Le PS s’engage… à contre-courant du mouvement social
Le Collectif contre la spéculation sur les matières premières, organisateur du contre-sommet du 18 avril à Lausanne, comme de la manif du 21 avril sur le sujet, a adopté lors d’une récente assemblée une position claire de refus de la réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) que cherche à imposer le Conseil fédéral.
Dans sa résolution à ce sujet, le Collectif souligne que : «…la RIE III prévoit d’offrir une série impressionnante de cadeaux fiscaux aux propriétaires et actionnaires de toutes les sociétés établies en Suisse. Le principal d’entre eux prévoit de diminuer, dans de nombreux cantons, de 30 %, 40 %, voire jusqu’à 60 %, l’imposition des profits de toutes les entreprises. Cette série de cadeaux va faire baisser les recettes fiscales d’au moins 5 milliards de francs par an à l’échelle nationale et donc provoquer des déficits gigantesques dans les comptes communaux, cantonaux et fédéraux. Qui va payer ? Le gros de la population ! Parce qu’il y aura de brutaux plans d’austérité accompagnés du démantèlement des prestations sociales et de la privatisation des services publics…»
Cette position a indisposé le PS, initialement membre du Collectif contre la spéculation. En effet, on le sait, les autorités vaudoises, notamment Maillard du PS et le PLR Broulis, se sont entendus pour aller vite en transformant leur canton en « bélier » pour ouvrir la porte à l’acceptation de ladite loi fédérale. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la réforme fiscale vaudoise dont le Grand Conseil débattra cet automne. La bataille référendaire vaudoise qui se prépare aujourd’hui et qui sera menée dans la foulée s’annonce donc décisive au plan national.
On comprend ainsi pourquoi le conseiller national PS Carlo Sommaruga et le député socialiste vaudois Samuel Benhadan ont pris position publiquement vendredi dernier, lors d’une conférence de presse du Collectif devant le siège de la multinationale Vale, pour se distancer du deal Maillard-Broulis en évoquant selon 24 Heures « les emplois qu’il permettra de préserver ». Avant cette prise de position publique, le secrétariat du PS vaudois avait déjà communiqué que, comme l’an dernier, ils se dissociaient d’une manif qu’il n’était selon eux pas « opportun d’organiser » en évoquant, au passage, le soutien du PSV à la RIE III. 24 Heures, évoquant cette affaire, titrait « La lutte se retourne contre les socialistes »… il serait sans doute plus juste de dire que les socialistes tournent le dos en la matière à la lutte pour la justice fiscale et sociale.
Pierre Vanek