Il faut indexer pleinement la fonction publique… et la déclaration fiscale de Valérie Dittli
« L’affaire Dittli » sonne comme la piètre reprise de l’affaire Broulis. Bref retour sur ce mauvais feuilleton, dont l’épisode final annoncera, espérons-le, l’adaptation du cadre juridique.
Ouverture. Le 3 mars, les Vaudois·e·x·s apprenaient que leur conseillère d’État aux finances, Valérie Dittli, n’avait jamais payé d’impôts dans le canton.
Épisode un : les Vaudois·e·x·s apprennent que Dittli a brièvement déménagé son domicile fiscal dans le canton pour se présenter aux élections municipales, puis s’est rapatriée à Zoug aussitôt après son échec, avant de revenir pour les élections cantonales.
Épisode deux : Dittli se donne à tort le titre de docteur en droit.
Épisode trois : Dittli a enfreint les statuts de son propre parti, qu’elle avait elle-même co-rédigés et sur la base desquels elle sanctionne d’autres membres.
Épisode quatre : le Conseil d’État accepte de mandater une expertise fiscale indépendante, mais Valérie Dittli mandate son propre fiscaliste qui va la défendre dans le Blick. Bref, Valérie Dittli paie son carriérisme, son opportunisme et la légèreté avec laquelle elle considère l’impôt auquel les Vaudois·e·x·s sont soumis·e·x·s.
Ce qui choque, et à juste titre, c’est que celle qui a pratiqué un tourisme fiscal défende aujourd’hui un budget austéritaire pour le canton de Vaud (canton assis, pour rappel, sur 5 milliards de fortune) et participe à un Conseil d’État qui entend réduire les salaires réels des travailleur·euse·x·s de la fonction publique et parapublique avec l’indexation la plus basse de tous les autres cantons de Suisse romande. Avec 1,4 % d’indexation alors que l’inflation a atteint 5,6 % depuis janvier 2021, le Conseil d’État fait perdre 4,2 % de salaire aux fonctionnaires.
Question subsidiaire : qu’attendent donc les deux conseillères d’État socialistes et le conseiller d’État Vert pour rompre la collégialité, dénoncer publiquement Valérie Dittli, tout comme l’indexation à 1,4 % ? Les Vert·e·s et le PS ont accepté un budget de droite. Mais entre-temps, la fonction publique s’est massivement mobilisée contre la dégradation de son niveau de vie. Et maintenant l’affaire Dittli. Que leur faut-il de plus ?
Face à cette absence de prise de position quant au tourisme fiscal de la ministre des Finances, Ensemble à Gauche Vaud a demandé une expertise fiscale indépendante. Si l’expert mandaté constate que Mme Dittli a agi «dans les règles légales et jurisprudentielles», la question politique demeure: peut-on se présenter à l’élection au gouvernement de son canton de résidence secondaire?
Notre coalition a également proposé une modification de la loi sur les droits politiques qui imposerait d’être domicilié·e fiscalement depuis au moins 3 mois pour se présenter aux élections. Après la « Lex Ted Robert », la « Lex Dittli ».
Guillaume Matthey