De la Mad Pride à l’émancipation pour notre psyché

Le 7 octobre, à l’appel de différentes associations de patient·e·s et de professionnel·le·s de la santé mentale, 1000 personnes ont défilé lors de la Mad Pride pour déstigmatiser les maladies psychiques.

Une manifestante de la Mad Pride 2023 à Lausanne
«Peut-être que c’est ce monde qui est fou». Mad Pride 2023 à Lausanne

Il est impératif de placer la question de la santé mentale au cœur de notre société. En 2023, selon l’assurance CSS, 32% de la population suisse estiment avoir une santé mentale médiocre, voire insatisfaisante. Selon l’Office de la statistique suisse, 55 825 jeunes âgé·e·s de 10 à 24 ans ont eu recours à au moins une prestation ambulatoire en psychiatrie en 2021. Une augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente. 

Cette problématique est certes socio-économique, mais elle est également intrinsèquement politique, car elle touche l’organisation de la vie commune. Plutôt que de nous en tenir à une vision quelque peu archaïque de l’antipsychiatrie, nous devrions plaider en faveur d’une véritable écologie – l’écologie étant une science qui étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur environnement. Nous devons instaurer une véritable écologie sociale, environnementale et mentale.

Dans une conception réellement intersectionnelle, tout ce qui nous compose dans notre société, de l’urbanisme à nos institutions, influe sur nos subjectivités. La manière dont nous organisons notre vie engendre une certaine qualité de subjectivité et, par conséquent, de santé mentale

Malheureusement, le capitalisme produit les subjectivités de la même manière qu’il produit des chaussures: massivement et en série. Pour briser cette logique et édifier une véritable politique du vivre-ensemble, nous devons apporter des changements matériels concrets.

Néanmoins, il y aura toujours des individus qui souffrent, et ces souffrances devront être prises en compte au sein d’institutions encadrées par des professionnel·le·s. Ces cadres ne doivent pas être limités aux troubles, mais ouverts à la société. Offrir aux personnes en difficulté un lieu pour se ressourcer est primordial. Car lorsqu’il y a un trouble, la personne en souffrance peine à se connecter avec les autres, à faire monde. Pour faire monde il faut reprendre des capacités d’autodétermination.

Donnons-nous les moyens de bâtir une société qui favorise des subjectivités singulières et qui n’abandonne personne sur le bord de la route.

Pierre Patelli