Omerta autour du racisme et du sexisme systÉmique de la police

Samedi 30 août 2025, la presse a révélé que des cas de maltraitance et de comportements racistes et sexistes au sein des polices lausannoise et vaudoise avaient déjà été portées à la connaissance des autorités cantonales et municipales en 2019. Les élu-e-x-s Ensemble à Gauche Lausanne, ainsi que les député-e-s Ensemble à Gauche au Grand Conseil, dénoncent un climat d’omerta entretenu par les autorités exécutives, qui porte une très lourde responsabilité sur le développement d’un racisme et d’un sexisme systémiques au sein des corps de police.

Les révélations de ce week-end ont montré que les gouvernements vaudois et lausannois, ainsi que les commissions de gestion du Grand conseil et du Conseil communal, ont eu à connaître, en 2019, les éléments d’un rapport accablant sur l’Académie de police de Savatan, faisant état de violences graves sur des aspirant-e-s, de comportements racistes et sexistes et d’un climat ultra-autoritaire sévissant dans ces lieux et dans les corps de police. A l’exception de la Commission de gestion lausannoise, ces éléments n’ont pas été pris au sérieux par les autorités récipiendaires du rapport.

Or, en entreprenant, dans un premier temps, des démarches pour éclairer la situation, la Commission de gestion du Conseil communal a eu à connaître également la désormais tristement célèbre photo d’un agent posant fièrement, pouce levé, devant un graffiti rendant hommage à Mike Ben Peters, décédé par suite d’une violente intervention de police. Ces éléments ont alors poussé la commission à décider de rendre toutes ces pièces publiques en déposant une interpellation urgente au Conseil communal, à l’initiative de notre élu Pierre Conscience, alors membre de ladite commission.

Mais, tel que révélé dans la presse, la Présidente d’alors de la COGES lausannoise s’est ravisée et s’en est suivi l’audition du Municipal Pierre-Antoine Hildbrand (PLR) qui, plutôt que de prendre au sérieux ces alertes, a enjoint la commission à cesser toute démarche, prétendant qu’elle outrepasserait ses compétences. De même, les éléments rapportés semblent révéler que la Conseillère d’Etat Béatrice Métraux (Les Vert-e-s) n’avait, elle non plus, pas considéré sérieusement ces témoignages. Pourtant, une simple audition de la source aurait permis de faire remonter toute une série des éléments que nous découvrons aujourd’hui, et qui prouvent le caractère systémique des violences et des discriminations, racistes et sexistes notamment, qui structurent les institutions policières lausannoise et vaudoise, comme nous le dénonçons depuis plus de 10 ans.

Il s’agit donc d’une faute politique et morale de la plus haute gravité. Et si la majorité des membres de la COGES lausannoise a fauté en renonçant à interpeller, ce sont bien les hiérarchies des corps de police et, plus encore, les autorités exécutives qui, les premières, auraient dû réagir et prendre au sérieux au sérieux la source du rapport sur Savatan.

Les autorités exécutives municipales et cantonales, tout au moins celles et ceux de leurs membres qui ont eu à connaître ces informations, portent ainsi une très lourde responsabilité dans la poursuite, si ce n’est l’aggravation de la situation telle qu’elle a été révélée lundi 25 août 2025 dans la presse et, par conséquent, dans les nombreux cas de violences policières à caractère raciste qui sont survenus ces dernières années.

Dès lors, nous revendiquons :

  • Que toute la lumière soit faite sur les conditions dans lesquelles les autorités exécutives ont eu à connaître des faits de maltraitances ou de violences racistes ou sexistes au sein des polices vaudoise et lausannoise. EàG Vaud n’exclue à ce stade pas de demander ou soutenir l’ouverture d’une Commission d’enquête parlementaire au Grand conseil, visant à investiguer sur ces violences et les conditions dans lesquelles elles ont été portées à la connaissance des autorités.
  • L’ouverture d’enquêtes indépendantes, au sein des polices lausannoise et vaudoise, pour identifier, suspendre et sanctionner les acteur-trices de ces violences racistes et sexistes.
  • La mise sur pieds d’un organe indépendant pour recevoir et instruire les plaintes contre des policiers-ères, ainsi que l’instauration d’un reçu à la suite de chaque interpellation, pour prévenir et documenter les abus.
  • Le gel des budgets et des postes dans les corps de police, tant qu’une enquête indépendante approfondie et des réformes en profondeur n’auront pas été opérées, garantissant un meilleur contrôle de l’action policière.
  • Que les procédures judiciaires impliquant-e-s des agent-e-s de police soient systématiquement confiées à des organes indépendants de l’institution policière, au contraire du Ministère public cantonal. Ceci à commencer par les affaires liées aux décès survenus à la suite d’interventions policières.

Nos élu-e-s porteront ces revendications lors des prochaines séances du Grand conseil et du Conseil communal.