Lausanne, capitale internationale des jeunes grévistes pour le climat

Plus de 400 militant·e·s du mouvement FridaysForFuture se sont rassemblé·e·s du 5 au 9 août à Lausanne pour esquisser les lignes d’avenir de la lutte climatique et environnementale des jeunes grévistes en Europe et au-delà…

Durant la semaine du 5 au 9 août, 430 militant·e·s du mouvement international Fridays For Future (FFF) se sont réuni·e·s en terre vaudoise pour participer au Summer Meeting in Lausanne Europe (SMILE). Organisée principalement par une équipe de la Grève du Climat Vaud (antenne vaudoise de FFF), cette première réunion internationale était l’occasion pour les jeunes grévistes de partager leurs expériences militantes, créer des liens, etc., d’autre part, de définir certaines valeurs et principes, buts stratégiques et revendications communes.

En plus des trois plénières stratégiques, de nombreuses activités telles que des ateliers pratiques, des conférences et, surtout, soixante open forums ont eu lieu avec des thématiques aussi diverses que la décroissance, le Green New Deal, capitalisme versus anticapitalisme, art/culture et militantisme, l’anxiété climatique, etc. En parallèle, plusieurs groupes de travail (média, organisation, revendication, etc.) se sont activement auto-organisés et adaptés aux vicissitudes de la semaine.

De nombreux points positifs à relever.

Premièrement, le SMILE a suscité une effervescence médiatique internationale, principalement en raison de la participation de Greta Thunberg, ce qui a permis de remettre l’enjeu climatique et environnementale à l’agenda politique mondial, tout en défendant, souvent, des positions radicales. Ce contexte a notamment permis à la Grève du Climat Vaud d’interpeller les conseiller·ère·s d’État vaudois·e·s par une lettre ouverte après la publication de leur deuxième version du Plan Climat, leur rappelant qu’il est plus que jamais temps de dépasser les seules déclarations symboliques.

Deuxièmement, la Lausanne Climate Declaration a été écrite, peaufinée et publiée en fin de semaine, après avoir recueilli et intégré les critiques, inquiétudes et remarques de chaque participant·e. Cette charte non-contrainte contient, en plus d’une déclaration d’intention, trois revendications motrices:

  1. Maintenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels ;
  2. Assurer la justice climatique et sociale ;
  3. Écoutez la meilleure science actuellement disponible.

On y retrouve également plusieurs valeurs et principes, d’autres revendications plus concrètes pouvant servir de base de travail à certaines régions ou pays et une ébauche de structure internationale. Au-delà de ces résultats formels, cette semaine aura non seulement permis de créer un réseau international durable entre les militant·e·s, mais aussi entre tou·te·s les participant·e·s, soit entre des militant·e·s, des scientifiques, des artistes, des médias, etc.

Enfin, l’expérience engrangée par certain·e·s militant·e·s de la Grève du Climat dans l’organisation et/ou la participation au SMILE sera certainement décisive pour permettre aux antennes régionales et suisses de survivre à l’été tragique pour les mouvements sociaux.

Des divergences demeurent

Cependant, quelques points négatifs et contradictions internes méritent d’être soulevés. En premier lieu, certaines thématiques ont suscité de vives discussions et engendré des tensions entre certain·e·s militant·e·s, par exemple sur la question de la non–violence et des actions directes, la confiance ou non envers le système économique et politique actuel.

En deuxième lieu, si certains pays comme la Suisse ont mobilisé activement leurs savoirs théoriques et pratiques en raison de leur progression fulgurante ces derniers mois, d’autres pays qui ne sont qu’à la genèse de leur auto–organisation se sont, pour certains, sentis contraints et essoufflés par le rythme de travail et la structure générale proposée au SMILE.

Certaines de ces divergences ont notamment débouché sur des tensions relativement importantes lors d’une plénière, faisant éclater au grand jour des réalités et perspectives très différentes suivant les pays et les individualités, qu’il a ensuite fallu prendre en compte dans les décisions finales.

Toutefois, ces légères critiques ne doivent en aucun cas remettre en doute la grande réussite de cet événement historique, perceptible dans les chants et slogans de la manifestation de clôture du vendredi 9 août, soit la perspective internationaliste du mouvement des jeunes grévistes pour le climat.

Steven Tamburini