Barbouzerie d'état à la sauce vaudoise

Conseil d’État vaudois

L’affaire a défrayé la chronique jusque dans la presse internationale : activement soutenue par la ministre socialiste de la santé Rebecca Ruiz, le Conseil d’État vaudois a fait voter au pas de charge, dans le cadre du débat sur le budget, une mise en œuvre a maxima de la législation fédérale pour la surveillance des assuré·e·s, entrée en vigueur l’an dernier au niveau fédéral. En clair, les assureurs privés pourront engager des barbouzes qui, moyennant l’accord d’un juge, se chargeront de faire des enregistrements vidéo ou de dissimuler un traceur dans la veste ou sous la voiture d’un·e assuré·e suspecté·e de fraude.

Votée sans réel débat au Grand conseil et avec le soutien de plusieurs élu·e·s socialistes, ce dispositif est en décalage complet avec les enjeux financiers concernés : sur un total de 400 millions d’aides distribuées, les statistiques officielles estiment à quelques 11 millions le montant suspecté d’être indument touché. Un montant dérisoire qui, de toute évidence, n’équivaut même pas au dixième du montant de la fraude fiscale dans le canton de Vaud. Malheureusement, ces montants ne sont pas connus.

Plus encore, ce renforcement porte une atteinte grave au droit à la vie privée et à la préservation de la personnalité de tout un chacun. Il promet les pires abus à l’encontre d’une population déjà vulnérable et précaire.

À l’inverse de tous les autres groupes du Grand conseil, les élus d’Ensemble à Gauche se sont opposés unanimement et systématiquement à ce projet. Il apparaît donc nécessaire de continuer à exercer, par tous les moyens, des pressions sur les milieux d’assurances et les autorités cantonales et fédérales. Vu la campagne de stigmatisation permanente menée par les grands médias et les milieux bourgeois contre les « fraudeurs à l’aide sociale », la bataille risque d’être encore longue.


Pierre Conscience