Davantage de logements abordables
Le 9 février prochain, les citoyen·ne·s suisses sont appelé·e·s à se prononcer sur l’initiative de l’ASLOCA qui propose d’inscrire dans la Constitution des éléments indispensables pour mener une réelle politique sociale du logement en Suisse. Une initiative nécessaire dans un contexte de hausse continue du prix des loyers.
Depuis 2005, le prix des loyers a augmenté de plus de 18 % tandis que le coût de la vie n’a lui progressé que de 5 % et que les salaires stagnent, voire diminuent. Le loyer est de loin la plus grande dépense d’un ménage. Mais cette hausse constante des loyers, tant en ville qu’en agglomération, n’est de loin pas une fatalité puisqu’elle puise ses origines dans la logique spéculative des propriétaires. La faible rentabilité des marchés boursiers et obligataires associée à une disponibilité massive de liquidités sur les marchés financiers a fait des logements un bien de premier choix pour les investisseurs·euses qui cherchent les rendements maximums. Dans un immeuble de rendement au centre-ville, un·e locataire verse chaque année en moyenne plus de trois mois de loyer en plus du prix réel du logement. Cette tendance se renforce et tout porte à croire qu’elle se maintiendra.
Des logements au juste prix
L’initiative entend s’attaquer à ce problème en exigeant que 10 % des nouvelles constructions sur le territoire suisse soit des logements d’utilité publique (LUP). Les LUP sont gérés par des organismes qui ne cherchent pas à réaliser des rendements et qui donc louent leurs logements au prix réel. En moyenne, un LUP de trois pièces est 16,5 % moins cher que le prix du marché. En inscrivant cette obligation dans la constitution, l’initiative renforcerait de manière significative la création de logements abordables qui ne composent actuellement que 5 % du parc immobilier.
Vers une politique de contrôle du territoire
Pourtant, le point le plus important de cette initiative se situe sans doute dans la possibilité pour les cantons d’introduire un droit de préemption afin de favoriser la construction de LUP. Le droit de préemption, c’est la possibilité pour la collectivité d’avoir la priorité lorsque des terrains ou des biens immobiliers sont mis en vente. L’introduction de ce droit permettrait de développer une véritable politique d’acquisition du foncier par les collectivités. En d’autres termes, cela ouvre une possibilité pour nos cantons et communes de collectiviser une partie du territoire et donc de socialiser la question du logement. Ceci constituerait un premier pas vers un contrôle démocratique accru du logement et permettrait de réellement combattre la spéculation en sortant les terrains et les immeubles du marché. Alors le 9 février votons oui à l’initiative de l’ASLOCA !
Diego Valtin