L'Autre Davos
Franc succès du forum anticapitaliste
Depuis une vingtaine d’années, la réunion du World Economic Forum (WEF) à Davos s’accompagne d’un contre-sommet critiquant les conséquences du grand marché capitaliste. Cet événement est l’un des rares en Suisse à fournir un espace de réflexion pour une alternative anticapitaliste. Retour sur le franc succès de l’édition 2020.
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La forte répression et l’interdiction des manifestations à Davos avaient provoqué un recul de ce mouvement, mais le contre-forum continuait d’être animé. Cette année, ce sont plus de 1000 personnes qui ont participé aux ateliers et aux plénières. C’est la plus forte participation à l’Autre Davos depuis 15 ans et cela en fait à ce jour le plus grand rendez-vous anticapitaliste en Suisse.
Cette réussite reflète le travail de construction mené par les organisatrices·eurs, le Mouvement pour le Socialisme – actif principalement en Suisse alémanique et au Tessin – dans un contexte politique plus favorable à une critique radicale du système en Suisse depuis 2019. L’émergence de mobilisations écologistes et féministes de masse dans le paysage politique a mis en mouvement de nouvelles forces sociales et cela se ressent lors de tels événements. Cette situation nouvelle se reflétait également dans les thèmes abordés, les oratrices et orateurs convié·e·s et dans la composition du public.
La présence de camarades en provenance de dix pays différents témoignait également du large écho de l’événement et de l’intérêt partagé de mutualiser nos discussion et nos choix stratégiques au niveau international. Étaient également présent·e·s en nombre des militant·e·s de la Grève féministe et du climat, ainsi que du Strike WEF, mouvement alémanique opposé à la tenue du forum.
Les thématiques abordées reflétaient l’intérêt pour discuter de perspectives de changements profonds de société : conversion de l’industrie, questions relatives à la reproduction sociale, perspectives du mouvement climatique, théories sur l’écosocialisme et l’écoféminisme, etc. Il y a également eu la volonté d’aborder un certain nombres d’enjeux actuels de façon transversale. Par exemple, la réduction massive de l’utilisation de carburants fossiles nécessite une réflexion sur la reconversion de l’emploi, sur la réduction des objets produits avec leur dimension politique : propriété collective et coopérative, planification sociale et démocratique des besoins et de la production, élargissement de la démocratie et de la sphère de décision, respect de la nature et de la justice sociale.
Alors qu’hier, lors de tels événements, nous débattions de la mesure dans laquelle un autre monde est possible, il s’agit aujourd’hui de réfléchir aux moyens pour construire cet autre monde possible. La diversité de la participation (jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, membres ou non de diverses organisations anticapitalistes) a donné également tout son sens au terme « forum ». La capacité de débattre de sujets difficiles, sur une base pluraliste, voire contradictoire, est une des clés de la contestation anticapitaliste. Non seulement pour ne pas reproduire les errements du passé, mais parce que beaucoup de questions doivent déjà être abordées et ne peuvent être reportées à demain.
Ce fut en tout cas une grande réussite et des échanges importants pour les futures échéances des mouvements sociaux à l’échelle de la Suisse.
José Sanchez