Écône veut agrandir son antenne vaudoise

Le mois de septembre a été agité à Essertes, village d’environ 370 habitant·e·s. La raison: l’établissement d’une école confessionnelle pour 60 enfants dans une ancienne ferme au centre du village.

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Écône prévoit d’y rénover un bâtiment afin de faire passer sa capacité d’accueil à 300 personnes, soit à peu près la population du village. En plus de poser des questions d’ordre logistique, l’école dérange de par la nature même de son projet.

Écône, de son vrai nom la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie XI, a été fondée en réaction au concile Vatican II, considéré comme une des modestes concessions de l’Église catholique au monde moderne. À Écône, on donne encore la messe en latin. Et, malgré les démentis pathétiques de la Municipalité, la Fraternité nous informe dans un communiqué publié sur son site web que les messes seront aussi données à Essertes.

Les Éconards assurent que seul·e·s les catholiques seront sauvé·e·s lors de l’Apocalypse, donc qu’il n’y pas de salut dans les « fausses religions ». Surtout, ils enseignent aux femmes qu’elles « doivent se montrer aptes à tous les actes qui rendent le foyer aimable et attrayant » et que leurs hommes doivent « conquérir les qualités qui donneront à la femme le sentiment qu’elle peut s’abandonner avec confiance ».

Les membres de ce groupuscule sectaire avaient aussi fait parler d’eux·elles en mai 2017, quand ils·elles s’étaient distingué·e·s par leurs prières hebdomadaires dans la chapelle du CHUV, censées « réparer les crimes de l’avortement ». Pas besoin de fouiller loin pour s’apercevoir que l’on a affaire à l’un des bastions réactionnaires les plus actifs du pays.

Il est d’ailleurs très drôle de voir la Fraternité se lamenter de leurs difficultés actuelles à emprunter de l’argent pour les travaux. « On ne peut évidemment pas introduire la divine Providence dans un tableau Excel », dit-elle sur son site. Le coût de 3 millions et le plan de financement divin de l’école doivent refroidir les investisseurs les plus téméraires.

Malgré cela et l’opposition organisée par une association déjà forte de 100 membres, soit presque le tiers des habitant·e·s, les travaux ont commencé. On ne peut que déplorer la sortie d’autant d’enfants du système d’éducation public au profit d’enseignements aussi obscurantistes. Le Temps alertait déjà en 2011 sur le fait que les enfants d’Écône ne parviennent que rarement à raccrocher au programme éducatif de l’État. C’est en ce sens que nous avons déposé une question au Grand Conseil, invitant le gouvernement à contrôler la stricte application du cadre légal qui prévoit que l’État s’assure que l’instruction promulguée dans l’enseignement privé soit au moins équivalente à celle dispensée par les écoles publiques.

Marc Leemann