Les employeurs n’ont pas froid aux yeux

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Malgré des températures glaciales, aggravées par la bise ces derniers jours, certains employeurs du bâtiment dans le canton de Vaud ont contraint leurs salariés à travailler en plein air, au mépris de leur sécurité et de leur santé.

Sur le chantier d’Implenia de la rue Haldimand à Yverdon, les rafales de vent ont déclenché à plusieurs reprises les alarmes des grues, comme ont pu le constater des syndicalistes d’Unia. Pourtant, le chantier n’a pas été interrompu, et les travaux de bétonnages se sont poursuivis par – 5° C. Alors que, comme le souligne un grutier cité par le journal 24 Heures, «conduire une grue avec des rafales entre 70 km/h et 90 km/h, comme vendredi, c’est très dangereux. Lacharge peut tomber sur les ouvriers situés au-dessous.» 

De même, le chantier d’Implenia dans le quartier lausannois de la Sallaz s’est poursuivi vendredi 6 février, par une température de – 6 °C, ou – 13° C en température ressentie. Un ouvrier cité par le quotidien vaudois souligne que pour le découpage des fers à béton, il est obligatoire de travailler à mains nues : «Avec le froid, les crevasses saignent», ajoute-t-il. Des conditions de travail inadmissibles qui ne semblent pas préoccuper la direction d’Implenia : un employé de ce chantier a même été licencié, selon ce journal, parce qu’il demandait un arrêt de travail en raison des températures glaciales.

La direction d’Implenia affiche une seule obsession : ne pas prendre de retard dans les travaux qui lui sont confiés, afin d’éviter de payer des pénalités à ses clients, quitte pour cela à faire travailler ses employés par tous les temps. De manière plus générale, cet épisode met en lumière les lacunes béantes de la Convention collective de travail, à la veille de sa renégociation le mois prochain. Dans ce cadre, le syndicat Unia demande que les critères permettant d’interrompre un chantier y soient précisés, comme c’est le cas dans d’autres pays, par exemple l’Autriche. Une demande refusée par la Fédération vaudoise des entrepreneurs, qui place sa confiance dans le « bon sens » des chefs de chantier. Le syndicat propose aussi la création d’un « fonds intempéries » pour couvrir les deux jours de carence à la charge des employeurs, avant que n’intervienne l’assurance-intempéries. Ce fonds devrait aussi couvrir les 20 % de salaire non indemnisés. Le syndicat demande enfin que les procédures d’adjudication prévoient des jours chômés pour mauvais temps, permettant de repousser d’autant les délais à respecter.

Hadrien Buclin