STop à l'impunité policère !

Face au racisme structurel et la violence des interventions de la police lausannoise, les promesses de la Municipalité sont insuffisantes. Ensemble à gauche Lausanne demande un tournant radical en matière de sécurité publique et des engagements formels.
Alors que nous sommes toutes et tous encore sous le choc de l’annonce d’un deuxième décès en quelques semaines d’un adolescent tentant d’échapper à un contrôle de police à Lausanne, la Municipalité annoncé publiquement avoir pris connaissance d’une enquête du Ministère public faisant état de l’existence groupes de discussion raciste, antisémite, sexiste et discriminatoire au sein de la police lausannoise. La Municipalité se dit « profondément heurtée et scandalisée ». Nous sommes pour notre part outrés et révoltés que la Municipalité de Lausanne semble découvrir des problématiques qu’EàG Lausanne dénonce depuis plus de 10 ans sans que la moindre réforme ait été entreprise.
Depuis pas moins de deux législatures en effet, nous dénonçons des dérives graves et évidentes au sein de la police lausannoise, témoignages et études à l’appui : racisme structurel, violence endémique, culture de l’impunité, mécompréhension des violences faites aux femmes et aux minorités de genre. Depuis plus de 10 ans, la Municipalité, pourtant dit à majorité de “gauche”, a non seulement fermé les yeux sur ces pratiques, mais elle a directement contribué à leur développement, en faisant du renforcement de la police, des ses effectifs et de son budget une priorité de son programme de législature, sans exiger en parallèle la moindre réforme de fond pour endiguer ces phénomènes.
Malgré une mobilisation constante de la société civile ainsi que de collectifs militants, il aura fallu six décès en lien avec des interventions de la police lausannoise, dont trois en 2025 (Lamin Fatty, 2017 ; Mike Ben Peter, 2018 ; Michael Kenechukwu Ekemezie, 2025 ; Camila, 2025 ; Marvin, 2025) ainsi qu’une enquête du Ministère public pour que la Municipalité daigne reconnaître dans son communiqué la nécessité d’une « réforme en profondeur de la culture du travail », sans que la nature de cette réforme soit dévoilée, ni le caractère systémique des problèmes de racisme et de violence au sein de la police soient pleinement reconnus.
Nous ne voyons dans les annonces municipales que des promesses vagues de réflexion sans engagement aucun pour des mesures concrètes et fortes. EàG appelle à un tournant radical en matière de sécurité publique, dans le but de la rendre plus humaine, à l’écoute de sa population et moins susceptible de discriminations. Nous rappelons que pour de nombreuses missions publiques, l’intervention policière n’est pas toujours recommandée ni souhaitable. Dans le cadre de missions touchant à des conflits de voisinage, d’utilisation de l’espace public ou même dans celui de la politique de la drogue, les ressources actuellement à disposition de la police seraient mieux investis dans des dispositifs faisant appel à la médiation ou à des équipes de travailleurs sociaux qui sont bien moins susceptibles de générer des escalades. S’agissant des mesures concrètes à prendre dans l’immédiat, EàG appelle la Municipalité à mettre en œuvre dans les meilleures délais les nombreuses initiatives que le groupe a déposé au cours des dernières années pour corriger certains biais structurels évidents, dont notamment :
- la création d’une instance indépendante pour le dépôt de plaintes (2009)
- l’instauration d’un reçu à l’occasion de chaque interpellation de police (2014)
- une formation des policiers et policières conforme aux besoins de la ville (2018)
- l’Interdiction du plaquage ventral (2022)
- la suspensions immédiates des policiers concernés dans des affaires graves (2025)
- le transfert des affaires graves ayant trait à la police à des Ministères publics d’autres cantons (2025)
Conscient que ces mesures ne sont que des étapes nécessaires, mais encore insuffisantes à une politique de sécurité publique humaine et non-discriminatoire, nous poursuivrons notre combat et tenons à témoigner une nouvelles fois nos condoléances à toutes les victimes récentes d’interventions policières et à leurs proches.