Non à des tours de bureau en béton à côté de la gare !
Le projet Rasude est une verrue anti-écologique et antisociale au cœur de Lausanne!
Le quartier de la Rasude est la zone formée par le triangle entre la gare, le croisement de l’Avenue de la Gare et celle d’Ouchy, et la Migros du Closelet.
Le projet immobilier de la Rasude est le fruit d’une collaboration entre le groupe immobilier Mobimo (pripriétaire du Flon, notamment) et les CFF, fondateurs de la société de développement de projet Rasude S.A., qui porte le projet de réaménagement immobilier du quartier, ainsi que la Ville de Lausanne.
Ce quartier était autrefois traversé d’une rue passante qui, longeant les rails par le Nord, permettant de rejoindre directement le Closelet. Ce projet prévoit la réouverture de la zone au public. C’est l’un des aspects positifs du projet. Mais il n’y en a pas vraiment d’autres… et de nombreux·ses habitant·es, principalement organisé·es autour de l’association Périrasude, conteste ce projet immobilier.
Pourtant, la transformation de la Rasude constitue une formidable opportunité de créer un nœud de quartier vivant des côtés nord et est de la gare, en développant des logements accessibles et des activités de quartier, et en construisant de façon écologique et durable. Mais le projet actuel consiste principalement en l’ouverture d’une nouvelle zone commerciale et de bureaux, reléguant la problématique de l’accès au logement au centre-ville au second plan.
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Service de l’urbanisme
Direction de la culture et du développement urbain
Rue du Port-Franc 18 – 2e étage
Case postale 5354
1001 Lausanne
Des logements comme peau de chagrin
En premier lieu, il y a matière à questionner la part de logements prévue dans ce projet: seulement 20%. Alors que le taux de vacance reste historiquement bas (0,56% pour le district au 1er juin 2022), des constructions visant à densifier le secteur devraient en priorité viser à développer de nouveaux logements tout en veillant à les protéger des nuisances induites par leur situation dans ce quartier. Il faudrait en particulier construire des logements à loyers subventionnés, modérés ou abordables au plus grand nombre, puisqu’il s’agit bien de ce type de logements qui sont les plus difficiles à trouver aujourd’hui.
Le projet proposé est donc en décalage complet avec les difficultés de logement vécues par les habitant·exs.
Priorité au «développement économique», ou comment servir la soupe au patronat et aux spéculateurs
En réponse à cette objection sur le manque de logements, la Municipalité rétorque, par la voix de son Syndic dans un article de presse paru le 24 mai 2023: «nous adoptons une approche différenciée du territoire, entre des sites dédiés à des activités économiques tertiaires (Rasude, Beaulieu) ou secondaires (Sévelin Sébeillon, Vernand) et des quartiers principalement destinés au logement (Plaines du Loup, Près-de-Vidy, Boveresses)». De là à dire qu’il s’agit de continuer à construire les logements en périphérie et de réserver le développement du centre-ville aux activités économiques, il n’y a qu’un pas.
Aujourd’hui, la Rasude s’inscrit dans un secteur de la Ville déjà très actif sur le plan économique, des services et des loisirs et, s’il est heureux que de nouveaux locaux commerciaux, associatifs, culturels ou de loisirs puissent y voir le jour, il apparaîtrait prioritaire d’y construire en majorité des logements accessibles à toutes et tous. Ce d’autant que la rénovation de la gare promet déjà d’intensifier considérablement la quantité de commerces et de services dans le quartier.
De plus, s’il s’agit de renforcer le taux d’emplois par habitant·es à Lausanne, il faut souligner que les logements comme les places de travail créés risquent fortement de ne pas être majoritairement occupé·es par des Lausannois·es, puisque la situation du quartier va probablement attirer des entreprises et des salarié·es de toute la Suisse, accroissant dans le même temps la pression sur le réseau ferroviaire romand, et la mobilité liée au travail. Une thèse confirmée par l’urbaniste Jérôme Chenal, interrogé dans les mêmes colonnes que le Syndic.
Aussi, l’activité économique ne se crée pas, comme par magie, du seul fait de la construction de nouveaux locaux. On ne peut pas dire qu’un espace construit est directement inducteur d’activité nouvelle, en particulier sur le long terme. Or, les surfaces de bureau sont celles qui plaisent le plus aux promoteurs, notamment parce que ce sont celles qui se vendent le plus cher au mètre carré, qui nécessitent le moins d’infrastructures et qui changent très facilement de mains. Ce projet va ainsi de produire de la spéculation immobilière, notamment si certains locaux se retrouvent inoccupés, plutôt que de favoriser la construction de logements à loyers subventionnés, modérés ou abordables, qui contribuerait à enrayer la dynamique spéculative.
Une verrue de béton dans le paysage
Par ailleurs, la hauteur du projet immobilier fait également débat. Avec 20 étages et 54 mètres au maximum, les structures dépassent de quelques dix étages les limites fixées par le Plan général d’affectation et risquent bien de transformer radicalement l’apparence du secteur, avec des conséquences non négligeables pour les riverains, ainsi que sur la qualité de vie du quartier, en matière d’ensoleillement et de chaleur, notamment.
Il apparaît pourtant que des moyens existent de densifier la zone sans pour autant construire des immeubles d’une pareille hauteur, hauteur qui peut sembler sortie d’un autre âge architectural, pour un centre-ville comme Lausanne et dans une période où beaucoup souhaitent limiter ce type de structures jugées envahissantes. Même si elle devait s’élever passablement plus haut encore que le projet Rasude, les promoteurs·ices du projet «Tour Taoua» s’en souviennent!
Toujours sur la thématique de la dimension anachronique de ce projet, il convient également de souligner qu’il entendrait donner la part belle au béton pour ses constructions. Or, même s’il est envisagé de conserver et d’utiliser une partie des structures préexistantes, notamment s’agissant des fondations, ce qui peut être salué, le choix de ce matériau reste une aberration, compte-tenu des effets écologiques désastreux qu’il génère à chaque étape de sa chaine de production (à l’extraction, à la pose, sur la durée de vie, sur l’après-vie du matériau) et dont c’est un euphémisme de dire que son bilan carbone ne répond pas aux impératifs environnementaux de notre époque.
Une végétalisation en trompe-l’œil
Enfin, également sur le plan écologique, les promoteurs du projet et la Municipalité se félicitent d’une végétalisation du site qui devrait impliquer la plantation de 80 arbres majeurs. Ce serait un point positif du projet, à condition que cette revégétalisation se fasse en pleine terre. Or, malgré de magnifiques modélisations du projet, il n’y aura pas de pleine terre dans ce projet, puisque des immeubles, sous-sols et parkings prendront la très grande majorité du site.
Si on en juge par le décalage entre les maquettes et les réalisations de projets immobiliers récents, il y a matière à suspicion. Pour ne prendre que cet exemple, les premières maquettes du Musée cantonal des Beaux Arts (MCBA) laissaient miroiter un entourage de verdure sur toute la partie nord du site. On voit ce qu’il en est aujourd’hui: un site bétonné, inadapté aux enjeux écologiques et incompatible avec l’objectif de limiter les nuisances liées au réchauffement climatique…
Ainsi, cette «végétalisation» ne permettra pas de compenser les effets délétères liés à la construction de structures en béton favorisant l’émergence d’un ilôt de chaleur. Ilôt qui risque d’être renforcé par ce développement prioritaire de bureaux, surtout si ceux-ci devaient être climatisés.
Pour toutes ces raisons, on peine à voir dans quelle mesure un tel projet pourrait s’intégrer dans la politique prévue par le Plan climat de la ville de Lausanne.
Un chèque en blanc
Formellement, la Municipalité ne soumet au vote du Conseil communal qu’une modification du Plan d’affectation, pour autoriser à construire plus haut dans cette zone et obtenir un certain nombre de dérogations à des normes liées à la proximité de la gare. Dès lors, un projet nous est vendu pour accepter cette modification, mais on pourrait très bien se retrouver, au final, avec un projet pire encore, puisque ce vote ne contraint en rien les propriétaires du terrain à ensuite respecter les grandes lignes du projet actuel.
EN RESMUE
- Un terrain cédé à prix bradé au secteur privé, à qui on offre un Plan d’affectation sur mesure.
- Une énorme tour de 20 étages + d’autres surélévations des bâtiments existants, avec les effets d’ombre portée sur les riverains et le voisinage.
- Une aberration écologique et un nouvel ilôt de chaleur, avec des arbres en caution verte.
- Des logements en insuffisance et peu accessibles pour le plus grand nombre.
- Un développement de l’emploi inadapté et à contester.
- De nouvelles places de parking et une augmentation massive de la circulation routière autour de la gare.
- Des années chantiers monumentaux à subir encore, en plus de la rénovation actuelle du bâtiment de la gare.
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