Pénurie de logements à loyer modéré: Le conseil d'etat mis sous pression par la réalité
Pénurie de logements à loyer modéré: Le
conseil d’etat mis sous pression par la réalité
Pour les habitants du canton, la
recherche dun appartement est un vrai parcours du combattant
tant la pénurie de logements est patente.
Comme le souligne lASLOCA, « le taux de logements
vacants atteint 0,5 %. (
) Pour la 11ème
année consécutive, ce taux est inférieur à
1,5 %, valeur admise comme signe dun marché du
logement équilibré. » Prenant enfin
conscience que cette pénurie va encore saggraver au vu de
la croissance démographique, le Conseil dEtat sest
risqué à avancer lidée de se doter des
instruments légaux lui permettant de lutter contre la
thésaurisation du sol. Il sagirait de donner un droit
demption à lEtat lui permettant de contraindre les
propriétaires de terrains constructibles à les lui vendre
si aucun immeuble nest édifié après un
certain nombre dannées. Mais il nest pas certain
que cette timide mesure ne devienne réalité au vu de
lopposition de principe de la droite et des milieux immobiliers,
défenseurs absolus de la propriété privée.
Il en faut plus
Ce premier pas mal assuré du Conseil dEtat devrait
être accompagné dau moins trois autres. Il
conviendrait de mettre sur pied sous légide de
lEtat des pôles de création de logement, en
particulier à loyer modéré. De même que les
parcs technologiques soutenus par le Conseil dEtat comprennent
la mise en uvre de toute un série dinfrastructures
pour les entreprises qui sy installent, les pôles de
création de logement devraient inclure la réalisation des
infrastructures indispensables aux zones dhabitation
(écoles, garderies, centres danimations, transports
publics, etc.)
Le canton devrait satteler ensuite à
la mise en place dune véritable politique
dagglomération. Il sagirait de favoriser le
développement des pôles de création de logements en
y associant les communes concernées. Cela impliquerait la mise
sur pied dun fonds cantonal de développement des
agglomérations.
La loi cantonale concernant la démolition, la
transformation et la rénovation de maisons dhabitation,
ainsi que lutilisation de logements à dautres fins
que lhabitation (LDTR) devrait être appliquée de
manière beaucoup plus rigoureuse afin déviter les
rénovations dappartements bon marché les
transformant en appartement de haut standing pour un loyer 2 ou 3 fois
plus élevé, les anciens locataires se retrouvant à
la rue.
La mise en place de ces mesures implique que
lEtat joue simultanément un rôle moteur dans la
construction de logements sous sa propre initiative en mettant en place
un véritable service cantonal de construction de logements, en
partenariat avec des coopératives de construction. LEtat
devrait aussi tout faire pour conserver son patrimoine
dimmeubles dhabitation, et surtout se donner les moyens
dacquérir des terrains destinés à la
construction.
Dans ce contexte, on ne peut que saluer le lancement de
linitiative populaire de lASLOCA Vaud et encourager la
récolte de signatures. Pour lASLOCA, il sagit
dinstaurer un droit demption des terrains constructibles
par le collectivités publiques : « Ce droit
permettrait aux autorités dacquérir des terrains
dans le but de concrétiser divers projets immobiliers du canton
si les propriétaires légaux ne construisent pas dans les
délais impartis. En dautres termes, lexpropriation
des individus par lEtat deviendrait
légale ». Linitiative demande au canton
et aux communes de consacrer annuellement une contribution identique
pour la réalisation de logements à loyer
modéré. Cela devra permettre de mettre chaque
année sur le marché environ 300 nouveaux logements
supplémentaires à loyer modéré. Enfin,
linitiative stipule que les terrains nécessaires à
la réalisation de logements bon marché puissent
être acquis, en dernier recours, par voie dexpropriation.
Pierre-Yves Oppikofer