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Imposer l’hégémonie par la guerre

Dénoncer les attaques de l’État colonial israélien et des États-Unis contre l’Iran ne signifie pas soutenir le régime brutal de Téhéran.

Drone israélien Hermes détruit par l’Iran, 23 juin 2025
Drone israélien Hermes détruit par l’Iran, 23 juin 2025

Les bombardements des forces armées étasu­niennes, dans la nuit du samedi 21 juin, contre trois sites nucléaires en Iran ont confirmé le rôle central de Washington dans l’escalade guerrière débutée le 13 juin par l’armée d’occupation israélienne. Celle-ci fait à l’heure où nous écrivons ces lignes l’objet d’un fragile cessez-le-feu. 

Plus de 860 civils ont perdu la vie en Iran. Ces attaques s’inscrivent dans la continuité des crimes israéliens: génocide à Gaza, colonisation toujours plus violente de la Cisjordanie et agressions répétées contre le Liban, la Syrie et le Yémen. Le soutien politique, militaire, technologique, économique et diplomatique de Washington, et d’autres États occidentaux a permis à Tel Aviv de poursuivre ses campagnes et actions mortifères et de bénéficier d’une impunité totale. 

Cette guerre contre l’Iran avait pour objectif de faire reculer le programme nucléaire iranien, d’obtenir encore davantage de concessions de ses dirigeants et, plus largement, d’affaiblir le régime Khamenei, dans le but de consolider l’hégémonie étasunienne et israélienne dans la région. En fin de compte, la déstabilisation du régime de Téhéran demeure limitée. 

Cette offensive contre l’Iran a également permis à l’État colonial israélien de redorer son image, qui semblait légèrement se ternir au sein des États occidentaux. Les principales puissances européennes, y compris la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, se sont empressées de reprendre la propagande israélienne de la «légitime défense». 

La palme du cynisme revient au nouveau chancelier allemand Merz, qui a salué publiquement «qu’Israël fait le sale boulot pour nous». Dans les médias dominants, le génocide à Gaza a laissé la place aux images des quelques bâtiments bombardés à Tel Aviv et aux réactions des habitant·es. 

À l’intérieur de l’État colonial israélien, cette nouvelle escalade guerrière a permis d’accroître la popularité du gouvernement du criminel et premier ministre Benjamin Netanyahu qui avait dû affronter une motion de censure d’une partie de l’opposition au parlement. L’«union sacrée» face à la «menace iranienne» a été un pari gagnant – pour l’instant. À bien des égards, l’attaque contre l’Iran avait également pour objectif, pour la présidence Trump, de détourner la population des contestations internes aux États-Unis, en s’appuyant sur l’hostilité historique contre le régime iranien.  

Loin de «libérer les classes populaires iraniennes», cette offensive meurtrière a d’ores et déjà conduit à un renforcement de la militarisation et de la sécurisation du régime autoritaire et réactionnaire iranien. Un régime qui, pour se maintenir au pouvoir, risque bien de déployer une politique encore plus répressive envers les classes populaires et toute forme de contestation politique et sociale. 

Rappelons que notre opposition aux attaques contre l’Iran ne doit pas nous empêcher de dénoncer les politiques répressives, autoritaires et réactionnaires de la République islamique d’Iran dans son pays, mais aussi dans la région.

Il n’y a pas de libération et d’émancipation sous les bombes étasuniennes et israéliennes. Au contraire elles menacent les luttes courageuses des progressistes et démocrates en Iran.

Joseph Daher