Logements à loyer modéré à Lausanne : le verre aux trois-quarts vide

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En 2005, la Municipalité de Lausanne a lancé son projet de construction de 3000 nouveaux logements. Ceux-ci devaient être répartis entre un tiers de logements subventionnés à loyer modéré, un tiers à loyer contrôlé (à prix coûtant) et le dernier tiers relevant du « marché libre ».

Depuis le lancement de ce projet, la croissance démographique de la Ville de Lausanne, plus de 1 % par année, s’est poursuivie et la pénurie de logements à loyer abordable est toujours aussi forte. De plus, les loyers des nouveaux logements sur le « marché libre » – de même que le prix des appartements à vendre – continuent de prendre l’ascenseur. La marge de manœuvre de la commune est certes limitée par la législation (inexistence d’un droit d’expropriation des terrains thésaurisés par les propriétaires et d’un prix du m2 contrôlé), ainsi que par le fait que pour le canton et la plupart des communes de la région, la mise à disposition de logements à loyer modéré n’est pas une priorité. Néanmoins, la Ville de Lausanne n’a pas encore exploité toutes les possibilités, alors que l’urgence de la situation impose de nouvelles mesures afin d’augmenter le nombre de logements à loyer modéré.

Pour une véritable planification des logements d’utilité publique

Le récent dépôt d’un postulat par le conseiller communal Pierre-Yves Oppikofer (La Gauche – POP-­solidaritéS) visant à instaurer une véritable planification des logements d’utilité publique va dans ce sens. Selon son auteur, «la situation lausannoise est caractérisée par une sévère pénurie de logement: le taux de vacance oscille entre 0,05% et 0,1% depuis de nombreuses années (…)» et «(…) une rareté croissante de logements à loyer abordable se fait cruellement sentir pour une très forte proportion de la population lausannoise. Le loyer des appartements de 3 pièces mis en location s’élève de manière prépondérante au minimum à 2500 francs. Pour les appartements de 4 pièces, il faut pouvoir débourser entre 2600 à 3000 francs pas mois pour avoir la moindre chance de conclure un contrat de bail. (…) Pour faire face à cette situation, la Ville a adopté le concept des 3 tiers: promouvoir 1/3 de logements subventionnés, 1/3 de logements contrôlés et 1/3 de logements en marché libre. (…) Or, (…) la mise à disposition des nouveaux logements est toujours en retard par rapport aux besoins, notamment s’agissant des appartements à loyer modéré.

» Ce retard est encore accentué si la proportion de logements à loyer modéré (subventionnés et contrôlés) ne correspond pas à la structure des revenus dont disposent les ha­bi­tant·e·s à la recherche d’un appartement.

» Or, la moitié de habitant·e·s de Lausanne dispose d’un revenu imposable inférieur à 60000 francs et un quart d’entre eux d’un revenu imposable de moins de 35188 francs. L’Office fédéral du logement considère que la charge locative (loyer charges) ne doit pas dépasser 25% du revenu disponible. (…)En conséquence, les nouveaux logements mis en location doivent correspondre au moins à la structure des revenus lausannois.

» (…) il faut prévoir un nombre suffisant de nouveaux appartements pour que la moitié des contribuables lausannois – 31000 contribuables – s’acquittent au maximum d’un loyer situer entre 600 et 2050 francs.

» (…) Avec les constructions prévues, elle (la Ville) disposera d’environ 4000 logements subventionnés supplémentaires d’ici une dizaine d’années (total 11700 sur un total prévisible de 82000). Compte tenu de la structure de revenus, il faudrait au moins un quart d’appartements subventionnés, soit 20000 logements à loyer modéré en tout. Afin d’atteindre cette quantité, il convient de prévoir qu’au moins la moitié des nouveaux logements soit de type subventionnés ( 6000 pour arriver à un total de 13700 logements subventionnés). Au lieu de prévoir une répartition de 1/3 1/3 1/3, il convient de prévoir une répartition de ½ ¼ ¼. (…) »

L’objet de ce postulat est donc de demander à la Municipalité (…)

L’établissement des besoins en matière de logement en fonction de la structure des revenus des contribuables lausannois et de son évolution.

La planification de la construction des logements d’utilité publique en fonction de la structure des revenus des contribuables lausannois et de son évolution.

 Jorge Lemos