S'opposer aux fermetures des raffineries à Cressier et en Europe?
L’entreprise suisse Petroplus – active dans le raffinage de pétrole brut – a annoncé des fermetures « temporaires », « partielles » et des baisses d’activité de ses raffineries européennes.
L’entreprise explique cette situation par un refus des banques (notamment le Crédit Suisse et l’UBS) de lui prêter 1 million de francs suisses destinés notamment à l’achat de pétrole brut. A la différence des grands groupes pétroliers mieux connus du grand public et actifs pratiquement de l’extraction du pétrole jusqu’à la vente des produits finis, Petroplus n’est pas active en amont dans la filière pétrolière (extraction et acheminement) et dépend donc entièrement de ses achats de brut pour faire fonctionner ses raffineries.
Une mobilisation syndicale
Nous ne sommes pas en mesure de juger de la bonne foi de Petroplus ou de connaître la teneur des discussions qu’elle mène avec les banques. Nous n’avons pas non plus de véritables moyens de faire pression sur les banques pour les encourager à octroyer les prêts ! A Neuchâtel, le syndicat Unia a certes demandé au gouvernement cantonal de faire pression sur le Crédit Suisse et l’UBS, mais on voit mal ces banques céder face à un exécutif cantonal.
Stop au dumping social et environnemental
En effet, il faut bien se rendre compte que si les raffineries européennes de Petroplus venaient à fermer pour de bon cela ne serait en aucun cas dû à une baisse de la consommation de pétrole dans nos pays. Les produits raffinés toujours consommés seraient donc produits ailleurs, dans des pays où les conditions des salarié·e·s sont moins bonnes et où les normes environnementales et de sécurité sont moins contraignantes. En plus de s’opposer à des licenciements, il s’agit donc de s’opposer à des délocalisations directes (si Petroplus poursuit son activité hors d’Europe) ou indirectes (si ce sont d’autres entreprises qui reprennent les parts de marché abandonnées par l’entreprise suisse).
Les moyens existent pour agir sur ce système mondialisé, les syndicats français travaillent par exemple à l’heure actuelle pour mettre sur pied une loi instaurant une taxe sur les produits pétroliers raffinés importés en Europe. Une telle taxe permettrait de diminuer l’intérêt économique des délocalisations du raffinage et de lutter ainsi contre ce dumping social et environnemental. Les mêmes syndicats mènent par ailleurs des actions de blocages sur les sites où arrivent ces produits importés afin d’augmenter la visibilité de leur démarche. A Neuchâtel et en Suisse, la solution est également à chercher de ce côté, en lien avec les syndicats et les employé·e·s des autres pays touchés par cette tendance à la délocalisation du raffinage ou d’autres industries.
Aurélien Petzold