Ni nucléaire, ni gaz à effet de serre! L'énergie est notre affaire

Ni nucléaire, ni gaz à effet de serre! L’énergie est notre affaire

La question de l’énergie,
de sa production, de sa distribution et de son utilisation est au
cœur du fonctionnement de notre société, de la
façon dont elle produit et distribue ses richesses et organise
les relations entre ses membres et avec le milieu naturel. Les choix
énergétiques sont évidemment la conséquence
du type de rapports et d’intérêts contradictoires
qu’instaure le système économique dans lequel nous
vivons.



Les multiples crises qui ébranlent l’environnement depuis
des décennies ont pris une dimension planétaire. Leurs
conséquences sont d’une telle gravité
qu’elles mettent actuellement en péril l’existence
de centaines de millions d’êtres humains, dont les plus
exposés vivent au Sud. Les secteurs les plus opprimés des
sociétés humaines – les femmes, les enfants, les
pauvres et les peuples autochtones des pays du Sud – sont aussi
les plus touchés par tous les bouleversements que le capitalisme
fait subir à la nature. Ils sont aussi les moins responsables de
ces dégâts.

    Le réchauffement climatique résultant
des activités humaines, les accidents nucléaires à
répétition comme à Sellafield, Windscale, Mayak,
Tchernobyl et Fukushima, les accumulations des déchets
impossibles à gérer, la croissance exponentielle de la
pollution de l’air dans les villes, de l’eau potable et de
l’environnement en général, sont parmi les effets
les plus dévastateurs sur notre environnement, mais aussi sur
notre qualité de vie et sur notre santé. Ces
réalités ne sont niées que par ceux qui tirent un
profit privé de ces activités : le
réchauffement climatique, par l’industrie du
pétrole, les risques mortels liés au nucléaire par
les nucléocrates, etc.

Tous les clignotants sont au rouge

Fonte des glaces polaires, multiplication des événements
climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, vagues de
chaleur, ouragans, etc.), destruction de la couche d’ozone,
disparition des forêts tropicales, réduction de la
biodiversité, extinction de milliers d’espèces,
épuisement des sols, désertification de régions
entières, accaparement des terres des petits paysans et des
peuples autochtones, raréfaction des ressources naturelles
(épuisement du pétrole vers 2050 et de la plupart des
métaux avant la fin de ce siècle), pollution de la
nourriture, aggravation des famines, etc. : la liste ne fait que
s’allonger. Tels sont les résultats de la course folle au
profit, de la logique productiviste et consumériste du
capitalisme et du type de développement industriel que
connaît aujourd’hui toute la planète : cela
nous conduit à un désastre écologique et social
aux proportions incalculables, qui a déjà
entraîné des guerres dévastatrices et rend
probables des guerres pour le contrôle de ce qui reste. Et il
n’y a heureusement pas de plan B pour le maintien de ce mode de
production prédateur. 

Le capitalisme a besoin de la croissance, mais nous ?

Le capitaliste, guidé par la seule recherche d’un maximum
de profits à partir de ses capitaux, ne considère que le
court terme et ses propres intérêts pour prendre ses
décisions d’investissement. Le bien-être et la
santé des populations, de même que la stabilité
à long terme de la nature n’entrent pas dans ses calculs.
Il ne cherche qu’à vendre le plus de marchandises au plus
grand nombre, quand il ne spécule pas en bourse.

    Au-delà des mesures cosmétiques, les
timides réformes entreprises ont été une suite
d’échecs lamentables, montrant une incapacité
foncière à répondre à l’urgence de la
situation. Le soi-­disant « développement
durable » n’offre pas non plus de plan B. Aucun des
objectifs définis en 1987 (Rapport Brundtland) n’a
été atteint. Les tentatives d’un
développement (une autre façon d’appeler la
croissance) sans augmentation des dégâts
écologiques ont toutes échoué. Et ce n’est
pas en changeant d’étiquette avec le
« capitalisme vert » que tout ira mieux.

    Le nucléaire n’est en aucune mesure une
solution de rechange acceptable : de par les risques qu’il
comporte, la question insoluble des déchets radiotoxiques
qu’il engendre, lesquels s’accumulent sans cesse, les
dégâts écologiques et sociaux dont il est
responsable, et le type de société opaque et autoritaire,
voire militaire qu’il encourage. Ce n’est pas une solution
crédible non plus : il faudrait construire 80 centrales
par an pendant 40 ans, et passer de 400 à 3600 centrales
sur toute la planète pour remplacer complètement les
énergies fossiles ! Ce qui serait non seulement criminel,
mais heureusement totalement impossible.

Satisfaire les besoins humains

Il n’y a pas un projet alternatif clef en main, mais une chose
est sûre : il doit répondre aux besoins de base et
aux nécessités du plus grand nombre, en particulier de
toutes celles et tous ceux qui connaissent la précarité
et la pauvreté, sans oublier les générations
futures. Nous devons donc le construire ensemble, comme nous devons
réinventer et redéfinir nos biens communs pour les
préserver ensemble. C’est à partir de nos luttes
pour la défense de l’environnement et de la justice
sociale, au Sud comme au Nord, que ce projet prendra forme, par exemple
la bataille pour la souveraineté alimentaire,
c’est-à-dire pour une politique agricole qui mette le
bien-être des travailleurs et des consommateurs des produits de
la terre au centre de ses préoccupations.

Quelle alternative en Suisse ?

Le développement de régions au service prioritaire des
multinationales, comme le projet d’agglomération
genevoise, est inacceptable. Il ne peut pas satisfaire les besoins de
base de leurs habitant·e·s : logements suffisants
et bon marché, transports publics attractifs (gratuits dans les
villes), aménagements pour la mobilité douce ou pour des
activités sociales.

    Nous devons de façon urgente prendre des
mesures concrètes, mettre en place un nouveau système
énergétique décentralisé, respectueux des
êtres humains et de la nature, afin de répondre aux
recommandations du GIEC (Groupe intergouvernemental sur
l’évolution du climat) pour faire face aux changements
climatiques. Un nouveau modèle de production, de consommation et
de distribution est indispensable pour promouvoir une Suisse solidaire
avec les peuples du Sud, pour une Suisse sans nucléaire qui
réduise aussi massivement ses émissions de gaz à
effet de serre. L’un de nos objectifs prioritaires doit
être de fermer rapidement (et non d’ici 25 ou 30 ans) les
centrales nucléaires existantes (et les plus dangereuses –
Beznau et Mühleberg – tout de suite). C’est
possible : 80 % des centrales sont aujourd’hui
fermées au Japon, et ce pays n’est pas retourné
à l’âge de pierre.

Groupe écosocialiste de solidaritéS
Genève




Le groupe écosocialiste de
solidaritéS a été créé pour
débattre ensemble de toutes ces questions et surtout pour agir.
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