2 x NON à la loi militaire
2 x NON à la loi militaire
Le 10 juin prochain, suite à deux référendums lancés par le GSsA et une partie de la gauche dune part, et par lASIN et lUDC dautre part, le peuple sera appelé à se prononcer sur la révision de la loi militaire. Loin de se limiter à la simple autodéfense des soldats à létranger, cette révision participe de la nouvelle stratégie de politique de sécurité des autorités fédérales.
La révision de la loi militaire se compose de deux volets. Lun porte sur la coopération en matière dinstruction1. Il sagit dentériner et de donner une base légale à la coopération en matière dinstruction avec des armées étrangères. Des exercices et des échanges dofficiers ont déjà lieu dans le cadre du partenariat pour la paix (PpP) conclu avec lOTAN. Le département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) et le Conseil fédéral auront toute latitude pour conclure des accords en la matière. Lautre volet est trompeusement intitulé «armement». Il permet lenvoi de troupes suisses armées à létranger, que ce soit dans le cadre dinterventions de maintien mais aussi dimposition de la paix. Larmement est réglé au cas par cas, par le Conseil fédéral, selon son bon plaisir. Les actions de combat sont exclues.
Le GSsA et un pool dorganisations pacifistes avaient posé trois conditions à remplir pour les missions militaires à létranger: larmement devait être limité à lautodéfense, seules les interventions de maintien de la paix devaient être possibles, uniquement sous mandat de lOSCE ou de lONU. Seule la dernière condition, la moins importante, a été remplie.
Les interventions de maintien de la paix nécessitent laccord des parties en conflit, ce qui nest pas le cas pour les missions dimposition de la paix. LONU a décrété des opérations de ce type, comme la Guerre du Golfe. Des avions suisses pourraient être envoyés en reconnaissance sur des théâtres de guerre. Rien ne garantit que les troupes suisses ne seront pas impliquées involontairement dans des combats.
Intégration dans lEurope militaire
La nouvelle loi sinscrit dans la politique fédérale de sécurité. Larmée nest aujourdhui plus crédible et plus grand monde ne croit à la stratégie du réduit. Les plus grandes menaces ne sont pas militaires, mais écologiques et économiques. La Suisse veut participer à la défense de la prospérité des pays riches de lUE et de lOTAN. LEurope se barricade contre les afflux de réfugiés, en fermant ses frontières extérieures et en intervenant dans les conflits à ses portes pour éviter les migrations massives. En Suisse, larmée cherche à se rendre indispensable pour laide en cas de catastrophe, pour la défense de lordre intérieur (protection des bâtiments diplomatiques, forum de Davos), pour lorganisation de manifestations majeures (Expo.02, fête des Vignerons…) et pour la surveillance des frontières. Face à cela, nous devons promouvoir une politique civile et active, axée sur la réduction des inégalités et de linjustice, causes majeure de conflits.
La tendance amorcée par la majeure partie du PS se confirme. Il sest rallié aux positions militaristes, à lexception notable de sections romandes et des jeunesses socialistes. En ce point, le PS ne sécarte guère de ses frères européens à la tête de nombreux gouvernements.
Les extrêmes se rejoignent?
La campagne nest pas encore à son apogée, mais la presse ne manquera pas de souligner lalliance contre nature entre ASIN et GSsA. Pourtant, le GSsA et ses alliés ont fait un effort considérable pour récolter plus de 60000 signatures, autant que lASIN, nombre largement suffisant pour faire aboutir un référendum à lui seul. Pourtant, les arguments ne sont pas les mêmes. Pour la droite, la Suisse na pas à se mêler à des conflits qui ne la regardent pas. Limagerie véhiculée dans leur campagne est celle de la mort. En outre, les interventions à létranger seraient anticonstitutionnelles, et la présence de militaires étrangers sur notre sol un risque.2 On voit que certains mythes du réduit ont la vie dure et que «larmée de papa» a encore quelques partisans. Certains arguments pourraient même passer pour pacifistes: Laction civile conduit à la paix, les interventions armées à la violence. Cependant, lUDC, il y a peu, proposait de réduire de 400 millions laide au développement.
Pour terminer, soulignons deux aspects très importants de cette campagne. Sur le plan international, elle tient un discours anticapitaliste qui promeut des solutions civiles aux conflits et une alternative non marchande. Sur le plan intérieur, au contraire de la démission de la gauche «responsable», elle ne laisse pas le terrain aux isolationnistes de tout poil, dont le discours sécuritaire et antisocial est de plus en plus inquiétant et gagne du terrain.
Voir le site gssa.ch pour davantage dinformations.
- Ce volet na été attaqué par référendum que par la droite extrême. Néanmoins, le GSsA et les forces qui ont soutenu le référendum dont solidaritéS ont décidé de combattre les deux volets de la loi, mais en se concentrant sur le principal enjeu.
- Voir le site www.loimilitaire-non.ch et le discours de lAlbisgüetli de Blocher (blocher.ch).