Le travail invisible en affiches
L’ampleur du travail non rémunéré, effectué majoritairement par les femmes, demeure mal connue. Pour remédier à cette invisibilisation, un groupe de travail de la Grève féministe a réalisé une série d’affiches d’ores et déjà présentées dans différentes villes du canton comme Nyon, Renens, Vevey ou dernièrement Morges. D’autres sont à venir.
Du 27 décembre au 10 janvier, une vingtaine de posters sur le thème du travail non rémunéré ont été affichés au format mondial à Morges. Un groupe de travail du collectif vaudois de la Grève féministe les a élaborés et la Ville de Morges a offert les emplacements. Le 6 janvier, le groupe a tenu un stand au marché pour expliquer cette problématique et recevoir les remarques et les questions du public.
Le travail non rémunéré, c’est un apport gigantesque à la société. Le nombre d’heures de travail non rémunéré (9,2 milliards d’heures en 2016) dépasse largement le nombre d’heures de travail payé (7,8 milliards d’heures), comme le montre une des affiches. Selon l’Office fédéral de la statistique, plus du 90% de ces heures sont consacrées au travail domestique, familial et de soins. Le travail bénévole organisé dans les associations, fondations, clubs de sport, etc. représente moins de 2% du total.
En Suisse, hommes et femmes travaillent à peu près autant. Mais la répartition du travail rémunéré et non rémunéré est différente. Certes les hommes aussi assument une part du travail non rémunéré, mais globalement, les femmes y consacrent les 2/3 de leur temps de travail total. C’est la raison pour laquelle, au moment de la retraite, leurs rentes, en moyenne, sont inférieures d’un tiers à celles versées en moyenne aux hommes. Oui, parce qu’une affiliation au 2e pilier, par définition, n’est possible que pour les personnes exerçant une activité lucrative – encore faut-il que le salaire soit suffisamment élevé.
Selon le droit actuel, pour que les femmes perçoivent des prestations de vieillesse comparables à celles des hommes, il faudrait tout simplement qu’elles exercent, elles aussi, une activité lucrative à temps plein sans interruption de carrière. Mais qui se chargerait alors des tâches non rémunérées, jusqu’ici majoritairement assumées par les femmes?
On l’aura compris: toute tentative de réformer la prévoyance professionnelle dans le but de générer, pour les femmes, des rentes équivalentes à celles des hommes est vouée à l’échec. C’est pourquoi il est si important de renforcer l’AVS, qui compense les différences de revenus dans le couple et qui tient compte du travail éducatif et de soins non rémunérés.
Pour le groupe de travail qui a lancé cette action, le but est d’informer le public sur l’importance économique et sociale du travail non rémunéré, au moyen de campagnes d’affichage et d’animations diverses. Des discussions sont en cours avec plusieurs municipalités du canton, afin d’y mener des actions similaires ces prochains mois.
Danielle Axelroud