Égalité salariale: 71 jours à travailler gratuitement

Lundi 21 octobre, à Neuchâtel et à Genève, des actions ont été menées par les collectifs pour la Grève féministe afin de revendiquer l’égalité salariale entre femmes et hommes. Cette date n’a pas été choisie par hasard.

Égalité salariale 

« Mesdames, prenez place… »

« Votre travail (sous-payé) est fait. D’ici au 31 décembre vous pourriez vous reposer tout en continuant à toucher votre salaire (au rabais). Ainsi, vous seriez à égalité avec les hommes, ou presque… Car encore faudrait-il qu’ils partagent avec vous toutes les tâches ménagères, culinaires et éducatives non rémunérées sans lesquelles rien ne fonctionnerait. ».

Le 21 octobre, le Collectif neuchâtelois pour la Grève féministe, le groupe femmes d’UNIA et le SSP région Neuchâtel ont installé 71 chaises et chaises-longues autour de la Fontaine de la Justice à Neuchâtel symbolisant les 71 jours durant lesquels les salariées travaillent en 2019 gratuitement, puisqu’à travail de valeur égale, elles touchent 20% de moins que leurs collègues masculins. Une centaine de femmes ont répondu à l’appel et ont pris place sur ces chaises pour déguster une soupe aux légumes.

« 1, 2, 3, 4,… 69, 70, 71 ». Les femmes ont compté à haute voix, mesurant ainsi l’ampleur du vol qu’elles subissent en toute illégalité une fois de plus. « Dans des secteurs comme la vente, l’hôtellerie, la coiffure, le nettoyage, les soins, 10 milliards de francs sont volés chaque année aux femmes », tonne Isabel Amian secrétaire syndicale Unia. Une perte aux lourdes conséquences rappelle Léa Ziegler, secrétaire syndicale SSP, en évoquant les rentes AVS misérables que touchent de très nombreuses femmes à la fin de leur parcours professionnel.

Des économies faites sur du travail non rémunéré

« Imaginez le temps qu’il nous faudrait pour dénombrer les 365 jours de travail gratuit domestique et d’éducation multiplié par le nombre d’années qu’une femme accomplit au cours de sa vie de mère et de grand-mère, et ils voudraient nous faire travailler un an de plus avant de nous accorder l’AVS? Selon l’Office fédéral de la statistique, ce sont 374 milliards par an qui sont ainsi économisés essentiellement sur le dos des femmes. Jamais nous n’accepterons qu’on nous augmente l’âge de la retraite! ». Le manifeste féministe et les 19 revendications sont connus ; les Neuchâteloises l’ont rappelé, elles ne lâchent rien!

Avant de retourner à leur travail, les femmes présentes ont applaudi et approuvé la proposition du Collectif neuchâtelois pour la Grève féministe: donner rendez-vous aux parlementaires fraîchement élu·e·s, entre deux sessions – quatre fois par année – pour évaluer leur travail. Et si rien ne bouge dans le sens attendu, les femmes se croiseront les bras pour de bon. En attendant, rendez-vous a été pris pour une manifestation nocturne le 23 novembre contre les violences faites aux femmes et pour le 2 février « 6 heures pour le changement », planifiés pour préparer la journée de mobilisation et de grève internationale du 8 mars 2020.

Marianne Ebel

ÉGALITÉ SALARIALE MAINTENANT!

Du côté de Genève, une action a été menée le matin du 21 octobre par le collectif genevois pour la Grève féministe, soutenu par les syndicats SIT, SSP et UNIA. Des lieux stratégiques ont été choisis pour des tractages et deux banderoles ont été accrochées ou brandies.

Comme à Neuchâtel, les écarts salariaux ont été rappelés. Une partie de la différence reste inexpliquée: 43% de l’écart salarial est de la discrimination pure et simple. Une femme professionnellement active en Suisse gagne en moyenne 657 francs de moins par mois simplement parce qu’elle est une femme.

L’inégalité salariale entre femmes et hommes est la conséquence d’une discrimination directe et l’expression d’une grande injustice sociale. La grève du 14 juin a montré que la patience des femmes est à bout.

Pour l’automne salarial, elles exigent:

  • Des analyses régulières des salaires et l’élimination de la discrimination salariale, aussi dans les entreprises de moins de 100 salarié·e·s.
  • Des sanctions pour les entreprises qui pratiquent la discrimination salariale.
  • Le relèvement des salaires à 23.- francs de l’heure, notamment dans les secteurs du commerce de détail, de l’économie domestique, de l’hôtellerie-restauration, du nettoyage et des soins, dans lesquels les femmes sont surreprésentées.

Le droit à l’égalité est bafoué! Depuis 23 ans la loi n’est pas appliquée. Nous exigeons nos droits et nos salaires!

Extrait du communiqué du collectif genevois pour la Grève féministe.