Zurich dans le cadre d’une action nationale coordonnée par les centrales d’UNIA et de SYNA, pour protester contre la volonté patronale de détériorer la CCT. Les manifestants ont montré que les travailleurs·euses de l’électricité sont mobilisés et ne subiront pas les attaques patronales sans réagir.

Les négociations ont commencé en début d’année, la CCT arrivant à échéance au 31 décembre 2018. L’USIE (voir encart) a posé des revendications extrêmes: augmentation de la durée du temps de travail hebdomadaire de 40 à 44 h, suppression du paiement des temps de déplacement professionnel dans un rayon de 30 km autour du siège de l’entreprise, suppression du supplément de 25 % concernant le solde annuel des heures supplémentaires accumulées en cours d’année, baisse du salaire des jeunes diplômés en apprentissage, limitation des droits syndicaux, etc.

Depuis le mois de mars, les syndicats répondent à cette attaque par une campagne de terrain afin d’informer les salarié·e·s et de sonder leurs réactions. Une pétition syndicale diffusée sur Internet et sur les chantiers, pour exiger une revalorisation importante du métier d’électricien et de la formation professionnelle dans la branche, a récolté 4474 signatures en quelques semaines. Une délégation syndicale les a remises aux représentants patronaux à l’issue de la manifestation du 19 mai à Zurich.

L’USIE reculera-t-elle…

A cette occasion, la direction de l’USIE a déclaré renoncer à la semaine de 44 heures. Un recul patronal en matière d’augmentation du temps de travail serait assurément une première victoire d’étape. Il faut toutefois rester prudent et attendre la prochaine séance de négociation pour obtenir une confirmation officielle de l’information et connaître les éventuelles contreparties exigées par le patronat.

L’USIE précise en outre dans son communiqué «qu’il est impératif que les partenaires sociaux respectent les règles convenues et courantes lors de négociations contractuelles». Autrement dit, que les négociations se déroulent dans le respect de la paix absolue du travail, sans campagne syndicale sur les lieux de travail, ni actions, ni mobilisations des travailleurs·euses. La prochaine action syndicale servira-t-elle de prétexte à l’USIE pour imposer une rupture ou un gel des négociations?

…ou voudra-t-elle imposer sa logique ultralibérale?

Comme partout, les patrons sont à l’offensive. Ils s’attaquent au salaire direct et indirect, réclament des augmentations du temps de travail et plus de flexibilité horaire. Le marché suisse de la construction ne connaît pas la crise. Le marché de l’électricité subit des mutations mais demeure florissant. Il y a beaucoup de travail aujourd’hui et les perspectives d’avenir, liées notamment à la transition écologique de l’économie, sont énormes. Plus que jamais, pour rester attractifs et performants, les métiers de l’électricité doivent êtres revalorisés et les filières de formation développées et soutenues.

Tout le contraire de ce que propose l’USIE qui, face au renforcement de la concurrence interne et internationale entre les entreprises, invite ses membres à maintenir leurs taux de profit en appliquant une politique de réduction massive des coûts de la main d’œuvre. Par une baisse de salaires, une augmentation du temps de travail, de la productivité horaire et de la pression sur les délais. L’USIE promeut donc auprès de ses membres des modèles d’affaire fondés sur la production en flux tendus avec externalisation des tâches, sous-traitance en cascade et utilisation massive de salarié.e.s précarisés (temporaires, détachés, indépendants).

La résistance doit se renforcer.

L’action organisée à Zurich était un premier moment important de la campagne. Les électros sont sortis de l’ombre au niveau national et se sont fait entendre. Plus personne, ni dans le champ patronal, ni dans le champ politique, ne peut ignorer leurs revendications. Désormais, la mobilisation des travailleurs·euses doit prendre de l’ampleur à travers la multiplication d’actions partout où c’est possible.

La manifestation des électros à Lausanne le 12 juin prochain s’inscrit dans cette logique. Souhaitons que cette mobilisation réussisse et en appelle d’autres dès l’automne, dans le canton de Vaud et ailleurs!

Clément Sureau


L’USIE

Association patronale faîtière, représentant environ 2000 entreprises de l’installation électrique et des communications qui emploient environ 40 000 travailleurs. L’Association vaudoise des installateurs-électriciens (ACVIE) est la section cantonale de l’organisation.


Manifestation
Ma 12 juin
17 h 30 Place de la Riponne
Lausanne