Le Parlement fonce dans le mur sur des autoroutes à 6 pistes: organisons la résistance!

Alors que nous sortons tout juste d’un été de tous les extrêmes et que la vulnérabilité de l’humanité aux impacts du cataclysme climatique n’a jamais été aussi claire, le Parlement fédéral appuie plein gaz sur l’accélérateur en approuvant ce matin 14 milliards (!) de crédits pour des autoroutes vers l’enfer climatique. solidaritéS soutiendra résolument le référendum national annoncé par actif-trafiC et l’ATE et soutient la revendication d’un arrêt de toute extension du réseau autoroutier en Suisse.

Communiqué de presse du 29.09.23

C’est donc pas moins de 14 milliards qui ont été votés ce matin pour les autoroutes par la majorité aux chambres fédérales: un coup de poignard dans une politique climatique suisse déjà honteusement faiblarde. 5,3 milliards iront donc pour de nouveaux projets d’élargissement (cinq projets différents) et 8,7 milliards pour l’entretien général du réseau. Ces montants semblent énormes? Ce n’est que l’apéritif. L’OFROU (Office Fédéral des Routes) a près de 35 milliards dans le pipeline pour des nouveaux projets dans la planification jusqu’en 2045.

Des milliards dilapidés pour élargir les bouchons

Que pourrait-on financer rien qu’avec les 5,3 milliards votés ce matin pour les nouveaux projets d’extension ou d’élargissement d’autoroutes? Rien de moins que 2 RER comme le CEVA à Genève (chaînon manquant qui a permis de boucler le Léman Express), 200 km de pistes cyclables et 4 lignes de tram!

D’un autre côté, à quoi serviront ces autoroutes? On peut déjà l’affirmer avec quasi-certitude: à rien, si ce n’est aggraver les embouteillages. Car toutes les études, toutes les observations et toutes les expériences le démontrent depuis des décennies dans le monde développé: toute augmentation de capacité routière entraîne un nouveau trafic qui engorge l’infrastructure quelques temps à peine après son inauguration. C’est le principe du «trafic induit», un concept bien connu des experts mais qui semble rester complètement étranger à l’OFROU et aux élu·es de droite aux chambres fédérales.

Des infrastructures zombies

Aujourd’hui, tous nos investissements devraient nous orienter dans le sens d’une transformation radicale vers la sobriété énergétique. L’Agence Internationale de l’Energie est formelle: pour garder une chance de rester sous les 1,5°C de réchauffement, plus une seule nouvelle infrastructure fossile ne doit être construite. Or, les autoroutes doivent être considérées comme des pipelines, gisements pétroliers ou usines au charbon: ce sont des infrastructures fossiles, car elles nous verrouillent dans une dépendance automobile par définition hyper-énergivore, aux antipodes de toute sobriété. Or, chacun sait que l’avenir de la mobilité n’est pas la voiture individuelle, quel que soit son mode de propulsion. Ces autoroutes seront autant d’infrastructures zombies: déjà obsolètes avant même d’avoir été mises en fonctionnement.

Luttes contre les autoroutes: ailleurs… et ici!

Alors que la mobilisation bat son plein en France contre les projets autoroutiers – plusieurs personnes sont toujours en ce moment en grève de la faim contre l’autoroute A69 Toulouse-Castres – et que le gouvernement français commence à céder en annonçant le renoncement à plusieurs projets routiers, nous devons faire monter la pression en Suisse contre ces projets gourmands en béton, destructeurs de terres agricoles et d’espaces naturels.

solidaritéS soutiendra donc le référendum national annoncé par actif-trafiC et l’ATE et appelle à créer une mobilisation large et unitaire contre ces projets, incluant le mouvement climat, le mouvement paysan, les habitant·es des régions concernées et plus largement l’ensemble de la population pour un large plan de sortie de la dépendance automobile.

Les candidat·es de solidaritéS engagé·es dans la campagne électorale pour les fédérales portent la revendication d’un arrêt immédiat de tous les projets autoroutiers en Suisse. Nous devons faire basculer les milliards prévus pour la route (sauf entretien indispensable) dans le développement des transports publics et la baisse de leurs tarifs, dans les infrastructures de mobilité active et dans un aménagement du territoire compact favorisant la proximité et limitant les déplacements inutiles.