L’appauvrissement n’est pas une fatalité!

Après le succès relatif de la manifestation pour le pouvoir d’achat, comment obtenir des succès concrets face au patronat ?

Des manifestants avec des pancartes contre la hausse des primes maladie
Manifestation pour le pouvoir d’achat, Berne, 16 septembre 2023

À première vue, la vague protestataire semble encore insuffisante pour que les organisations patronales et les parlements cantonaux accordent la demande de l’USS d’une hausse générale de 5% des salaires pour toutes et tous au 1er janvier 2024.

Face aux arguments et refus patronaux et bourgeois, la démonstration du samedi 16 septembre ne suffira pas à changer le rapport de force. Les adversaires du salaire minimum sont surtout les partisan·ne·s du salaire maximum pour les cadres et les actionnaires.

Peut-on encore considérer comme « partenaires sociaux » les associations qui méprisent ainsi la majorité des salarié·e·s et se moquent de leurs difficultés financières ? Pierre-Gabriel Bieri, du Centre patronal, écrit que la baisse des salaires réels «fait partie des aléas de la vie économique», et qu’« on ne peut pas exiger [des entreprises] des efforts excessifs uniquement pour maintenir le pouvoir d’achat de la population ». Derrière la façade du « partenariat » se cachent la cupidité et le mépris de classe.

Pour la nôtre, l’inflation des prix, les hausses des loyers et les cotisations des assurances, ont augmenté la précarité, en particulier chez les femmes et les personnes âgées. Cette situation fait la une des médias, mais les mandataires de la classe dirigeante y opposent, dans un haussement d’épaules, le maintien paradigmatique de la «compétitivité». 

Si nous voulons un partage plus équitable des richesses, alors il va falloir aller les chercher en dehors du cadre imposé par la «paix du travail».

Il apparaît donc nécessaire de continuer une mobilisation active et massive sur les adaptations salariales à l’échelle des branches, des entreprises et des entités publiques. Cela signifie qu’il ne faut pas attendre tranquillement que les « négociations » avec les associations patronales et les exécutifs politiques se déroulent dans le secret et le silence.

Attendre que les résultats de ces tractations tombent en fin d’année pour réagir, c’est s’exposer à une défaite. Il sera trop tard pour réagir et la résignation risque de s’être installée. 

Le plus vite possible, des assemblées doivent être organisées par les syndicats, ouvertes aussi aux non-membres, pour discuter et décider de la suite du combat pour les salaires. Dans certaines régions, des pétitions ont déjà été lancées pour demander aux autorités des hausses réelles des salaires. Cela peut constituer un premier pas, mais cela peut ne pas suffire. Des rassemblements et des manifestations sont aussi à préparer, afin de donner une dynamique de lutte aux revendications et les porter publiquement.

Enfin, dans un esprit d’anticipation, des préavis de grève doivent aussi être envisagés, pour marquer la détermination à donner une issue victorieuse et pouvoir construire un rapport de force suffisant.

La victoire syndicale à l’aéroport de Genève pourrait servir de modèle. Devant l’inflexibilité de la direction, un mouvement de grève large, bien préparé et organisé, a permis de faire plier un employeur qui faisait la sourde oreille. Face à l’arrogance et au mépris social, les actes doivent maintenant suivre les mots.

José Sanchez