Harcèlement à l'Université de Lausanne... encore un procès


Harcelèment sexuel à l’Université de Lausanne… encore un procès


Après 3 ans de lutte. Justice a été rendue aux quatre Bad Girls, à la grande satisfaction de leur comité de soutien et de toutes les nombreuses personnes qui ont défendu leur cause. Mais tout n’est pas fini…

Marina Decarro

L’important mouvement de soutien qui s’est crée en faveur des quatre inculpées membres du groupe féministe «Bad Girls Go Everywhere» a porté ses fruits. Le 2 mars, quatre jours avant la date du procès, le professeur a retiré la plainte qu’il avait déposé pour calomnie et diffamation1. Malgré cela, le procès devait avoir lieu car l’une des inculpées était accusée de tentative de contrainte, un délit poursuivi d’office. Le 6 mars la vacuité des accusations portées est apparue évidente pour le nombreux public venu soutenir les quatre féministes et le verdict rendu le 7 mars a en effet prononcé l’acquittement et critiqué la longueur de la procédure.


Le procès de l’assistante
est fixé au 24 septembre


L’affaire des quatre BGGE est heureusement terminée. Elle a mis en évidence le poids menaçant du pouvoir judiciaire actionné par un professeur contre les quatre jeunes femmes, étudiantes ou assistantes à l’université.


Or, de son côté, l’assistante qui avait déposé la plainte contre ce professeur en 1997 est inculpée, à son tour, de calomnie, diffamation, dénonciation calomnieuse, etc. et pour faire bon poids on lui demande 120.000 frs de dommages et intérêts. Le procès est fixé au 24 septembre.


Comme il arrive souvent dans ce genre d’affaires, on constate que non seulement la justice n’a pas reconnu le harcèlement sexuel mais qu’en plus, la plaignante se retrouve en position d’accusée, suite aux plaintes déposées contre elle par le professeur.


Création du Comité
de soutien


Un comité composé de quelques personnes à titre individuel s’est constitué pour épauler la jeune femme et a commencé le 8 mars dernier à diffuser et faire signer une lettre de soutien. Ce comité est en voie d’élargissement à d’autres personnes ainsi qu’à des organisations, associations, etc..


Au début du mois d’avril, une bonne nouvelle est arrivée : le professeur vient de retirer sa plainte et sa demande de dommages et intérêts. Malgré ce retrait, le procès aura lieu car certains délits sont poursuivis d’office, mais on peut estimer que les menaces qui pèsent sur l’assistante sont un peu moins lourdes.


Cette jeune femme vit depuis quelques années une expérience qu’il est difficile d’imaginer. Elle s’est plainte à l’université et a déposé une plainte pénale, mais le harcèlement sexuel n’a pas été reconnu et elle se retrouve inculpée devant les tribunaux. A la suite de cette affaire sa carrière professionnelle et sa vie personnelle ont été gravement altérées. On comprend pourquoi si peu de femmes se résolvent à se plaindre ouvertement de harcèlement sexuel, convaincues des difficultés auxquelles elles s’exposeraient. A quoi sert de proclamer que le harcèlement sexuel est interdit si dans la pratique les autorités n’ont pas la volonté d’appliquer la politique décidée?


Campagne pour l’acquittement


Comme pour les Bad Girls, le comité de soutien mènera campagne pour obtenir l’acquittement de l’assistante, mais au delà de ce cas précis, il est indispensable et urgent que l’université de Lausanne adopte enfin une procédure adaptée et que la police et les juges acquièrent systématiquement une formation approfondie concernant le harcèlement sexuel et la loi sur l’égalité.


Une déclaration signée par les deux parties a fait l’ objet d’un communiqué de presse des quatre Bad Girls diffusé le 3 mars, l’initiative de la négociation ayant été prise par l’avocat du professeur.